- De violents brasiers persistent en Espagne depuis douze jours déjà dans différentes provinces, notamment dans le nord-ouest.
- Trois personnes ont déjà perdu la vie, des blessés sont à déplorer et plus de 10.000 personnes ont dû être évacuées en urgence.
- Onze incendies sont classés en alerte 2 sur 4, poussant les autorités à solliciter l’aide européenne : la France a annoncé l’envoi de deux Canadair.
Le calvaire perdure depuis douze jours déjà, épuisant les pompiers comme les habitants. Sous une chaleur écrasante, l’Espagne est confrontée à des incendies d’ampleur (nouvelle fenêtre) qui ont déjà fait trois morts, et qui l’ont poussée à solliciter l’aide de l’Union européenne pour venir à bout des flammes. La France va envoyer deux Canadair pour prêter main forte, tandis que les brasiers ont obligé les autorités à évacuer 10.700 personnes depuis le début de cet épisode d’incendies, selon le ministère de l’Intérieur.
Signe de la violence du sinistre, le bilan des victimes des flammes s’est encore alourdi ce jeudi matin. Un volontaire, un homme de 36 ans, est décédé en tentant d’éteindre un feu de forêt dans la région de Castille-et-León, dans le nord-ouest de l’Espagne, l’une des zones qui concentrent les préoccupations des autorités. Le Premier ministre Pedro Sánchez s’est dit dans un message sur X « profondément touché » par ce décès, ajoutant que « la menace reste extrême » en Espagne (nouvelle fenêtre).
« Tous les moyens sont mis en œuvre », assure le Premier ministre
Mardi soir, un autre volontaire, âgé de 35 ans, mourrait également en luttant contre un incendie dans la région de León. Le matin même, un autre homme avait succombé à ses blessures, des suites de ses graves brûlures sur tout le corps, dans un feu de forêt à Tres Cantos cette fois, localité à 25 kilomètres du centre de Madrid. D’autres personnes ont été blessées dans cet incendie et se trouvent dans un état grave en raison de brûlures.
« Nous n’oublions pas les blessés ni les habitants qui souffrent des ravages du feu », a insisté le Premier ministre espagnol. « Tous les moyens du gouvernement sont mis en œuvre pour faire face à la situation difficile que traverse notre pays », a-t-il aussi appuyé, remerciant au passage les « héros » qui luttent contre les flammes.
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Au total, onze incendies sont classés au niveau 2 (sur 4) et celui de Zamora (en Castille-et-Léon), « où une superficie importante a brûlé (…) inquiète » beaucoup, a déclaré à la télévision publique le ministre espagnol de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska. L’alerte niveau 2 signifie un risque élevé d’incendie (nouvelle fenêtre) et implique un déploiement de personnel supplémentaire, notamment militaire, et d’équipements de lutte contre le feu.
Outre la Castille-et-Léon, la Galice (nord-ouest), la région de Valence (est) et l’Estrémadure (ouest) suscitent beaucoup d’inquiétudes, et une quinzaine d’axes routiers sont coupés, selon une carte de la Direction générale du Trafic (DGT). « Cette nuit, les pires pronostics se sont réalisés », a écrit sur X Abel Bautista, un responsable du gouvernement régional d’Extrémadure (ouest), plaçant désormais toute la région en alerte incendie 2 et demandant à la population la « prudence maximale » (nouvelle fenêtre). Les pompiers livrent une lutte acharnée sous des températures étouffantes, dépassant les 30°C dans une large partie du pays.
La France vient en aide pour une mission de « deux jours »
Face à l’urgence de la situation, le ministre Fernando Grande-Marlaska a réclamé à l’Union européenne deux Canadair. Son homologue français, Bruno Retailleau, a répondu à l’appel, annonçant l’envoi de deux de ces avions spécialisés dans la lutte contre les incendies (nouvelle fenêtre). Dans un message posté sur X, il a précisé que les avions décolleraient dans la matinée de la base de la Sécurité civile de Nîmes pour une mission prévue « pour durer deux jours ».
De son côté, l’Union européenne a affirmé jeudi travailler « sans relâche » pour venir en aide aux pays en proie à des incendies extrêmement violents, dont l’Espagne, via le mécanisme européen de protection civile. Bruxelles est responsable de coordonner l’aide entre les pays sur ce dossier : très concrètement, « les autres États membres offrent leur aide, et nous prenons en charge le coût de ces opérations », a expliqué une porte-parole de la Commission européenne, Eva Hrncirova. Des avions sont stationnés « un peu partout en Europe » et peuvent se rendre « là où leur présence est nécessaire », a-t-elle précisé.
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Pays en première ligne du réchauffement climatique en Europe, l’Espagne est habituée aux températures extrêmes, mais elle fait face depuis quelques années à une multiplication et une intensification des vagues de chaleurs (nouvelle fenêtre). Depuis le début de l’année, plus de 148.000 hectares sont partis en fumée dans ce pays, selon le Système européen d’information sur les Feux de forêt (EFFIS), et 200 incendies ont été enregistrés.
Plusieurs autres pays de l’Europe du Sud se retrouvent également en proie aux flammes ces derniers jours. Au Portugal voisin, une quinzaine de moyens aériens sont mobilisés pour combattre quatre importants feux de forêt dans le nord et le centre du pays. En Grèce, où 20.000 hectares ont été détruits par le feu depuis juin, les pompiers sont parvenus à circonscrire l’incendie qui menaçait Patras, troisième plus grande ville du pays, mais ailleurs dans le pays, des bombardiers d’eau luttaient sur trois autres fronts. Dans les Balkans, les incendies ont tué au moins deux personnes, et entraîné l’évacuation de milliers d’habitants.
M.L. avec AFP