Après les territoires ukrainiens, l’Alaska serait dans le viseur de la Vladimir Poutine ? Selon des publications sur les réseaux sociaux, la Russie aurait décidé que sa vente ne serait finalement pas conforme, 158 ans plus tard.

« Le président Vladimir Poutine a signé un décret qui stipule que la vente du territoire aux US en 1867 était ‘illégale’. Il affirme les prétentions de la Russie sur l’État d’Alaska », ont écrit plusieurs internautes sur X. Ce fameux décret aurait d’ailleurs été signé le 22 janvier 2024, un mois avant l’invasion de l’Ukraine. Toujours selon les internautes, la Cour suprême aurait même reconnu non conforme la vente du territoire aux Etats-Unis.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

J’accepte

Certains partagent même la photo d’un panneau d’affichage sur lequel il serait écrit : « Alaska est à nous. » Ils affirment qu’elle aurait été prise à Krasnoyarsk, une ville russe située en Sibérie orientale, en 2022.

FAKE OFF

Ces messages circulent depuis plusieurs mois sur les réseaux sociaux. Mais refont surface, par un heureux hasard, quelques jours seulement avant la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine en… Alaska. Les deux présidents doivent échanger sur la guerre en Ukraine ce vendredi 15 août.

D’ailleurs, qu’il s’agisse d’ironie ou d’une erreur du président américain, comme il a pu nous y habituer, il a affirmé à deux reprises : « Je vais voir Poutine, je vais en Russie vendredi. »

Pour le contexte, les Russes se sont installés en Alaska dans les années 1780. Et c’est en 1867 que sa vente est conclue avec les Etats-Unis pour 7,2 millions de dollars, bien que ce territoire ne devienne le 49e Etat américain qu’en 1959.

Pas de décret ni de texte officiel

Aucun document officiel ni aucune annonce ne corroborent la version des internautes. Le décret dont il est question, et dont l’image a été postée en russe sur les réseaux sociaux, ne cite pas l’Alaska, ni aucun autre territoire d’ailleurs. Ce qui laisse place aux interprétations.

Avant de partager leurs publications, les internautes sont probablement tombés sur un article du magazine Géo, justement daté du 22 janvier 2024. Il y est écrit : « Traduit, le décret exige que l’administration russe ad hoc se mette à la recherche de tous  »les biens de la Fédération de Russie, de l’ancien Empire russe, de l’ex-URSS ». Cela pourrait certes s’appliquer aux territoires occupés en Ukraine, la Crimée par exemple, mais la mention de  »l’Empire russe » semble ne pouvoir viser que l’Alaska, seul territoire ayant à cette époque, par transaction, quitté le giron russe. »

Mais il ne s’agit là que d’une interprétation d’un décret bien flou qui s’apparenterait d’avantage à une provocation, comme le président russe en a la spécialité. Et il n’y a pas non plus de document émanant de la Cours suprême russe qui invaliderait la vente du territoire aux Etats-Unis.

Des proches du pouvoir appellent à l’annexion de l’Alaska

Une succession de déclarations a pu faire germer l’idée dans les têtes de certains. Le Daily Mail rapportait déjà en 2017 que de jeunes cadets russes avaient chanté « Nous redonnerons l’Alaska à la Russie ».

Des politiciens russes ont également tenu des positions similaires. Sergueï Mironov, membre de la Douma et leader du parti « Russie juste », généralement aligné avec les vues internationales de Vladimir Poutine, a appelé à plusieurs reprises à l’annexion de l’Alaska. Tandis que Viatcheslav Volodine, un autre proche conseiller du président russe, a expliqué que son pays était en droit de réclamer l’Alaska aux États-Unis, en réponse aux sanctions prises après l’invasion de l’Ukraine.

Retrouvez tous nos articles sur la Guerre en Ukraine

Aussi, depuis des années, l’armée américaine annonce régulièrement intercepter des avions russes s’approchant un peu trop de son espace aérien dans la région. Mais si l’Alaska reste un Etat américain, il n’en demeure pas moins une ancienne colonie russe, et son influence est toujours bien présente.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a d’ailleurs estimé que la rencontre prévue entre Vladimir Poutine et Donald Trump en Alaska était déjà une « victoire personnelle » pour le dirigeant russe. Et de leur côté, les médias russes ont insisté sur la nature symbolique de ce lieu de rencontre.