« Tu as préparé ton andouillette ce matin ? », plaisante Pierrick en s’adressant à la charcutière du marché des Gayeulles. Ce mardi 12 août, sous un léger soleil, comme chaque semaine, un petit marché se tient devant la station de métro Gayeulles dans le quartier de Maurepas. Tout en achetant des victuailles, les habitants et les commerçants discutent légèrement. La guerre autour du point de deal de la Banane qui faisait rage il y a un an semble lointaine.
Entre juillet et octobre 2024, Maurepas a connu neuf fusillades. Dont une a laissé un enfant de 5 ans handicapé à vie. Suite aux nombreuses interpellations réalisées par la police, le calme semble être revenu dans le quartier. « Quoique… souffle Monique. Il y a un mois, il y a de nouveau des tirs. » C’est un fait, le point de deal de la Banane tourne toujours à plein régime. De 10 h du matin, jusque tard dans la nuit, le point de deal est actif. À 10 h 30, en plein mois d’août, le Télégramme a compté une petite dizaine de choufs et de vendeurs…
Contourner les points chauds
Dans le quartier de Maurepas, le boulevard de Rochester fait office de frontière naturelle. Il y a les gens qui habitent Gros-Chêne, où les points de deal donnent lieu à des règlements de compte, et ceux qui habitent Les Gayeulles autrefois appelé Le Gast. Les populations se mélangent peu.
Présente sur le marché place Guy-Ropartz, Annie est une des rares habitantes à avoir traversé le boulevard pour venir au marché. Habitante de la rue de Trégain, côté Gros-Chêne, elle explique : « Moi, je n’ai pas été directement impactée par les fusillades. Je ne les ai même pas entendues. Mais cela fait des années que j’évite le secteur de Gros-Chêne. Le deal ne date pas d’hier. Je ne vais jamais faire mes courses là-bas, j’évite le secteur. Je préfère aller au Super U, rue de Fougères, ou comme aujourd’hui, au marché du Gast. » Même son de cloche pour Jean-Pierre qui contourne, lui aussi, le secteur. « Je n’y vais jamais pour les courses d’alimentation uniquement pour la pharmacie et encore. »
Rénovation urbaine
Pour Eric, 70 ans, qui promène son petit chien non loin de l’école primaire Toni-Morisson : « À part autour du pôle associatif de la Marbaudais, le quartier est relativement tranquille. Je n’ai pas peur pour ma sécurité mais quand je me promène, je regarde quand même qui marche derrière. Et j’évite la dalle du Gros Chêne. C’est sale. Y a des gens abîmés par la vie. J’habite le quartier depuis 40 ans. C’est triste de voir ce qu’il est devenu… Ça me fait de la peine de voir tous ces jeunes désœuvrés qui vendent de la drogue. Que vont-ils devenir ? Et surtout que faire pour améliorer tout cela. La ville rénove beaucoup. Cela suffira-t-il ? »