L’impressionnante piscine intérieure, construite en tenant compte de cette peinture de Gilles Ballini, sert aussi de salle à manger. De chaque côté, les vitres s’ouvrent sur des jardins luxuriants.

Felix SpellerUn lieu inspiré des temples pharaoniques

Dès l’entrée, les invités sont accueillis par un atrium à double hauteur, revêtu de marbre et baigné de soleil grâce au puits de lumière ; des palmiers Washingtonia trônent en son centre. Ici, l’échelle de la maison se fait clairement sentir. Elle impressionne par son exécution impeccable et la manière naturelle dont elle relie les différents espaces. À partir de cet atrium, une pièce rectangulaire abrite la piscine intérieure, où des vitres s’ouvrent pour révéler des jardins luxuriants. Sur la droite s’enchaînent les espaces de vie, la chambre de l’architecte, ainsi que d’autres chambres à l’étage. « Nous aimons les temples pharaoniques », explique-t-il au sujet de la taille des espaces, passant du plus grand au plus petit à mesure que l’on s’aventure à l’intérieur.

« Il ne s’agit pas d’être ostentatoire mais de privilégier le volume et la lumière plutôt que de multiplier les matériaux et les ornements. »

L’architecte Tarek Shamma

Dans la salle réservée à la télé, un plafond décoré par la famille avec des portes anciennes et une cheminée en pierre locale de Hashmi. Sur des tables d’appoint conçues par Tarek Shamma, des bustes de la grand-mère de l’architecte réalisés par Mahmoud Mokhtar.

Felix Speller« Nous aimons être entourés d’objets »

« Ce qui est important ici, c’est cette idée de progression et de mouvement. Il ne s’agit pas d’être ostentatoire, mais de privilégier le volume et la lumière plutôt que de multiplier les matériaux et les ornements. » Contrastant avec l’architecture minimaliste, les intérieurs, plus généreux, sont garnis de meubles anciens, de coffres chinois du XVIIe siècle, de canapés anglais du XIXe siècle, d’œuvres d’art arabes modernes et de tapisseries, qui contribuent à l’intimité et à la convivialité du lieu. « Je pense que c’est typique du Moyen-Orient, confie Tarek Shamma en riant. Nous aimons être entourés d’objets. Nous sommes incapables de nous contenter d’un pot, d’une sculpture ou d’une peinture. »

Dans la salle d’eau, une sculpture en bois signée Mahmoud El Dewihi.

Felix Speller

Dans la chambre de Tarek Shamma, un lampadaire qu’il a dessiné, des coffres turcs antiques et un tapis ancien Kerman (Ubuntu art gallery).

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Pour donner de la personnalité à la maison, la famille l’a décorée avec des objets issus de ses nombreux voyages et des pièces plus anciennes ayant appartenu à différents membres. « Nous n’avons jamais considéré un objet comme un trophée. Mon grand-père, par exemple, avait une affinité pour les vieilles portes. Nous en avons trouvé sur place, les avons restaurées, encadrées et installées partout, se souvient l’architecte. Il est important que tout dans la maison soit égyptien, car nous sommes fiers de l’être. Mais nous avons aussi la chance d’avoir beaucoup voyagé et d’être ouverts sur le monde. La maison raconte donc cette histoire. »

« Le jardin a toujours été une source d’inspiration. J’aime y aller et être au calme pour lire et dessiner. »

L’architecte Tarek Shamma

Dans le patio-salle à manger, les tables ont été décorées avec les fleurs des bougainvilliers du jardin.

Felix SpellerLe jardin luxuriant — et ses mangues

Le bâtiment est situé sur une ancienne plantation de mangues que la famille a décidé de préserver, en gardant la plupart des arbres intacts : « Nous avons tellement de mangues que nous les offrons ! Nous en faisons des conserves également. Il en va de même pour les autres fruits qui poussent sur ces vastes terres, comme les dattes. » Et si Tarek Shamma aime naturellement recevoir – « c’est presque un passe-temps familial » –, l’abondance des lieux s’y prête, entre les feuilles de palmier ou encore les fleurs de frangipanier et de bougainvillier qui servent à décorer les tables. Le jardin était la fierté de sa mère.