Imaginez-vous être Ukrainien, en Russie, lorsque la guerre se déclare entre les deux pays en 2022… C’est ce qu’il est arrivé à Viktor Kyrylov, comédien, qui raconte son histoire dans une pièce de théâtre intitulée « Maintenant je n’écris plus qu’en français », qui sera jouée dans le cadre du festival des Tréteaux du phare, à Penmarc’h.
Le natif d’Odessa a intégré la prestigieuse école moscovite du GITIS (Académie russe des arts du théâtre) à seulement 17 ans, en 2019. Un rêve devenu réalité. « Je me suis préparé pendant deux ans au concours. J’apprenais le nom des comédiens russes comme certains peuvent apprendre celui des footballeurs », image-t-il. Mais, un beau jour, son rêve a viré en cauchemar : le 24 février 2022, lorsque la Russie a attaqué l’Ukraine. « La guerre, ça a été un réel bouleversement. Je me suis demandé quelle était réellement ma place ? » Viktor Kyrylov ne pouvait plus vivre de la même façon, au point de ne plus dormir la nuit. « Je m’inquiétais forcément pour mes proches », livre-t-il. À tel point que lui, qui s’est toujours davantage senti Russe qu’Ukrainien, venant d’une région très marquée par la culture russe, a vu son côté patriotique ukrainien prendre le dessus « pour la première fois ». « Je voulais rentrer chez moi, faire la guerre, mais ma mère et mes amis me l’ont déconseillé. Donc j’ai fui la Russie, au bout du huitième jour du conflit. J’ai aussi fui l’Ukraine, jusqu’à arriver en France. »
« Je voulais me réconcilier avec moi-même »
En arrivant dans l’Hexagone, l’Ukrainien ne parlait pas un mot de français. Aujourd’hui, il le parle couramment. Et, pour poursuivre son rêve de devenir comédien, il a intégré le conservatoire national supérieur d’art dramatique, à Paris, avant de poursuivre par une académie de la comédie française. En fin d’études, Éric Ruf, administrateur général, lui a alors conseillé de partager son histoire, ce à quoi il ne pensait pas, avant d’accepter. Bien que l’acceptation de son histoire ait été difficile pour lui. « Je ne me sens pas légitime de parler de la guerre, de dire que je suis Ukrainien, car j’ai décidé de fuir », annonce Viktor Kyrylov, en toute transparence.
Il a finalement décidé de monter son spectacle, un seul en scène, joué depuis le mois d’avril dernier. « Selon les premiers retours, mon histoire est bouleversante pour les spectateurs. Je voulais réellement partager mes enjeux, ce que j’ai vécu. Mais, aussi, me réconcilier avec moi-même. » Ou quand le théâtre permet l’acceptation de soi…
Pratique
« Maintenant je n’écris plus qu’en français », Saint-Guénolé à Penmarc’h, dimanche 17 août, 19 h. Tarifs : 14 €, demandeur d’emploi : 8 €, gratuit pour les moins de 18 ans.