Si Évanouis a de quoi terrifier son public, le film d’horreur devait, au départ, s’achever de façon encore plus sombre. Si bien que Zach Cregger a dû modifier la fin de son histoire pour rassurer les spectateurs. ATTENTION, SPOILERS !
Avec Together et Substitution, Évanouis était l’un des films d’horreur indépendants les plus attendus de l’été 2025. Sorti le 6 août en France, il a marqué le retour au scénario et à la mise en scène de Zach Cregger trois ans après Barbare. Dans ce long-métrage chapitré qui raconte un drame au travers de différents points de vue, Julia Garner incarne une institutrice dont (presque) tous les élèves ont disparu sans laisser de traces, et Josh Brolin tient le rôle du père de l’un des enfants.
La fin du film, qui montre les enfants retrouvés massacrer comme des bêtes sauvages la sorcière qui les avait enlevés, offre aux spectateurs une conclusion amère et peu réconfortante. Une voix off y explique, en effet, que les parents du petit Alex ne retrouveront jamais leurs facultés, et que seuls certains des enfants ensorcelés se remettront à parler au bout de quelques années. Pourtant, Zach Cregger souhaitait, en premier lieu, que l’histoire s’achève de façon encore plus sombre. Si sombre que le réalisateur a dû revoir sa copie pour satisfaire le public.
Vivement la rentrée ?Évanouis passé au contrôle technique
Ah, les projections-tests, ce couperet imposé aux films naissants qui peut tout changer à leur forme finale ! Lors de ces fameuses projections qui ont lieu auprès d’un public restreint, les films sont montrés dans une certaine version de montage, destinée à être conservée ou modifiée en fonction des retours de ces premiers spectateurs. Parfois, il arrive que les retours soient si catastrophiques que le film nécessite des reshoots.
Si l’étape de la projection-test peut-être très utile (quoique faillible) pour prendre du recul et tirer l’œuvre vers sa forme la plus susceptible de convaincre les foules, c’est un procédé qui ne donne pas toujours la priorité à la vision artistique de l’auteur. C’est ce qu’il s’est passé pour Évanouis, qui a été montré en projection-test dans une version dont la fin était différente du montage définitif. Si le sens était globalement le même, il était beaucoup moins explicite et la narration en était beaucoup plus abrupte, rendant la conclusion encore bien plus sombre.
Julia Garner dans le rôle de Justine Gandy
Auprès de du média Inverse, Cregger a expliqué que le film devait initialement se terminer sur le regard vide de Matthew, le fils du personnage de Josh Brolin, ce qui n’a pas franchement séduit les foules en projection-test :
“Au départ, la voix off de la fin n’existait même pas. Cette idée ne me tentait pas vraiment. Je voulais que ça se termine sur le regard [de Matthew], mais les gens n’étaient pas très fan. […] Il n’y avait pas de voix off, et ça se terminait sur le visage du gamin. Quand les lumières se sont rallumées et que la mention ‘Écrit et réalisé par Zach Cregger’ est apparue, une femme dans le public s’est exclamée ‘C’est quoi, ce bordel ?’ »
Autant dire que le message était clair. Jouer du mystère et de la suggestion, c’est bien, mais ça peut en laisser plus d’un sur le carreau, surtout en conclusion d’une histoire aussi éprouvante vis-à-vis de ce que vivent les enfants et leurs parents. La voix off (et peut-être quelques plans ?) finalement ajoutée permet d’arrondir certains angles : elle assure que les enfants ont retrouvé leur famille, et donne une lueur d’espoir quant à leur possible guérison.
« C’est quoi, ce bordel ? »
Elle informe aussi le spectateur que, malheureusement, les parents d’Alex ne redeviendront jamais comme avant, ce qui n’empêchera pas le petit garçon de pouvoir se reconstruire une vie. La cruauté et la sècheresse de la conclusion initiale ont donc été adoucies, sans pour autant dénaturer l’amertume de l’œuvre. Un compromis que tous les cinéastes n’ont pas forcément la chance d’obtenir, mais qui reste une forme d’ingérence.
Évanouis aurait-il été meilleur si la vision de Zach Cregger avait été laissée intacte, ou a-t-il eu raison de suivre les conseils du public pour permettre à son film de mieux toucher son audience ? Chacun se fera son avis. L’expérience ne semble, en tout cas, pas avoir refroidi le réalisateur, qui parle déjà d’un potentiel prequel centré sur le personnage de la sorcière. Par ailleurs, Cregger prépare aussi le futur reboot de Resident Evil, dont les rênes lui ont été confiées. Évanouis est à découvrir en salles depuis le 6 août 2025.