Quand, en octobre dernier, elle a recommandé au Congrès d’autoriser la modernisation des quarante-huit chasseurs-bombardiers F-16 de la force aérienne polonaise, la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des ventes d’équipements militaires américains à l’étranger [FMS], avait eu la main lourde, en présentant un devis s’élevant à 7,3 milliards de dollars [soit près de 6,5 milliards d’euros].

Cependant, la Pologne avait demandé plus d’équipements qu’il n’en fallait pour porter ses F-16 au standard Block 70/72 « Viper ». Par exemple, elle voulait acquérir 58 radars AN/APG-83 SABR [Scalable Agile Beam Radar] à antenne active ou encore 73 systèmes de guerre électronique AN/ALQ-254(V)1 Viper Shield.

Finalement, les négociations contractuelles menées après la publication de l’avis de la DSCA ont permis de réduire significativement le montant de la facture. En effet, le 13 août, le ministre polonais de la Défense, Władysław Kosiniak-Kamysz, a officiellement approuvé un accord avec les États-Unis pour moderniser l’ensemble des F-16 C/D Block 52+. La valeur du contrat s’élève à 3,25 milliards d’euros.

Dans le détail, les travaux pour porter ces chasseurs-bombardiers au standard Block 70/72 « Viper » seront réalisés par WZL 2 [Wojskowe Zakłady Lotnicze Nr 2 / Usine d’aviation n° 2], à Bydgoszcz. Ils débuteront en 2028 et s’étaleront jusqu’en 2038.

« La modernisation des 48 F-16 sera réalisée dans des installations polonaises. Cela signifie des emplois stables et le développement des compétences. Elle portera non seulement sur les avions eux-mêmes, mais aussi sur les radars, les communications, les systèmes de reconnaissance ami-ennemi, les infrastructures au sol et les simulateurs. Il s’agit d’un investissement majeur, réalisé dans le respect des finances de l’État », a fait valoir M. Kosiniak-Kamysz.

Pour rappel, en décembre 2002, alors qu’elle était sur le point d’intégrer l’Union européenne [UE] et qu’elle venait de rejoindre l’Otan, la Pologne fit savoir qu’elle commanderait quarante-huit F-16 auprès de Lockheed Martin pour 3,5 milliards de dollars afin de remplacer ses MiG-21 de conception soviétique. Et cela aux dépens du Mirage 2000-5 et du JAS-39 Gripen suédois. Ce qui, à l’époque, suscita une vive polémique, le président Chirac ayant critiqué en des termes peu diplomatiques l’alignement de Varsovie sur Washington, à un moment où Paris s’opposait à une nouvelle intervention militaire américaine en Irak.

« Nous avons opté pour le F-16 et ce fut une excellente décision », a commenté M. Kosiniak-Kamysz, près de vingt-trois ans plus tard. Cependant, a-t-il ajouté, « les capacités actuelles du F-16 version C/D sont bonnes mais elles sont maintenant insuffisantes pour faire face aux menaces. Nous devons améliorer les capacités de reconnaissance, les communications, l’intégration avec les [32 chasseurs-bombardiers] F-35, les [chars] Abrams et les [hélicoptères d’attaque] Apache ainsi que la capacité à opérer dans n’importe quel domaine ».

Photo : Ministère polonais de la Défense