En Norvège, une vaste enquête scientifique parue dans The American Journal of Clinical Nutrition vient écorner l’image bien lisse d’un aliment familier, longtemps perçu comme un allié du quotidien. Les données accumulées au fil des décennies laissent entrevoir un lien moins anodin qu’il n’y paraît avec la santé cardiovasculaire, et invitent à reconsidérer certains choix de consommation.

Lait entier ou écrémé : un impact marqué sur la santé

Car c’est bien du lait de vache dont il est question. Selon les chercheurs, sa teneur en matières grasses pèse lourd dans la balance : le lait écrémé semblerait moins préjudiciable que le lait entier, ce dernier étant associé à un risque accru de mortalité. Une observation qui prend tout son sens quand on sait que, depuis les années 1980, la consommation annuelle de lait liquide a chuté de près de 80 à 50 kg par habitant.

L’analyse s’appuie sur trois études conduites entre 1974 et 1988 auprès de 73 860 adultes âgés en moyenne de 41 ans. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : chez les plus grands buveurs, la mortalité toutes causes confondues grimpe de 22 %, et le risque de décès lié aux maladies cardiovasculaires de 12 %. La nuance est toutefois de taille : ceux qui optent pour le lait écrémé présentent un risque cardiovasculaire réduit de 7 % par rapport aux adeptes du lait entier.

Lait allégé : des bénéfices sans renoncer aux atouts nutritionnels

Ces résultats demeurent valables même après exclusion des personnes souffrant déjà de pathologies ou décédées prématurément. Un profil type se dessine chez les consommateurs de lait à faible teneur en matières grasses : plus de femmes, davantage de non-fumeurs et un niveau d’études supérieur. Les auteurs rappellent que « les recommandations alimentaires du monde entier recommandent souvent de consommer des produits laitiers faibles en matières grasses ou sans matières grasses plutôt que des alternatives riches en matières grasses » en raison de la présence d’acides gras saturés, dont l’excès favorise le mauvais cholestérol et, par ricochet, les maladies cardiovasculaires.

Le lait, pour autant, n’est pas à bannir. Riche en protéines, calcium et potassium, il conserve sa place dans l’assiette, à condition de rester dans la limite des 10 % de l’apport calorique quotidien. Les experts recommandent simplement de privilégier les versions allégées en matières grasses, qui préservent l’essentiel des nutriments tout en réduisant l’apport lipidique.

Lait cru, laits végétaux : entre croyances et réalités scientifiques

Le débat croise aussi celui du lait cru, dont les partisans défendent ardemment les vertus supposées. Une position que réfute la diététicienne-nutritionniste Violette Babocsay dans les colonnes de Top Santé : « Les bénéfices santé du lait cru sont totalement imaginaires. Et non, le fait que vous ne soyez pas tombé malade en buvant du lait cru pendant plus d »un an n’est pas une preuve ! » Elle rappelle que l’absence de pasteurisation laisse la porte ouverte à des bactéries pathogènes, éliminées lors du traitement thermique.

Enfin, les alternatives végétales ne sont pas exemptes de réserves. Une étude menée sur plus de 350 000 personnes pendant dix ans montre que leur consommation pourrait être liée à un risque accru de dépression, tandis que les buveurs de lait de vache demi-écrémé présentent 12 % de risque en moins de développer ce trouble et 10 % de risque en moins pour l’anxiété. Le calcium, en stimulant certaines voies impliquées dans la production de sérotonine, pourrait offrir un effet protecteur. Les chercheurs rappellent toutefois que ces tendances peuvent refléter un profil de départ : les amateurs de laits végétaux sont plus souvent vegans, végétariens ou intolérants au lactose, catégories déjà identifiées comme plus vulnérables aux troubles dépressifs. L’axe intestin-cerveau, bien documenté, apporte là encore une piste : les déséquilibres digestifs peuvent influencer l’état psychique, preuve que le choix du lait dépasse largement la simple question de goût.