Végétaliser pour éviter les îlots de chaleur. C’est, depuis des années, le credo de la mairie. Coulée verte, jardins rénovés, « trames vertes »… En ville, les arbres se multiplient.

Mais fait-il réellement moins chaud quand on se balade dans une rue bordée de végétation ? Nous sommes allés le vérifier mercredi, en pleine alerte canicule.

Nous avons choisi l’heure du déjeuner. Pas seulement parce qu’elle est la plus chaude de la journée; surtout parce que l’ombre offerte par les bâtiments y est beaucoup plus rare.

Thermomètre atmosphérique à la main, nous nous sommes donc baladés le long de la trame verte de la rue du Maréchal-Joffre et dans la plus minérale avenue Georges-Clemenceau. Les deux axes sont distants d’à peine 500mètres.

Verdict: outre le fait que la promenade est plus agréable sous les arbres, la chaleur y semble moins étouffante. Quant à notre thermomètre, il marque une différence de trois à cinq degrés.

Rue du Maréchal-Joffre: à l’ombre de la trame verte, « le sol chauffe moins »

11 h 30. Au croisement brûlant de l’avenue Jean-Médecin et de la rue du Maréchal-Joffre, l’air semble vibrer sous la chaleur. Le thermomètre affiche déjà plus de 35°C, fidèle à l’alerte météo qui plane sur Nice. Devant nous, cette artère végétalisée s’étire sur plus d’un kilomètre, formant un tunnel vert qui filtre la lumière.

Pour Roger, un Niçois abrité sous les arbres, l’ombre est un vrai luxe: « C’est une très belle arborescence à laquelle nous avons droit. Le sol chauffe moins, on le sent », confie-t-il, en reprenant sa marche d’un pas tranquille.

Un peu plus loin, l’artiste plasticien Patrick Moya, croisé par hasard, traverse à la hâte vers le côté ombragé de la rue: « On a l’impression qu’il y a plus de vent. C’est plus agréable de passer là où c’est vert », dit-il, le sourire aux lèvres. Pourtant, malgré l’ombre et l’air qui circule dans l’étroitesse de l’axe, le thermomètre ne faiblit pas.

Julie, d’un pas alerte, applique sa propre stratégie: longer les devantures des magasins pour profiter, devant les portes restées ouvertes, du souffle des climatiseurs. Il est 11h50 et le thermomètre affiche maintenant 37°C.

Avenue Georges-Clemenceau, presque pas de vert et quelques degrés de plus

500mètres plus loin, changement de décor. Nous voici avenue Georges-Clemenceau. Moins végétalisée, plus minérale. À l’heure du déjeuner, l’air est toujours étouffant. Et sur l’écran de notre thermomètre, la chaleur a gagné trois degrés. Exactement l’estimation de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), qui estime que les arbres d’ombrage peuvent faire baisser la température urbaine de 3 à 5°C.

Sur les trottoirs de cet axe menant de Jean-Médecin à Thiers, les passants marchent tous côté ombragé. Au croisement de la rue Paganini, une mère presse le pas, poussant une poussette et tenant ses deux jeunes enfants. Une goutte perle sur sa tempe: « Là, il fait beaucoup trop chaud. Ce n’est pas qu’une question de végétalisation », souffle-t-elle.

Ici, les trottoirs, de couleur claire mais pas rénovés comme sur Joffre, renvoient la chaleur comme des plaques chauffantes. Et au-delà des valeurs affichées par notre thermomètre, c’est aussi l’ambiance qui semble radicalement différente.

Végétaliser pour rafraîchir: les mécanismes du phénomène

Les études, nombreuses, sont formelles: la végétalisation est une stratégie scientifiquement validée pour réduire la chaleur en milieu urbain.

D’abord grâce à l’effet d’évapotranspiration: les plantes absorbent de l’eau par leurs racines et la rejettent sous forme de vapeur d’eau par leurs feuilles, processus qui consomme de l’énergie (de la chaleur, donc), rafraîchissant mécaniquement l’air ambiant.

Des modélisations du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) ont notamment montré que la végétalisation d’un boulevard pouvait réduire les températures de l’air de plusieurs degrés.

L’effet d’ombrage est un autre facteur essentiel: les arbres, en bloquant le rayonnement solaire direct qui chauffe le sol et le bâti, évite le stockage et le rayonnement de cette chaleur, et donc sa restitution pendant la nuit.

Sans l’ambition d’être exhaustifs ici, d’autres effets plus indirects méritent d’être cités, comme le confort thermique: une température moins élevée abaisse les besoins en climatisation et, par conséquent, la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre liées.


La rue du Maréchal-Joffre (ci-dessus) et l’avenue Clemenceau, avant-hier. La première, végétalisée par une  » trame verte « , offre-t-elle davantage de fraîcheur que la seconde ? En pleine vigilance orange à la canicule, nous sommes allés vérifier. Photos Justine Meddah

Végétaliser pour rafraîchir : les mécanismes d’un phénomène scientifiquement démontré

Les études, nombreuses, sont formelles : la végétalisation est une stratégie scientifiquement validée pour réduire la chaleur en milieu urbain.

D’abord grâce à l’effet d’évapotranspiration: les plantes absorbent de l’eau par leurs racines et la rejettent sous forme de vapeur d’eau par leurs feuilles, processus qui consomme de l’énergie (de la chaleur, donc), rafraîchissant mécaniquement l’air ambiant.

Des modélisations du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) ont notamment montré que la végétalisation d’un boulevard pouvait réduire les températures de l’air de plusieurs degrés.

L’effet d’ombrage est un autre facteur essentiel : les arbres, en bloquant le rayonnement solaire direct qui chauffe le sol et le bâti, évite le stockage et le rayonnement de cette chaleur, et donc sa restitution pendant la nuit.

Sans l’ambition d’être exhaustifs ici, d’autres effets plus indirects méritent d’être cités, comme le confort thermique: une température moins élevée abaisse les besoins en climatisation et, par conséquent, la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre liées.