© Y. Kellerman
Raymond Depardon expose une série de photographies sur le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau au mémorial de la Shoah, dans le 4e arrondissement, jusqu’au dimanche 9 novembre 2025. Jamais exposé jusqu’à présent, le photographe invite le public à découvrir ce témoignage cette année, à l’occasion du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah.
Le photographe et réalisateur Raymond Depardon se rend sur le site d’Auschwitz-Birkenau en 1979, lorsque celui-ci entre au patrimoine mondial de l’Unesco. Il y reste plus de deux semaines : son regard multiple et juste se pose sur ce qu’il reste de la plus implacable des machines de mort mise au point par l’homme.
Raymond Depardon
L’exposition Auschwitz Birkenau vu par Raymond Depardon est une plongée troublante et puissante dans la mémoire du lieu. Elle révèle des images jamais publiées ni exposées auparavant. Le photographe a immortalisé le camp nazi sous la neige et a créé un contraste saisissant entre la blancheur immaculée du paysage et la sombre réalité et noirceur des baraquements et des clôtures de barbelés. Il a capturé une impression de solitude et une immensité géométrique, ponctuée parfois par la présence d’un fragment humain, comme une robe ou une herbe par-ci, par-là. Raymond Depardon en a saisi les éléments les plus significatifs.
Raymond Depardon était seul, concentré sur le silence et appliqué sur ses captures ; il a refait l’itinéraire du camp en avion ! Avant son voyage, un ami psychiatre italien l’avait encouragé à prendre des photographies, pour apporter la preuve de l’existence des camps de concentration aux jeunes générations, pour être cru simplement ! lui avait-il dit. Le jour de l’inauguration, le photographe était présent et au cours de son discours, il a ajouté : Mes photographies sont faites pour être ici ! Et à cette occasion, Raymond Depardon a d’ailleurs choisi de confier toutes les photographies au Mémorial de la Shoah.
Biographie :
Raymond Depardon est né le 6 juillet 1942 à Villefranche-sur-Saône dans le Rhône au sein d’une famille de cultivateurs. Il découvre la photographie à 12 ans. Après son certificat d’études, il devient apprenti dans une boutique de photo-opticien à Villefranche. En 1957, il s’inscrit à des cours de photographie par correspondance et obtient le titre d’opérateur photographe. Il décroche ses premières commandes de footballeurs amateurs, et en octobre 1958, il devient l’assistant du photographe Louis Foucherand à Paris, où il s’installe.
Depardon aux Champs libres de Rennes en 2024
En 1960, Raymond Depardon fait son entrée à l’agence Dalmas. Sa mission est double : il photographie les vedettes de cinéma, les faits divers, les Jeux Olympiques et multiplie les reportages à l’étranger. Il couvre notamment la guerre d’Algérie et décroche, sa première grande publication, en photographiant une mission militaire française dans le désert algérien. Cinq ans plus tard, il est le reporter principal de l’agence…
En 1974, Raymond Depardon tourne son premier film documentaire sur la campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing. Quatre ans plus tard, il quitte l’agence Gamma au profit de Magnum. Il photographie la guerre civile au Liban et en Afghanistan. Il fait son voyage à Auschwitz en 1979 alors qu’il revient de plusieurs reportages difficiles.
En 1981, Raymond Depardon fonde, avec Pascale Dauman, sa propre société de production de films. Il couvre la chute du mur de Berlin en 1989. En 1994, son travail cinématographique se porte sur l’institution judiciaire.
Au cours des années 2000, Raymond Depardon commence un travail documentaire sur le monde paysan intitulé : Profils paysans. En 2010, il fonde Le Bal, avec Diane Dufour ; c’est un lieu indépendant consacré à l’image-document dans le 18e arrondissement de Paris. Sous le mandat du président François Hollande, le photographe réalise son portrait dans le jardin de l’Elysée. En septembre 2024, il reçoit le prix de la Bibliothèque nationale de France…
Profils paysans
Le mémorial de la Shoah de Paris
Inauguré en 2005 par Jacques Chirac, le mémorial de la Shoah de Paris vise à rassembler les preuves de la persécution des Juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il est aujourd’hui un lieu de médiation essentiel pour la transmission de la mémoire. Il propose chaque année une exposition permanente et deux expositions temporaires et de nombreux rendez-vous culturels : des rencontres, des témoignages et des projections…
Depuis la création du Centre de Documentation Juive Contemporaine en 1943, le mémoriel est régulièrement enrichi par des donations et acquisitions de documents des témoins de la Shoah. Il constitue une archive unique et un instrument de tout premier ordre pour étudier la destruction des Juifs d’Europe. 5 100 000 victimes juives sont mortes durant la Shoah, soit 800 000 morts dans les ghettos ; 1 300 000 morts par exécutions ; et 3 000 000 morts dans les camps de la mort.
En bordure du mémorial, le Mur des Justes, inauguré en juin 2006, rend hommage aux Justes de France (personnes qui ont aidé des Juifs en leur fournissant nombreux et différents secours). La liste est établie par année de nomination au titre de Juste et par ordre alphabétique.
Infos pratiques :
Exposition Auschwitz Birkenau vu par Raymond Depardon
Mémorial de la Shoah – Quartier du Marais – 4e arrondissement à Paris
Entrée libre
Horaires : Tous les jours de 10h à 18h, sauf le samedi – jeudi en nocturne, jusque 21h
Fermé : 15 août ; 26 et 27 septembre ; 5 octobre ; 10 octobre ; 17 octobre ; 25 décembre 2025
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