L’Alaska, c’était un peu « l’Amérique russe ». Dans une sorte de « conquête de l’Est » lancée au XVIIIe siècle, les Tsars envoyèrent des Russes coloniser ce territoire au climat extrême et hostile afin d’y établir des comptoirs pour le commerce de fourrures et de peaux de phoques. Mais après la guerre de Crimée perdue contre les Français et les Anglais, le tsar Alexandre II décide en 1867 de vendre l’Alaska pour la somme de 7,2 millions de dollars à l’époque. Il s’agit pour lui de renflouer les caisses de son empire qui sont vides.

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**Aujourd’hui, quelques dômes en bulbe d’églises orthodoxes témoignent encore de cet héritage russe. Et dans l’imaginaire russe, l’Alaska alimente toujours une forme de nostalgie. Dans les cercles nationalistes à Moscou, la cession de ce territoire pour une somme jugée dérisoire a toujours un goût amer. Parfois, des débats refont surface. Ainsi, en juillet 2022, en pleine effervescence patriotique quelques mois après l’invasion de l’Ukraine, et de tensions entre la Russie et les États-Unis, le président de la Douma, la chambre basse du Parlement, avait qualifié l’Alaska de « territoire de litige ».

Le dernier contentieux entre Russes et Américains a été réglé en 1990. Il portait sur la délimitation des eaux territoriales entre les deux îles Diomède, au milieu du détroit de Behring, qui sépare le continent « euro-asiatique » et l’Amérique. Vladimir Poutine a clos le débat en expliquant que 70% du territoire russe étaient déjà situés dans des régions polaires ou nordiques et qu’il n’avait pas besoin de l’Alaska.

Un territoire stratégique

Pour autant, ce territoire est plus que jamais stratégique. D’abord parce l’Alaska, qui fait trois fois la superficie de la France, est riche en or, en charbon, en gaz naturel et en pétrole. L’État assure 17% de la production de brut des États-Unis. Et puis avec le réchauffement climatique et la fonte des glaciers, la route maritime du Nord, reliant les océans Atlantique et Pacifique, qui passe par le détroit de Behring, pourrait à moyen terme être libre de glace cinq mois par an, et donc plus facilement navigable.

Car au-delà de l’Alaska, ce qui se joue en moment d’un point de vue géopolitique, c’est l’exploitation et la domination de l’Articque, où la Russie renforce ses bases militaires et ses installations pétrolières. Mais aujourd’hui pour Vladimir Poutine, la « mère de toutes les batailles », ce n’est pas l’Alaska mais l’Ukraine, qui sera au cœur de son tête-à-tête avec Donald Trump.