Par

Hervé Pavageau

Publié le

14 août 2025 à 12h15

Pendant dix jours, en juillet, l’annonce du Relais de l’Atlantique de suspendre les collectes textiles d’occasion, a mis un grand désordre dans la filière du tri. Dans le Vignoble nantais, les points de collecte, gérés par le Relais Atlantique, ont vite débordé. Avant d’être de nouveau vidés, une fois que l’entreprise d’insertion à mission sociale a repris ses tournées.

« Un problème plus global »

Stéphanie Gac, responsable d’établissement du Relais Atlantique basé à Couëron, rappelle que le problème ne concerne pas seulement l’entreprise sociale et solidaire.

« Tous les acteurs de la filière sont confrontés à des difficultés. La Croix-Rouge avait aussi des bornes de collecte en Loire-Atlantique et Vendée et les a retirées il y a déjà quelques mois. C’est un problème plus global ».

Faut-il repenser les vêtements de seconde main en circuit court, au niveau local en les déposant en ressourceries ou en recycleries ?

« Ce n’est pas comme cela que ça marche », explique Stéphanie Gac.

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Aujourd’hui on évacue les textiles d’associations, ressourceries, recycleries. Elles prennent ce qui est vendable dans les espaces de vente mais le reste c’est le Relais ou les autres acteurs de la filière qui peuvent les débarrasser. Les volumes traités par ces structures sont très faibles en comparaison à ce que nous, on traite.

Stéphanie Gac, Relais Atlantique

La responsable insiste donc bien sur ce point : « on traite tout ce qui arrive dans nos containers, alors que les ressourceries ne prennent que ce qui les intéresse. La seule façon pour elles d’évacuer le surplus, c’est le Relais. Les ressourceries sont des points de passage, font de l’écrémage, elles prennent la meilleure partie parce que c’est destiné à la revente ».

Crise du modèle économique de la filière

Le problème, c’est qu’on ne fait pas d’argent avec le recyclage. Sur certaines matières, on paie même la personne qui va payer le recyclage. C’est pour ça qu’on pose une éco-contribution pour notre activité de tri. D’où le débat, et la revendication d’augmenter la contribution. Le modèle économique du Relais est menacé.

Stéphanie Gac, Relais Atlantique

Responsable pour qui il est urgent de repenser l’équilibre financier afin de maintenir la viabilité de la filière.

La structure rappelle que leur financement « provient de l’éco-participation financée par les metteurs sur le marché, collectée par l’éco-organisme Refashion, afin d’assurer la gestion de la fin de vie des produits mis sur le marché par les enseignes de prêt-à-porter de fast-fashion ».

À ce jour, l’éco-participation est en moyenne de 3 centimes d’euro par article, alors que l’éco-organisme reverse aux structures de tri seulement 0,8 centime d’euro.

Un problème globalisé

Le problème touche tous les acteurs de la filière, même pour les ressourceries « qui doivent pouvoir évacuer ce qui n’est pas vendu », alerte la structure qui collecte 7 000 tonnes en container et 340 tonnes auprès des associations et ressourceries. Bien que les associations ne gèrent pas le recyclage, elles sont aussi impactées par cette situation, faute de reprise.

Pat’Mouille, entreprise d’insertion basée à Vallet, est connue notamment pour sa boutique d’occasion.

Sur les dons de vêtements, seulement 20 % sont réemployés.

« On garde à peine un vêtement sur 4 », explique le gérant de la boutique. L’entreprise rappelle que « 80 % des dons sont remis au Relais Atlantique ».

Une qualité qui baisse

Résultat, lorsque la structure ne reprenait plus, la boutique « n’avait plus d’exutoire. On a un peu plus d’une tonne de surplus par semaine. Ça nous oblige à trouver des solutions de stockage ».

Sur le long terme, le gérant constate une augmentation de la quantité de vêtements déposés au détriment de la qualité.

J’ai dépassé les 7 tonnes d’apport sur la boutique au mois de juillet, c’est du jamais vu. Depuis le début de l’été, la qualité a drastiquement baissé. Les gens déposent de plus en plus en gros. On est sur un territoire très familial, donc les mamans déposent beaucoup de vêtements d’enfants.

Pat’Mouille, Vallet

Les acteurs du réemploi appellent à une refondation nécessaire.

Pour Stéphanie Gast, le premier objectif est d’abord de « revaloriser l’éco-contribution au niveau attendu et nécessaire. Il y a les annonces du gouvernement mais c’est bien l’éco-organisme Refashion qui doit payer ».

Mais cela ne sera pas suffisant pour régler le problème de fond.

C’est un changement en profondeur que doit faire la filière si elle voit « un avenir ».

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