La maison de Tante Léonie n’est pas le seul motif de faire un crochet estival à Illiers-Combray (Eure-et-Loir). Cette « petite commune de caractère », traversée par la Thironne, est parsemée de « totems proustiens », de l’église Saint-Jacques au Pré Catelan.

Cette « oasis » de fraîcheur, ressemblant aux Buttes Chaumont à Paris, a été réalisée en 1870 par l’Oncle Jules (l’époux de Léonie) : « Proust s’est inspiré de ce parc de 7 000 m2 pour imaginer le parc de la propriété de Swann, l’un des personnages du roman », révèle l’historienne d’art Anne Chevée, autrice de l’indispensable guide « Au côté de Marcel Proust, promenades parisiennes et euréliennes » (Éditions Art’Hist).

Ici, devant la végétation verdoyante de ce jardin à flanc de collines, – nommé « Parc de Tansonville » dans « Du côté de chez Swann » -, les amateurs de La recherche du temps perdu sont entraînés, comme nulle part ailleurs, dans l’univers proustien. On y voit se former des Qoubbas – des constructions funéraires d’Afrique du Nord – autour du bassin de rocaille appelé la Serpentine, que l’Oncle Jules avait conçu en souvenir de ses voyages de l’autre côté de la Méditerranée.

Guermantes en arrière-plan

En entrant pour la première fois le Pré Catelan, Bernard, un Parisien en visite à Illiers-Combray lors du week-end de la Pentecôte, ne s’attendait pas à reconnaître ce jardin tel qu’il se l’était imaginé en lisant les romans. « J’ai eu la sensation de vivre à son époque, d’être accompagné par tous ces personnages qui peuplent mon imaginaire depuis ma découverte de Proust à l’adolescence », confie cet ancien notaire à la retraite, qui a passé toute une après-midi, après « un déjeuner sur l’herbe en famille ».

La visite des lieux n’est pas de tout repos. Il faut grimper par un chemin étroit et sinueux, bordé de grottes, pour regagner la sortie de ce parc, derrière laquelle se dessine une vaste étendue de champs de colza. En arrière-plan, on imagine Guermantes et Méréglise (Méséglise dans le roman), d’autres lieux de la géographie proustienne qui ont nourri l’imaginaire de Bernard.