Le Premier ministre François Bayrou a dénoncé vendredi la «haine antisémite» de ceux qui ont abattu l’arbre planté à Epinay-sur-Seine en hommage à Ilan Halimi, jeune Français juif séquestré et torturé à mort en 2006 par le «gang des barbares». «L’arbre pour Ilan Halimi, vivant rempart contre l’oubli, a été fauché par la haine antisémite. Nul crime ne peut déraciner la mémoire. La lutte jamais achevée contre le mortel poison de la haine est notre devoir premier», a écrit sur X le chef du gouvernement.
L’olivier a été abattu dans la nuit de mercredi à jeudi de façon malveillante, avait annoncé jeudi à l’AFP le maire de la commune de Seine-Saint-Denis, Hervé Chevreau, qui a indiqué avoir déposé plainte. «Je condamne fermement cet acte indigne. Une procédure a été ouverte. Tout sera mis en œuvre pour retrouver les auteurs et les livrer à la justice», a écrit sur X le préfet de police de Paris Laurent Nuñez.
Des photos montrent le tronc de cet arbre planté en 2011 probablement sectionné à l’aide d’une tronçonneuse, à une vingtaine de centimètres du sol, devant une stèle rendant hommage à Ilan Halimi, dont le décès avait provoqué une vive émotion en France.
Plusieurs autres responsables politiques ont exprimé leur émotion et leur réprobation après cet acte, alors que la communauté juive est confrontée à une très forte hausse des faits antisémites depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza.
«Honte au profanateur antisémite qui a dû penser que cet acte était d’un courage infini…», a lancé également sur X le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, tandis que le député de la France insoumise (LFI) Antoine Léaument a fait part de sa «colère immense» et de son «plein soutien à nos compatriotes juifs». A droite, Eric Ciotti, patron de l’UDR alliée au Rassemblement national, y voit «un abominable symbole de l’explosion de l’antisémitisme dans notre pays autant qu’une infâme attaque contre la mémoire du martyr d’Ilan Halimi».
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi a déclaré ce vendredi que cette «réaffirmation violente de l’antisémitisme à la face de la société est quelque chose d’extrêmement douloureux. Il n’y a rien de plus lâche et les assassins de sa mémoire ne valent pas mieux que ceux qui lui ont pris la vie il y a vingt ans».
Découvert nu, bâillonné, menotté et portant des traces de tortures et de brûlures, le jeune homme aux mains du «gang des barbares» était mort pendant son transfert à l’hôpital en février 2006. Mathieu Hanotin, président de l’établissement public territorial Plaine Commune, auquel appartient Epinay-sur-Seine, a condamné après l’abattage de l’olivier «un acte de vandalisme portant atteinte à la mémoire collective de ce meurtre antisémite». Il s’est engagé dans un communiqué «à ce qu’un nouvel arbre commémoratif soit replanté dans les meilleurs délais».
Deux autres arbres plantés en hommage à Ilan Halimi avaient été vandalisés en 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne, où il avait été retrouvé agonisant au bord d’une voie ferrée.
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