Le Superman de James Gunn était certainement l’un des films les plus attendus, redoutés et surveillés de 2025, et il arrive en Premium VOD aux États-Unis. A-t-il été à la hauteur au box-office ?
En surface, tout va bien. Supergirl arrive au cinéma le 24 juin 2026, suivi de Clayface en septembre et avec la série Lanterns quelque part au milieu. Le retour de Wonder Woman se prépare, tout comme une nouvelle version de Batman et Robin dans The Brave and the Bold, sans parler des nombreux projets développés (The Authority, Swamp Thing, Teen Titans, Sgt. Rock…).
Le patron de Warner, David Zaslav, se frotte les mains. Il a confirmé leur « audacieux plan sur dix ans« avec un ou deux films DC chaque année, chapeautés par James Gunn et Peter Safran à la tête de DC Studios. De quoi faire oublier le carnage final du DCEU, qui s’est crashé au ralenti en 2023 avec les bides successifs de Shazam 2, The Flash, Blue Beetle et Aquaman 2.
Mais sont-ils réellement satisfaits chez Warner Bros. ? Le succès de Superman, qui ouvre les portes du premier chapitre (intitulé « Gods and Monsters« ) de ce nouvel univers (nommé DCU), est-il à la hauteur des enjeux ? L’arrivée du blockbuster avec David Corenswet en Premium VOD est l’occasion de faire un point business.
SUPERMAN EN VOD, ÇA VEUT DIRE QUOI ?
C’était la rumeur depuis quelques temps, et James Gunn l’a lui-même annoncé : Superman arrive en VOD aux États-Unis ce 15 août. Ou plutôt en Premium VOD, ce qui signifie généralement 19,99 dollars pour la location et 24,99 dollars pour l’achat. C’est là qu’il faut rappeler que c’est un vrai business puisqu’un studio récupère plus d’argent ici (environ 80% du prix) que sur un ticket de cinéma (dans les 50% au mieux, le reste revenant naturellement aux exploitants).
De quoi mieux comprendre pourquoi la Premium VOD, quelques semaines seulement après la sortie au cinéma, est désormais si bien installée dans un monde post-Covid. En 2023, un article de The New York Times consacré au studio Universal expliquait que ça représentait une source de revenus additionnels non négligeable : 75 millions supplémentaires pour le film Super Mario Bros., 50 millions Jurassic World 2, Les Croods 2 et Tous en scène 2, et 25 millions pour M3GAN. Récemment, Wicked a explosé les compteurs avec 70 millions en une semaine, rien qu’aux États-Unis et au Canada. En trois ans à peine, Universal avait ainsi amassé un milliard de dollars grâce à ce secteur.
L’arrivée de Superman en Premium VOD le 15 août, à peine cinq semaines après sa sortie américaine au cinéma le 11 juillet, peut sembler étonnante, mais elle correspond aux classiques 35 jours d’exclusivité en salles. Sauf que ce n’est pas une règle, puisque c’est parfois moins (trois semaines pour Shazam 2), et parfois plus (trois mois pour Top Gun : Maverick).
Quand tu t’accroches en quatrième semaine
Interrogé par ScreenRant, James Gunn a donné une autre explication à cette arrivée en VOD, en laissant clairement entendre qu’il aurait préféré que ce soit plus tard :
« C’est très compliqué, mais la vérité est que c’est à cause de Peacemaker. Je pensais au départ que Peacemaker allait sortir le mois prochain. Il y a beaucoup de choses qui échappent à notre contrôle, donc Peacemaker sort maintenant et au final, je voulais que tout le monde puisse voir Superman s’ils le voulaient, même ceux qui ne pouvaient pas aller au cinéma avant Peacemaker. Et c’est vraiment la raison. »
La saison 2 de Peacemaker débute sur HBO Max le 21 août, et les liens avec Superman sont là dès le premier épisode. Mais ça n’enlève pas la question à mille points : le film de James Gunn a-t-il été un vrai et beau succès au box-office ?
Les muscles pour faire plier SupermanMAKE SUPERMAN GREAT AGAIN
Après un bon mois en salles, Superman a encaissé dans les 585 millions au box-office mondial, et ça mérite de ressortir l’adage du verre à moitié vide ou à moitié plein pour déchiffrer la situation.
Le verre à moitié plein : c’est mieux que les récents Marvel Captain America 4 (415 millions) et Thunderbolts* (382 millions), ou les derniers films de la marque DC comme Aquaman 2 (440 millions), Black Adam (393 millions), The Flash (271 millions), Joker : Folie à deux (207 millions), Shazam 2 (134 millions) et Blue Beetle (130 millions).
C’est un score également comparable à F1 (575 millions actuellement), Mission : Impossible – The Final Recocking (595 millions) et Dragons (623 millions), derrière les poids lourds Jurassic World : Renaissance (plus de 800 millions actuellement), Minecraft (955 millions), Lilo & Stitch (1 milliard), et le rouleau compresseur chinois Ne Zha 2 (plus ou moins 2 milliards, selon les sources).
Superman au box-office nord-américain
Mais le meilleur atout de ce Superman est le box-office nord-américain, territoire majeur où un studio hollywoodien récupère le plus sur les recettes. Le film y a encaissé plus de 334 millions, soit un score très solide comparé à Batman v Superman (330 millions), Les Gardiens de la galaxie (333 millions), Spider-Man Homecoming (334 millions), Aquaman (335 millions), Thor : Love and Thunder (343 millions), ou encore Les Gardiens de la galaxie 3 (358 millions).
Et bien sûr, c’est au-dessus de Man of Steel (291 millions). Superman est donc un réel succès au box-office nord-américain. Le problème, c’est dans le reste du monde.
Superman au box-office dans le reste du mondeWORLD WAR S
Ailleurs, au box-office dit international, c’est le verre à moitié vide puisque Superman atteint péniblement les 250 millions. C’est un score faiblard, très loin de Man of Steel (379 millions), et à des années-lumière de succès chez DC comme Batman v Superman (544 millions) et Aquaman (816 millions). On est au-dessus des chiffres misérables de The Flash (163 millions), Thunderbolts* (192 millions) et Captain America : Brave New World (214 millions), mais on peut rigoler en se souvenant qu’Aquaman 2 (315 millions) avait fait mieux.
Avec 250 millions à l’international, Superman se situe également très loin des autres gros films de 2025 comme F1 (396 millions), Mission : Impossible – The Final Reckoning (398 millions), Dragons (361 millions), ou encore Jurassic World 4 (473 millions). Le score faiblard en Chine a été très commenté mais il est bon de rappeler que ce marché est désormais nettement moins hospitalier pour les films américains, donc Superman n’y échappe pas, et les 63 millions de Man of Steel semblent loin.
Autrement dit, il y a un énorme déséquilibre entre le box-office nord-américain et le reste du monde. Si Superman avait autant marché à l’international qu’aux États-Unis, il aurait été un très beau succès. En l’état, le constat est bien plus tiède. Le film de James Gunn s’approche doucement des 600 millions mais de toute évidence, il n’atteindra pas les 670 millions de Man of Steel, en 2013.
James Gunn qui tweete pendant que son film sort en ChineHOLLYWOOD CHEWING GUNN
Avant la sortie, James Gunn avait affirmé que les attentes des gens sur le box-office étaient excessives, dans une interview avec GQ :
« Est-ce qu’on joue gros ? Oui, mais pas aussi gros que ce que les gens en disent. Ils entendent ces chiffres, selon lesquels le film sera un succès uniquement si ça fait 700 millions ou quelque chose, et c’est juste complètement n’importe quoi. Ça n’a pas besoin d’être une situation aussi énorme que ce que les gens disent. »
Après la sortie, le réalisateur de Horribilis et Super avait néanmoins confirmé chez Rolling Stone que le film avait du mal à s’imposer en dehors des États-Unis, tout en continuant à y croire :
“C’est sûr que ça se passe beaucoup mieux au marché domestique qu’au marché international. Mais ça commence tout de même à se réveiller à l’étranger, avec des chiffres du week-end aussi bons que ceux d’ici. Ça veut dire que le bouche-à-oreille est très bon, aussi bien aux États-Unis qu’ailleurs, et c’est le plus important. En parallèle, il y a des pays où le film fait une très bonne performance, comme au Brésil et en Angleterre.”
Les salles de cinéma qui diffusent Superman hors-USA actuellement
Le réveil international n’a pas été fameux. Faut-il pour autant clamer que c’est un échec commercial ? Probablement pas. Il y a un monde de nuances et de tiédeur entre les gros succès et les énormes bides, et Superman semble destiné à y rester. Ce qui représente, au fond, une forme d’échec symbolique pour un tel film et une telle marque.
Avec son budget officiel estimé à 225 millions de dollars auxquels il faut ajouter le budget marketing (125 millions selon Variety, plus selon The Hollywood Reporter), Superman a coûté un peu moins cher que Man of Steel (plus de 250 millions selon Deadline), mais reste dans la fourchette relativement haute des blockbusters.
La célébration du succès de Superman est-elle forcée ? Probablement, mais c’est la loi hollywoodienne, et Warner Bros. et DC Studios n’avaient pas vraiment le choix. Avec Supergirl déjà tourné et pléthore de projets dans les tuyaux, il aurait fallu un cataclysme indiscutable au box-office pour que tout soit stoppé, et que l’humiliation publique soit la seule option. Là, avec un score ok-mais-sans-plus, tout reste à jouer. Et le poids sur les épaules des pauvres Supergirl et Clayface, qui n’ont rien des premiers de la classe, semble désormais énorme. Réponse en 2026, au cinéma.