L’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie, la Suède, le Royaume-Uni, le Japon, Hawaï et les États-Unis… Une liste interminable de pays et trois continents différents : ce ne sont pas ses destinations rêvées mais bien celles qu’il a déjà eues le privilège de découvrir, avant même sa majorité. « Il », c’est Eliot Duclos, 16 ans et originaire de Rennes. Et c’est surtout un talentueux dresseur de Pokémon, ces petites créatures – parfois effrayantes, souvent mignonnes – du célèbre dessin animé japonais.
Sélectionné pour ses quatrièmes championnats du monde de Pokémon, à Anaheim, près de Los Angeles (États-Unis), entre le vendredi 15 et le dimanche 17 août, il sera l’un des cent joueurs de la catégorie 13-16 ans du Vieux Contient à y participer. Le jeune Breton se dit d’ailleurs « chanceux » de compter sur le soutien moral et financier de ses parents pour vivre sa passion à l’autre bout du monde. Septième meilleur joueur européen, il a reçu 5 000 dollars d’aides, soit 4 282 euros, grâce à son classement parmi les vingt-deux meilleurs du continent.
Avec sa famille, il met un point d’honneur à s’imprégner de la culture des pays qu’il visite au gré des compétitions. Parti en camping-car avec ses proches un peu moins de deux semaines avant le Mondial, il a découvert quelques-uns des plus beaux parcs nationaux du pays de l’Oncle Sam. Principalement dans l’Utah mais aussi dans l’Arizona, où il a pu visiter le Grand Canyon, le plus connu d’entre eux. Pas de Pikachu, de Salamèche ou de Rondoudou ici, mais un paysage à couper le souffle, des roches en forme d’arches, des immenses cactus et des animaux de toutes sortes.
Il maitrise déjà très bien l’anglais
Bercé, depuis ses 7 ans, par l’univers des Pokémon, avec lequel il s’est familiarisé lors de la foire-expo de Rennes, en 2016, il a d’abord disputé des petits tournois locaux dans l’anonymat le plus complet, avant de se faire connaître et de pouvoir faire son entrée dans le circuit européen, à Tours, en 2018. À seulement neuf ans, donc. « J’ai toujours aimé les jeux de stratégies, esquisse-t-il. Trouver les cartes parfaites, les bonnes synergies, anticiper les coups de mes adversaires, ça me passionne. »
Eliot Duclos devant la gigantesque enceinte qui accueillera près de 500 participants à Los Angeles. (Photo fournie par la famille Duclos)
Les Pokémon ne sont pas qu’un passe-temps ou un loisir de cours de récréation : c’est en quelque sorte son mode de vie, sa manière de s’évader de son quotidien de lycéen, une fois le cartable rangé. Capable de s’adonner à sa passion « jusqu’à deux heures par jour » et souvent pris par des compétitions le week-end, il a développé des « qualités d’anticipation et de réflexion », en plus d’un certain goût pour les mathématiques et la langue de Shakespeare, qu’il maîtrise aujourd’hui très bien. « Mais je n’ai aucune idée de ce que je veux faire plus tard, note-t-il. Peut-être un métier orienté vers l’ingénierie ou l’économie. »
Difficile, en revanche, de vivre de cette passion : les heureux élus sont peu nombreux et développent souvent des activités annexes, comme le coaching ou le « streaming », afin de subvenir à leurs besoins. Mais Eliot Duclos a plus d’une carte dans son jeu.
« Quitte ou double » pour les championnats du monde
« Je vais partir avec un « deck » (un jeu de cartes) risqué, donc c’est quitte ou double. » Voilà l’état d’esprit d’Eliot Duclos à l’heure d’aborder le championnat du monde dans la cité des Anges. « Comme j’ai déjà fait ce que je voulais l’an dernier, je veux simplement prendre du plaisir, faire la meilleure performance possible. » Ses objectifs ? « Se qualifier pour le deuxième jour de la compétition » et « terminer dans le Top 16 de sa catégorie d’âge ».