Posted On 11 avril 2025
La contestation contre les ZFE monte dans toute la France, alors que les parlementaires vont prochainement débattre et décider ou non de leur suppression après un vote en ce sens en commission fin mars.
Face à la gronde, Piolle tente une nouvelle posture pour faire mine de ménager la chèvre et le chou alors qu’il appuie depuis des années de toutes ses forces pour une ZFE qui va plus vite, plus loin, plus fort.
« UN OUTIL NÉCESSAIRE » POUR PIOLLE
Invité de RMC ce mercredi, Éric Piolle s’est évidemment à nouveau fait le défenseur des ZFE, en estimant qu’il s’agit d’un « outil nécessaire » pour la lutte contre la pollution. Evidemment en mettant de côté toutes les failles d’une telle mesure pour l’environnement : la classification crit’air ne tient pas compte de la pollution réelle d’un véhicule mais ne se base que sur l’ancienneté, ce qui conduit certains véhicules à être interdits alors qu’il polluent moins que d’autres autorisés…
Piolle sur RMC mercredi matin.
L’EXTERNALISATION DE LA POLLUTION
… et il y a un effet d’accélération de l’obsolescence qui conduit à externaliser la pollution. On envoie ainsi au rebut des véhicules vieillissants mais pouvant encore rouler pour en fabriquer de nouveaux… avec un impact environnemental tout autre, l’extraction de matériaux rares pour les véhicules les plus récents étant très polluante. Mais tout va bien puisque cette pollution touche alors les pays précaires où a lieu l’activité de minage, bien éloignés des yeux des Verts partisans des ZFE.
LA VIEILLE FICELLE DES MORTS DE LA POLLUTION
Pour justifier son propos, Piolle a à nouveau entonné le couplet de la pollution de l’air et ses « 40 000 morts » par an (tantôt c’est 50, tantôt 40) en France et « un mort par jour à Grenoble » (tantôt c’est 130, tantôt 300..). Vieille ritournelle des marchands de peur par électoralisme : il ne s’agit évidemment pas de cadavres jonchant les trottoirs, mais d’un résultat issu d’une formule statistique estimant une perte d’espérance de vie de 4 à 7 mois en raison de la pollution de l’air pour tous les français, sauf pour les quelques % qui vivent dans les territoires les moins pollués…
Tout de suite moins choc que de convertir ça artificiellement en « morts ».
POUR PIOLLE, LA ZFE « PROTÈGE »
Toujours sans surprise, le Maire Vert a retenté d’inverser le sujet pour faire croire que la ZFE « protège les plus modestes » puisqu’ils vivent dans les agglomérations. L’argument parle peut-être aux bobos pour qui les problèmes financiers n’existent pas, mais pendant ce temps les plus modestes sont justement les plus touchés par la mesure puisqu’ils ont les véhicules les plus vieillissants et n’ont pas forcément la capacité financière d’en changer.
L’exemple de Montpellier, municipalité et métropole de gauche qui rétropédale, consciente de tous les problèmes que pose la ZFE. La métropole (verte !) de Strasbourg suit la même voie.
LA ZFE « INSUPPORTABLE » MAIS IL NE FAUT PAS LA SUPPRIMER !
Au micro d’Apolline de Malherbe, il a donc tout de même été forcé de reconnaitre que « sans mesures sociales, évidemment que ça devient insupportable ». Mais pour ajouter presque immédiatement, dans une formule douteuse, qu’on « ne peut pas jeter l’air du bébé avec l’eau du bain ». Comprendre : c’est insupportable mais ne laissons pas aux pauvres d’autre choix que de le supporter. Ça a au moins le mérite d’être clair.
L’USINE À GAZ GRENOBLOISE
Face à un auditeur, commerçant propriétaire d’une twingo qui roule peu, il a ensuite vanté le fait qu’à Grenoble il existe une dérogation « petits rouleurs » pour que ceux qui font moins de 5000km par an puissent circuler sans changer de véhicules. Il a aussi égrené la longue liste de dérogations qui font de notre ZFE une usine à gaz incompréhensible et tout de même très restrictive pour beaucoup, tout en les jugeant « nécessaires ». Et c’est là que toute l’hypocrisie du personnage se révèle.
LA NOUVELLE POSTURE NATIONALE DE PIOLLE…
Car si il tente une posture de conciliation pour son image nationale sur RMC, au niveau local, les Piollistes ont toujours refusé le dispositif à dérogations du Président de la métropole Christophe Ferrari. Depuis des années, ils défendent une ZFE permanente, sans dérogations, qui touche tout le monde, avec un calendrier d’interdiction autrement plus brutal : ils rêvent d’une une sortie du diesel en 2028 et de l’essence en 2030.
Autre réécriture de l’histoire que Piolle a même relayé sur son compte X : à Grenoble, les écolos n’ont jamais « défendu de ZFE juste » en fonction du poids des véhicules. Ils militent pour un dispositif qui écarte toutes les voitures sans distinction.
… NE COLLE PAS AVEC SA POSTURE LOCALE
Et ce malgré les alertes répétées de l’opposition sur le manque d’aides et d’alternatives. Pas un sujet pris en compte par les Verts/LFI locaux alors que Piolle fait mine de le déplorer par stratégie politicienne sur une télé nationale. Son zélé adjoint Vincent Fristot (Verts/ADES) lançait dans le Dauphiné en 2022 : « nous ne voulons pas d’une ZFE miniature », fustigeant tout retard de calendrier et toute dérogation. Une autre adjointe, Chloé Pantel (Verts/LFI) exhortait quant à elle : « on ne doit pas hésiter, il ne faut pas traîner des pieds ! ». Et tant pis pour les plus modestes.
À LA MÉTRO, LES ROUGES SE PRENNENT LES PIEDS DANS LE TAPIS
À la métro vendredi dernier, le sujet s’est rapidement invité sur la table par un voeu mal ficelé du groupe communiste (finalement retiré tant la majorité métropolitaine est incapable de s’accorder sur le sujet). Sentant le vent tourner, ils ont tenté de réclamer par la voix de Jacqueline Madrennes (PC) « des moyens pour les transports collectifs accompagnant la suppression de la ZFE ». Contorsions pour soutenir du bout des lèvres la suppression sans trop le dire tout de même.
Le président du groupe d’opposition Alain Carignon a vivement réagi, fustigeant l’incohérence d’un groupe qui a voté toutes les mesures mettant en place la ZFE pour finalement tenter un rétropédalage sous la pression populaire ; ou qui prône la gratuité des transports après avoir élaboré et voté un Plan de Déplacements qui prévoit que les usagers payent encore à l’horizon 2030 !
L’intervention d’Alain Carignon en conseil métropolitain.
LE VOTE DES GRENOBLOIS PEUT CHANGER LES CHOSES
Si les parlementaires choisissent finalement de ne pas supprimer les ZFE au niveau national, les Grenoblois ne sont pas pour autant condamnés à subir. En mars 2026, leur vote pourra changer la donne. Alain Carignon s’est engagé à supprimer l’interdiction des Crit’Air 3 dès le 1er juillet 2026 en cas d’élection. Et ça ne dépend que de nous puisque Grenoble n’est plus soumise à l’obligation de ZFE liée aux seuils de pollution.
Au moins c’est clair et sans contorsions.