Alors que les cas de cancer du pancréas explosent en France, un nutritionniste tire la sonnette d’alarme : un métal lourd omniprésent dans notre alimentation pourrait en être l’un des principaux responsables.

Rare, discret, mais redoutable. Le cancer du pancréas gagne du terrain à une vitesse préoccupante, surtout en France. En 2023, Santé Publique France a recensé 16 000 nouveaux cas, soit une hausse de 3 % par an. Ce rythme est deux fois plus rapide qu’ailleurs en Europe.

Certes, les facteurs classiques comme le tabac ou l’obésité sont en cause. Mais un ennemi bien moins visible attire l’attention des experts. Le docteur Arnaud Cocaul, nutritionniste, dénonce le rôle du cadmium, un métal lourd présent dans notre alimentation. Selon lui, « il est responsable de l’explosion d’une partie des cancers du pancréas ».

Femme souffrant de douleurs abdominales lors d'une consultation avec un gastro-entérologue © Shutterstock

Femme souffrant de douleurs abdominales lors d’une consultation avec un gastro-entérologue

Le cadmium, un cancérogène dans presque tous nos placards

Le cadmium, classé cancérogène certain pour l’homme, est utilisé dans les engrais phosphatés agricoles. Une fois répandus, ces produits contaminent les cultures que nous consommons quotidiennement. Ainsi, le Dr Cocaul précise à Yahoo que le cadmium se retrouve « plus spécifiquement dans les pâtes, dans les pommes de terre, les biscuits, que ce soit salé ou sucré, les chocolats ».

Mais ce n’est pas tout. Ce métal toxique est aussi présent dans les légumes, crustacés, mollusques, céréales, abats et barres de céréales. Il s’accumule lentement dans notre corps, affectant les reins, les os et les voies respiratoires.

D’après une étude parue dans le European Journal of Epidemiology, les cas de cancer du pancréas augmentent dans les zones où les agriculteurs utilisent massivement des pesticides. Cette étude, basée sur plus de 130 000 cas entre 2011 et 2021, révèle que 99 % des Français sont exposés à ces substances. Chez les plus jeunes, le constat est tout aussi inquiétant : « 36 % des enfants français de moins de trois ans dépassent les doses journalières admissibles de cadmium », affirme le Dr Cocaul.

Des lobbies dénoncés par un médecin

En grande partie, cette situation s’explique par l’origine des engrais utilisés en France. Le pays importe des roches phosphatées très riches en cadmium, principalement du Maroc. Malgré les recommandations de l’ANSES et de la Commission européenne de limiter la teneur à 20 mg/kg, la France autorise encore jusqu’à 60 mg/kg.

En juin 2025, plusieurs médecins libéraux ont alerté les autorités. Pourtant, le Dr Cocaul dénonce un blocage politique persistant : « comme toujours en France, on est toujours avec des lobbies qui sont derrière et font en sorte que ça freine toute évolution, toute contrainte sur les industriels ».

Technologie EGD pour le dépistage du cancer © Shutterstock

Technologie EGD pour le dépistage du cancer

Prévenir le cancer du pancréas grâce à l’alimentation et à la génétique

Pour limiter l’exposition au cadmium, le Dr Cocaul recommande une alimentation bio et traçable. Il conseille d’éviter les produits transformés issus de l’agriculture conventionnelle. Il ajoute que les pâtes italiennes sont à privilégier car les fabricants utilisent des engrais moins chargés en cadmium que ceux importés du Maroc.

En parallèle, des chercheurs américains explorent une autre piste prometteuse. Une étude menée par l’Université de San Diego a mis en évidence une signature génétique appelée STRESS. Cette empreinte permettrait de repérer les patients les plus sensibles au cancer du pancréas. David Cheresh, co-auteur de l’étude, explique : « un nombre important de patients sont ce que nous appelons ‘inductibles’ pour ces gènes STRESS ».

À terme, cette découverte pourrait bouleverser la manière de soigner cette maladie. Cheresh précise que l’objectif est de « prédire le comportement futur de la tumeur et de développer des stratégies de traitement plus efficaces ».

La France, premier utilisateur de pesticides en Europe, fait face à une véritable alerte sanitaire. Le lien entre alimentation, environnement et cancer du pancréas ne peut plus être ignoré. La prise de conscience est désormais urgente, pour protéger la santé des citoyens comme celle des agriculteurs.