Par

Marie Lamarque

Publié le

15 août 2025 à 17h13

« On sent une énorme grogne », soulève Thierry Leborgne, pharmacien à Toulouse et co-président Haute-Garonne au sein de l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO). À l’entrée de son officine, des affiches annoncent depuis plusieurs jours le mouvement prévu pour ce samedi 16 août 2025 : « Fermeture exceptionnelle. Votre pharmacie ferme un jour… pour ne pas fermer pour toujours ».

Et il sera loin d’être le seul à laisser le rideau baissé. Dans la Ville rose, « on sera environ 80%, voire un peu plus« , explique-t-il, ce vendredi, à Actu Toulouse. En comptabilisant ce jour férié du 15 août et le dimanche 17 août, cela fera donc trois jours de fermeture cumulés. L’objectif ? Alerter le gouvernement et mettre en avant le rôle de proximité des pharmacies dans l’accès aux soins.

D’où est parti le mouvement ?

Dans un contexte où le gouvernement prévoit 1,7 milliard d’euros d’économies sur les dépenses de santé en 2025, dont 500 millions visant le médicament, c’est un arrêté ministériel, publié le 4 août dernier, qui avait mis le feu aux poudres. Il entérine la baisse des remises commerciales que les laboratoires peuvent accorder aux officines sur les médicaments génériques.

Une façon d’encourager la distribution de ces produits, moins chers que les médicaments sous brevet. Les remises consenties par les laboratoires aux pharmacies peuvent atteindre jusqu’à présent 40 % du prix fabricant hors taxes.

Le nouvel arrêté fixe, à compter du 1ᵉʳ septembre, les plafonds des remises commerciales à 30 % pour les médicaments génériques et prévoit des baisses successives à 20 % en 2027.

Vidéos : en ce moment sur Actu« Pendant deux ans, on se prend des claques »

« C’est la première fois qu’on nous dit qu’il faut travailler autant, pour gagner moins. D’habitude, c’est pour gagner pareil », réagit Thierry Leborgne. Pendant deux ans, tous les six mois, on se prend des claques. On nous demande de vendre les génériques moins cher, mais nous, on doit les payer plus cher. Qu’est-ce que je suis censé faire ? », questionne le pharmacien.

Pour lui, c’est un vrai coup qui est donné à une profession déjà mise à mal par le manque de médecins généralistes. « Cela fait 20 ans que je suis à Toulouse, 30 ans que je travaille en pharmacie. J’ai vu le métier évoluer. On a de plus en plus de travail à côté. Ce qui est très intéressant. Mais on a des charges à payer, une entreprise à faire tourner. Demain, on ne pourra plus le faire », explique-t-il.

D’autres actions à la rentrée

À terme, la profession craint la naissance d’un désert pharmaceutique en France. Une pétition a été diffusée afin d’alerter le gouvernement. 

Interrogée par Actu Toulouse, Marie-Dominique Hémain, présidente de l’USPO d’Occitanie, indiquait que d’autres mouvements de protestation suivront à la rentrée. « Ce n’est que le début. Tout le monde est en colère », prévenait-elle.

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