S’il n’arbore plus son chapeau trilby à bord court, son veston en tweed (porté sur une chemise blanche) lui donne toujours un petit côté dandy so British… Même combiné à un bermuda rouge et des baskets bleues! Neuf ans déjà que Charlie Winston a fait le choix, comme il nous l’explique dans un français quasi-impeccable, de s’établir sur la French Riviera, à Villeneuve-Loubet. Pour les beaux yeux d’une Azuréenne originaire de Cagnes-sur-Mer devenue son épouse et la mère de leurs deux enfants, âgés de 8 et 11 ans. « Nous nous sommes rencontrés en 2011 à Los Angeles, rembobine-t-il, et pendant deux ans, elle m’a suivi en tournée! Nous n’avions pas d’adresse fixe. On a vécu ensuite un peu à Paris, avant de nous installer dans une maison à Londres. Constamment emplie d’une bande de musiciens et d’amis. Pas évident pour la vie de famille. Et pour elle qui a grandi avec les montagnes, le soleil, la plage, c’était difficile de vivre dans cette grisaille, tout en étant confrontée à une mentalité très différente. »
Son cercle d’amis azuréens
Cap alors sur la Côte d’Azur, où le hobo (vagabond en anglais) a enfin posé ses valises, et sa guitare, en 2016. Et a dû à son tour s’adapter: « Cela m’a pris un bon moment pour comprendre les différences entre les deux cultures. Et à présent je suis très content, parce j’ai désormais mes propres amis ici, pas seulement ceux de ma femme. Cela m’apporte un équilibre essentiel, entre deux tournées. La seule chose qui me manque par rapport à Londres ou une grande ville en général, c’est la créativité musicale, le fait de pouvoir assister à énormément de concerts. Mais j’ai fait un travail sur moi pour accepter que mon existence avait changé, y compris de ce point de vue là. La vie est un mystère… On croit la contrôler, mais il n’en est rien! »
Son enfance dans une ambiance de fête permanente
Et d’ajouter: « Quand on accepte ça, c’est plus facile. Vous savez, j’ai été élevé dans l’idée de procurer de la joie autour de moi. Mes parents étant chanteurs, j’ai grandi dans un hôtel où il y avait toujours une ambiance très festive, car il y avait deux salles de spectacle, deux restaurants, et deux bars. J’assistais à des mariages, des représentations de théâtre, des concerts et même à des spectacles de cabarets avec des danseuses de French Cancan, lors des soirées à thème sur la France à l’occasion desquelles on mangeait des escargots et des cuisses de grenouilles. » Un avant-goût de sa vie de l’autre côté du Channel. Et une enfance atypique, une vie de « saltimbanque » tournée vers le public, qui explique sans doute sa propension et son aisance pour établir une connexion en accéléré avec celui-ci.
Un nouvel opus fin 2025
Comme on l’a une fois de plus constaté depuis le début de sa tournée, à guichets fermés, qui le mènera de nouveau par chez nous le 15 novembre à la Seyne-sur-Mer. Multi-instrumentiste – guitare, basse, batterie, piano – tout comme ses musiciens, Charlie Winston a embarqué le public avec son énergie généreuse et ses mélodies entêtantes, entre rythmes entraînants et ballades intimes. En attendant de nous faire découvrir, d’ici à la fin de l’année, son nouvel opus: Love isn’t easy. Dont un premier single, Never enough, est sorti au mois de mai. Après plus de deux ans passées sur les routes, Charlie Winston s’est en effet replongé en studio pour écrire son sixième album. Entouré de François Lasserre à la guitare, Louis Sommer à la basse et Noé Benita à la batterie, Charlie nous a concocté ce voyage intime porté par des grooves lumineux.
L’amour sous toutes ses formes
Dans cet opus, cet artiste sensible explore l’amour sous toutes ses formes: celui que l’on partage, celui que l’on construit, et celui, surtout, que l’on apprend à accorder à soi-même. « Cet album raconte une histoire d’amour. Pas une romance éphémère, mais une relation profonde qui se construit lentement. Il évoque le début, le milieu et la fin potentielle de l’histoire de deux personnes. Mais il parle aussi de l’amour de soi. Après tout, n’est-ce pas là que se mesure la qualité de toutes les relations personnelles? Et y parvenir, cela demande beaucoup de patience et de courage. La facilité, c’est de se laisser aller à des actions négatives dictées par la peur. »
Savoir+
Charlie Winston. Samedi 15 novembre à 20h30. Centre culturel Tisot. Tarif: 27,50 euros. Rens. 04.94.06.94.77. www.la-seyne.fr
Personnalité plus complexe qu’on ne pourrait le supposer, Charlie Winston se dévoile plus qu’il n’y parait en chanson. La preuve, par trois titres.
1) « Exile » (extraite de l’album « As I am », réalisé par Vianney en 2022)
« C’est une chanson qui évoque trois choses dans ma vie. L’exil d’abord, lorsque je me suis établi sur la Côte d’Azur avec ma femme, qui a grandi ici. C’était aussi une forme d’exil vis-à-vis de ma musique, parce que je suis beaucoup plus célèbre ici que je ne le suis en Angleterre. J’ai un ami qui est venu me voir à Roquebrune-sur-Argens, lorsque j’y ai donné un concert. Il s’attendait à voir 500 personnes, il a été époustouflé d’en voir des milliers! Cela a été difficile pour moi de comprendre, de lâcher prise, de rompre d’une certaine façon avec mon enfance. Maintenant c’est fait, je suis devenu un expatrié. Dans ce morceau je confesse que je ne suis plus vraiment un sujet britannique, que je suis ‘‘frenglish’’. Et je suis fier de parler votre langue, même si c’est facile pour moi, étant donné que mon épouse est française. Cette chanson parle, enfin, de mon succès dans une famille de musiciens, une autre forme d’exil. »
2) « Like a hobo » (extraite de l’album « Make way », sorti en 2007)
« Souvent les gens me demandent si c’est ennuyeux pour moi de chanter encore ce titre, alors que c’est vraiment une chanson que je ne me suis jamais lassé d’interpréter. Et j’en suis très heureux. Tout comme Boxes, extraite du même album, elle dit beaucoup de moi et de ma vie. De mes valeurs, celles qui m’ont été transmises par mes parents. À commencer par la ténacité. »
3) « Uncounscious » (« As I am »)
« Cette chanson évoque ce qui a vraiment été un miracle dans ma vie, une renaissance. En 2016, j’ai quitté la musique. Je ne pouvais plus envisager de retourner sur scène avec toutes les douleurs terribles dans le dos que j’ai éprouvées durant les tournées. J’ai tout essayé pour résoudre ce problème, les médicaments, les massages, le yoga. Mais en fait le problème n’était pas dans mon corps, c’était dans ma vie, c’était dans ma tête, dans mes traumatismes. Comme cela arrive à chacun de nous au moins une fois dans sa vie d’avoir un problème psychosomatique. En particulier au milieu de sa vie, parce qu’il y a beaucoup plus de responsabilités. Et j’ai surmonté la douleur grâce à une méthode qui consiste à remonter aux origines émotionnelles de celle-ci pour mieux s’en libérer. »