Derrière les grandes baies vitrées de la résidence autonomie des quartiers Aubiers-Ginko, au nord de Bordeaux, les plantes de la terrasse ploient sous la chaleur caniculaire, en ce jeudi 14 août. À l’intérieur, dans la lumineuse salle à manger, une vingtaine de personnes âgées se réjouissent du repas qu’elles vont partager bien au frais. Certains habitent ici dans leurs appartements individuels. D’autres logent seuls dans le quartier et profitent ici des salles communes climatisées qui constituent l’échoppe Suzanne-Lacore. Les échoppes, gérées par la municipalité, sont ouvertes toute l’année de 10 h 30 à 17 h 30 et proposent des activités dès 2 euros par mois, et un déjeuner complet à partir de 2,70 €. Et durant la canicule, le personnel, avec parfois en renfort des « agents de la Ville mobiles », est d’autant plus à l’écoute du public vulnérable à la chaleur.

Programme adapté à la canicule

Du tricot à la gymnastique, des sorties à Bordeaux-Lac aux musées, les seniors ont accès à diverses activités tout au long de l’année. Pour certains, cela leur permet de renouer avec « ce qu’ils n’osent pas faire seul », selon Marine Dubrulle, directrice de la résidence autonomie Alfred-Smith, et de permanence ici ce jeudi. Mais avec la canicule cette semaine, seules les activités intérieures sont maintenues. La solidarité est, elle, bien renforcée : « On prend plus de nouvelles au téléphone des personnes isolées qui fréquentent parfois l’échoppe, on les invite à venir y passer. Et si besoin, on peut ouvrir plus tard, le temps que la température redescende à l’extérieur et que ceux qui sont venus ici puissent rentrer en sécurité chez eux. »

Une des principales assurances qu’offrent ces échoppes, c’est celle d’avoir accès à un repas équilibré peu cher. C’est la principale motivation d’Yvette et François. Tous deux ont la soixantaine et habitent aux Aubiers. L’une a une retraite de 1 000 euros par mois, l’autre, diabétique, n’a pas les moyens d’avoir chez lui tous les apports nutritifs. Car Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire chargé du service public de l’habitat le rappelle, « le vieillissement de la population et son isolement sont plus forts dans les quartiers populaires ».

Une résidente, heureuse de trouver de la fraîcheur et de la convivialité auprès du personnel de l’établissement.

Une résidente, heureuse de trouver de la fraîcheur et de la convivialité auprès du personnel de l’établissement.

Laurent Theillet/SO

Un lieu de rencontres

Yvette est « un peu stressée » chez elle, sans clim. Pour se prémunir de la canicule, elle répète les bons gestes, qu’on lui a aussi rappelés ici : « Fermer les volets, aérer, boire beaucoup d’eau… » Complètement autonome, elle a surtout besoin de la présence du personnel de la résidence Aubiers-Ginko, « très gentil ». Réciproquement, elle « aime bien venir ici pour rencontrer d’autres personnes âgées, pour voir si [elle peut] les aider ». Ainsi prend-elle soin de sa nouvelle amie Nicole, assise en face d’elle lors de ce calme déjeuner.

Car les 25 échoppes seniors de Bordeaux ont surtout pour objectif de « créer des moments conviviaux », souligne Marine Dubrulle. Situées au sein de résidences autonomie ou bien dans des lieux publics dédiés, les échoppes séniors compteront une 26e adresse dans le quartier du Belvédère en 2026.