REPORTAGE – À Martillac, en Gironde, deux associés ont décidé de combattre les moustiques, depuis quatre ans. Après avoir étudié leur comportement, ils interviennent chez les particuliers pour leur proposer les solutions les plus efficaces. Un marché en pleine expansion.
Ils bourdonnent, piquent, et s’invitent sans gêne dans nos soirées estivales : les moustiques prolifèrent un peu partout en France. Avec l’épisode de canicule actuel, leur nombre explose.
En 2021, pendant la période du Covid, Denis Junqua, habitant de Martillac (Gironde), a vécu un enfer. «C’était un été extrêmement chaud, similaire à celui d’aujourd’hui. Je ne pouvais pas vivre. Je ne pouvais pas profiter de mon jardin tellement il y avait de moustiques. C’était une horreur», se souvient-il. Depuis, le Girondin a décidé de leur déclarer la guerre. Travaillant dans le marketing, il décide, avec son associé Jérôme Duprat, de fonder la société Génostique. «On a eu nos premiers clients, et on s’est rendu compte que des gens étaient à bout. Ils n’avaient pas les solutions. Certaines personnes voulaient vendre leur maison avant qu’on intervienne», raconte Denis Junqua.
Les deux associés ont décidé d’étudier le comportement des moustiques, pour mieux les comprendre. «En hiver, on récolte des larves et on les laisse dans des cages spécifiques, puis on les laisse croître. Cela permet de nous donner une petite idée du temps de fécondation des larves jusqu’au moustique adulte. Ensuite, on teste les produits les plus efficaces. Quand nous sommes en intervention chez les clients, on propose un diagnostic pour analyser l’environnement dans lequel ils vivent, et leur proposer les meilleures solutions.»
Dioxyde de carbone et odeur corporelle
Les deux entrepreneurs proposent plusieurs niveaux d’intervention. «On fait du traitement classique avec des pulvérisateurs, mais on propose aussi d’installer des pièges.» Le piégeage, la solution sur le long terme qui semble être la plus efficace pour ne plus être embêté par ces nuisibles volants. Une boîte d’un mètre de haut, installée dans un jardin, va émettre du dioxyde de carbone, ce à quoi les moustiques sont très sensibles, mais aussi des diffuseurs d’odeurs corporelles, comme l’acide lactique.
Les moustiques sont attirés vers le sachet et meurent sur le coup.
Clément Arion / Le Figaro
«Quand ils s’approchent, ils sont immédiatement pris au piège dans un sachet de thé, qui a une odeur de vieux sac de football qui n’a pas été lavé», sourit Jérôme Duprat. «Comme le moustique ne vole pas très haut, il se fait aspirer dans les bouches qui sont à 30 centimètres du sol.» Bilan : dans un rayon d’une quinzaine de mètres, l’«attrape-moustiques» peut capturer jusqu’à 500 individus en deux semaines. Évidemment, cela a un coût : 1500 euros pour une machine.
Denis Junqua et Jérôme Duprat ne s’en cachent pas. Le marché est «en pleine progression», selon eux. Et c’est notamment dû à la prolifération du moustique-tigre, présent dans 81 départements sur 96 au 1er janvier 2025, soit environ 84% du territoire métropolitain, selon Santé Publique France. En 2024, plusieurs nouveaux départements ont été colonisés, notamment la Marne, la Haute-Marne et la Haute-Saône. D’ici quelques années, tous les départements pourraient l’être selon les projections des spécialistes. «On fait de plus en plus appel à nous», avoue les fondateurs de Génostique.