Accusées de déranger la faune, de piétiner les sols et d’angoisser les troupeaux des agriculteurs, les rave, ou free party sont pointées du doigt. Les teufeurs, eux, assurent faire des efforts. Entre des discours qui divergent et des intérêts qui s’entrechoquent, aucune étude ne tranche ce débat. [1ère publication le 31/05/2025]

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Cet article est le quatrième d’une enquête en cinq parties : « La tête dans les enceintes », réalisée par les étudiant·es du Master 2 de journalisme de Sciences Po Rennes, publiée en mai 2025.

  1. ENQUÊTE SUR LES FREE PARTIES. « On va changer notre monde pendant quelques heures » : dans les coulisses de l’organisation
  2. ENQUÊTE. « Avec la drogue, je ressens physiquement les vibrations des caissons ». En free party, la transe avec ou sans substance
  3. ENQUÊTE. En free party, les violences sexistes minent la fête : « Il avait tenté de violer une femme, il a été laissé pour mort dans un fossé »
  4. ENQUÊTE SUR LES FREE PARTIES. Riverains excédés, agriculteurs à bout, élus dépassés : quand la répression cible le son
  5. ENQUÊTE. « Ils n’en ont rien à cirer ». Les free parties et l’environnement : le vert à moitié plein

« Va falloir me remplir ce sac-poubelle plus que ça, les gars ! » Il est 13h15 un dimanche, dans une zone industrielle du Mans (Sarthe), terre d’accueil d’une free party pendant le week-end du 1er mars 2025. Le son vient d’être coupé mais l’écho des basses bourdonne encore dans les oreilles. Un mélange d’odeurs chimiques et d’alcool pique légèrement le nez.

Marqués des excès de la veille, les corps de quelques danseurs se meuvent sans rythme au fond des deux hangars désaffectés investis pour la soirée. Sur le parking qui les relie, l’ambiance est au rangement.

Un homme, vêtu d’un dossard rouge « dealer d’info », se hisse sur une voiture et interpelle les fêtards : « S’il vous plaît, pour ceux qui restent, venez au bar à l’intérieur, prenez des gants et des sacs-poubelles et nettoyez le site. »

En un battement de cils, deux jeunes teufeurs encore debout, le teint blafard, cigarette au bec et bouteille d’eau dans la poche du pantalon cargo, s’activent. Ils sont rapidement imités par d’autres dans un ballet parfaitement exécuté. Gants en latex bleu enfilés et longue pince au bout des doigts, ils effacent canettes de bière, mégots, capsules, PQ et plastique de la surface du terrain.

La plupart des teufeurs avaient déjà mis les voiles avant l’appel. Mais pour Antoine, béret sur la tête et bracelet fluorescent en guise de boucle d’oreille, le coup de main va de soi. « Y’a un dicton en teuf qui dit : ‘Si tu ramasses pas ton PQ, te torches pas le cul. Repars avec tes poubelles et n’oublie pas tes potes’. » 

Le sien, c’est Teddy. Ensemble, ils n’ont pas attendu qu’on leur demande de l’aide. « C’est les orgas qui posent le matos, qui nous font passer une bonne soirée. On se doit de leur rendre la pareille au maximum, affirme Antoine. Même si c’est pas notre merde, on ramasse quand même, c’est pas grave. »

Les sacs-poubelles s'empilent à l'entrée du hangar principal. Les teufeurs les déplacent jusqu'à l'entrée du parking.

Les sacs-poubelles s’empilent à l’entrée du hangar principal. Les teufeurs les déplacent jusqu’à l’entrée du parking.

© Dorian Vidal – Sciences Po Rennes

Pour eux, l’entraide et l’autogestion font partie intégrante des valeurs du mouvement. Ils ne s’en cachent pas, ça leur laisse aussi le temps de dessoûler avant de reprendre la route. À 15 h, moment du départ, le site est comme neuf.

Souvent les maires sont surpris.

« On n’abandonne jamais des déchets sur place. Les fois où on n’y arrive pas, on revient les jours suivants pour récupérer ce qu’on a laissé. » Sur les grosses rave party, que le milieu préfère appeler free party lorsqu’elles ne sont pas autorisées, la musique est parfois coupée en cours de soirée pour inciter au nettoyage, avant que les enceintes ne soient rebranchées.

EN IMAGES. La Bretagne, terre de prédilection de la Rave Party ? https://france3-regions.franceinfo.fr/https://france3-regions.franceinfo.fr/bretagne/ille-et-vilaine/rennes/en-images-la-bretagne-terre-de-predilection-de-la-rave-party-2896358.html-2896358.html

Difficile de nier les efforts déployés. « Souvent les maires sont surpris », assure un fêtard qui souhaite rester anonyme. Les propriétaires des terrains utilisés illégalement pour les soirées partagent parfois cette réaction. Flora Van Valen, agricultrice d’origine néerlandaise et installée sur la commune de Grand-Fougeray, a traversé, non sans peine, trois épisodes de free parties en cinq ans.

Chaque lendemain, elle et son mari ont inspecté les lieux à la loupe, pensant tomber sur une déchèterie à ciel ouvert. « Il n’y avait rien. » Son intonation trahit encore son étonnement. « J’ai trouvé une seule capsule de bière, insiste-t-elle. Je ne sais pas comment ils font. »

Gants au bout des doigts et sacs-plastiques en main, les teufeurs ramassent les déchets et tiennent à laisser les lieux propres.

Gants au bout des doigts et sacs-plastiques en main, les teufeurs ramassent les déchets et tiennent à laisser les lieux propres.

© Dorian Vidal – Sciences Po Rennes

Pourtant, les teufeurs ont plutôt mauvaise presse quand il s’agit du respect de l’environnement. Les médias relaient les critiques portées par des riverains, des agriculteurs, des préfectures, des associations de protection de la biodiversité ou des parcs régionaux.

En mai 2024, Ouest-France titrait par exemple : « Rave party près de Saumur : des conséquences importantes pour la biodiversité du site. » Quelques mois plus tard, en août, le journal faisait mention de « dégâts sur l’espace naturel » occupé près du Thouarsais (Deux-Sèvres). Ces articles mentionnent des dommages dans un champ, dans une forêt ou dans un parc. Bref, hors des centres-villes.

Un enchaînement de textes juridiques a fait en sorte d’exclure les free parties des zones urbaines. Circulaire Pasqua en 1995 qui sévit au motif de « tapage nocturne ». Circulaire Intérieur-Défense-Culture en 1998 qui renforce le contrôle policier des fêtes non déclarées. Amendement Mariani en 2001 qui impose aux teufeurs d’obtenir une autorisation préfectorale quand auparavant une simple déclaration suffisait.

“Le tarmac, c’est génial, on évite l’embourbement”, 10 000 teufeurs réunis sur l’aéroport de Quimper https://france3-regions.franceinfo.fr/bretagne/finistere/quimper/le-tarmac-c-est-genial-on-evite-les-embourbements-10-000-teufeurs-reunis-sur-l-aeroport-de-quimper-2948135.html

C’est donc, contraint par ces décisions politiques, qu’une partie du mouvement s’est « clandestinisé » et a investi des lieux moins adaptés et moins sécurisés.

« Dans notre grande stratégie éducative en France, on a décidé de faire en sorte que ça n’existe plus et de chasser les jeunes. Évidemment ils ont continué à faire les choses mais différemment », ironise Christophe Moreau, sociologue à l’institut de recherche Jeudevi et auteur de la thèse La jeunesse à travers ses raves : l’émergence à la personne et sa régulation par le monde adulte : le cas des fêtes techno, publiée en 2002.

À la campagne comme en ville, les enceintes des teufeurs crachent du son à fond. Ce volume sonore préoccupe depuis quelques années les associations de protection de la nature. En 2021, le Parc naturel régional d’Armorique (PNR) et Bretagne vivante cosignent un communiqué dans lequel ils s’inquiètent de l’impact des fêtes clandestines sur la biodiversité. Ils pointent trois free parties organisées en juin de la même année dans le Finistère : à Brasparts, Brennilis et Loqueffret.

Ils alertent spécifiquement sur la dégradation d’une zone sensible : les Monts d’Arrée « qui abritent des espèces menacées et une grande partie des dernières landes de la région », ces tapis de bruyères, de fougères et d’herbes basses.

Si elle est effrayée, une mère chevreuil va préférer sauver sa peau que de s’occuper de son petit.

Vice-président de Bretagne vivante

L’association gère la réserve naturelle régionale des Landes du Cragou au sein des Monts d’Arrée tandis que le Parc est administrateur de ce site classé Natura 2000, une labellisation qui le place sous la protection européenne. Les deux institutions travaillent main dans la main sur ce secteur dans lequel trois espèces d’oiseaux seraient particulièrement sensibles aux nuisances sonores : le courlis cendré de Bretagne, le busard cendré et le busard de Saint-Martin.

De gauche à droite : Un courlis cendré dans la baie de Saint Brieuc, un busard cendré et un busard de Saint-Martin.

De gauche à droite : Un courlis cendré dans la baie de Saint Brieuc, un busard cendré et un busard de Saint-Martin.

© Colsu, Clément Bardot et Stephan Sprinz / Wikimédia Commons

Ces espèces d’oiseaux ne se reproduisent qu’entre avril et juillet, justement la saison durant laquelle les free parties sortent des hangars pour retrouver le monde extérieur. Mauvais timing pour Jean-Noël Ballot, vice-président de Bretagne vivante : « Ça n’aurait pas d’impact si ça n’avait pas lieu en période de reproduction. Mais là, on crée un dérangement maximal. »

L’ornithologue décrit les conséquences des soirées clandestines : « À cause du bruit et des vibrations, les parents abandonnent le nid pendant au moins 48 heures. Lorsqu’ils reviennent, les petits sont crevés car ils n’ont pas eu à manger. Donc la reproduction est finie pour l’année. »

Selon lui, les volatiles ne seraient pas les seules espèces à être menacées : « Si elle est effrayée, une mère chevreuil va aussi préférer sauver sa peau que de s’occuper de son petit. »

Depuis le communiqué d’alerte en 2021, la situation n’a pas changé et « aucune solution n’a été trouvée », note Jean-Noël Ballot. En 2022 et 2023, quatre free parties rassemblant plus d’un millier de teufeurs ont investi les Monts d’Arrée. L’une d’entre elles occupait la presqu’île du lac de Brennilis en juin 2022, non loin d’une réserve naturelle.

Mais que dit la science sur ce qui paraît être une évidence pour ces défenseurs de l’environnement ? Si l’entreprise Terroïko, spécialisée en technologie numérique adaptée à l’écologie, souligne qu' »il y a beaucoup de données sur la pollution sonore et son impact sur les espèces », les informations disponibles concernent surtout les conséquences sur la faune d’une nouvelle autoroute, d’un aéroport ou d’un projet immobilier. Pour ce qui est des free parties, aucune étude ne semble démontrer leurs répercussions sur les animaux.

À l’instar du festival We Love Green, qui a fait l’objet d’une étude d’impact en 2024, la sphère culturelle commence tout juste à s’intéresser à cette question. L’événement organisé dans le bois de Vincennes, en région parisienne, n’a rien d’une free. Mais faisons le parallèle pour mieux appréhender les nuisances environnementales potentielles.

Vivement encouragé par la Mairie de Paris, elle-même mise sous pression par les plaintes de riverains, le travail a été confié au bureau d’études Ekodev et à Hortense Serret, écologue et chercheuse-associée au laboratoire Cesco (Centre d’écologie et des sciences de la conservation, MNHN-SU-CNRS).

« Certaines associations ont attaqué le festival en disant qu’à cause des décibels, les tympans des écureuils pouvaient exploser et que ça allait les tuer. J’aimerais bien connaître la source de cette affirmation… », doute-t-elle. Et la consultante en biodiversité de préciser : « Le bruit dérange ces mammifères mais en général, ils s’en vont avant que leurs tympans n’explosent. »

L’écologue a étudié les comportements des chauves-souris en réaction au bruit et aux lumières du festival. Basés sur une seule année d’observation, les résultats sont nuancés : « Le seul effet qu’on a pu observer est une activité plus intense et plus courte sur le point le plus proche du festival. Mais nous avons analysé une seule espèce qu’on sait moins sensible à la lumière et aux perturbations que d’autres. »

Donc pas facile pour la chercheuse de tirer des conclusions claires. La spécialiste poursuit et joue la carte de la prudence : « On n’a pas assez de données pour que ce soit robuste. »

D’autant que le festival s’est déroulé sous une météo capricieuse qui a pu faire fuir ces mammifères : « Elles n’aiment pas quand il fait froid et moche donc c’est difficile de savoir si c’est lié au festival ou si c’est un cumul festival-météo. »

Si les incidences d’une soirée de 100 personnes ne sont pas comparables avec celles d’un festival de 300 000 participants sur cinq jours, Hortense Serret relativise : « Cela dépend aussi de la durée de l’événement, de sa localisation, de l’intensité du son et des lumières, du piétinement, des conditions météo et de la période pendant laquelle il est organisé. »

Les free parties sont tellement anecdotiques…

Olivier Retaille

Directeur de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) Bretagne

Le festival We Love Green a dû sortir un chèque de 40 000 euros pour financer cette étude. Une somme conséquente qui décourage la commande d’un travail similaire au sujet des free parties. Les chercheurs semblent avoir « d’autres priorités beaucoup plus urgentes », explique Olivier Retaille, directeur de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) Bretagne.

Il précise : « Les free parties sont tellement anecdotiques que personne n’a les moyens de débloquer des fonds pour analyser leur impact sur la biodiversité environnante. Ce serait le cas s’il y avait des teufs tous les soirs en permanence et qu’elles occupaient 50 % du territoire. » Les sites de leur installation étant gardés secrets, la réalisation d’un comparatif avant-après des données sur le terrain serait également compliqué.

On est sur le terrain. Nos sources, c’est nous.

Jean-Noël Ballot

Vice-président de Bretagne vivante

Même sans certitude scientifique inébranlable, Bretagne vivante ne flanche pas. Elle assure avoir observé un lien de causalité entre teufs et destruction de nichées. Sur quoi repose la méthode ? « On maîtrise totalement ces populations. On sait où elles nichent. Quand il y a une free party, on va tout de suite après constater les incidences. On est sur le terrain. Nos sources, c’est nous », assure Jean-Noël Ballot.

Pour consulter les rapports de ces observations, le naturaliste suggère de « s’adresser au Parc d’Armorique, c’est eux qui sont maître d’œuvre ». Mais le Parc d’Armorique assure ne jamais avoir fait d’étude sur la question du bruit et de son impact sur la nature en plus de ses recensements. Il renvoie la balle à Bretagne vivante. Aucun document ne nous est finalement parvenu.

Les défenseurs de l’environnement tiennent un discours ferme à l’encontre des teufeurs qui exploiteraient la nature à des fins récréatives. « Quand il y a un espace naturel, on considère que c’est une poubelle pour les loisirs », appuie d’un ton assuré Jean-Noël Ballot.

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La rave des Trans à la Prévalaye a débuté ce 6/12/2003 pour deux jours. Reportage Stéphane Grammont et Thierry Bouilly

©FTR

Le vice-président de l’association demande que les free n’aient plus lieu dans les zones naturelles protégées. « Les gens croient que c’est un espace de jeu où ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent, et ils ne tolèrent pas de contraintes. » Tout en reconnaissant que l’impact de ces soirées est « négligeable », le naturaliste déplore l’état d’esprit des organisateurs : « Ils se foutent des conséquences, ils n’en ont rien à cirer, ils font ce qu’ils veulent. »

Pour ne pas subir ces conséquences, un agriculteur a pris les devants. Perchées à 300 mètres d’altitude et à cheval sur les communes de Lopérec et Saint-Rivoal, les terres de Gilles Morvan se trouvent à proximité du secteur protégé des monts d’Arrée. Cet éleveur de brebis organise depuis une dizaine d’années des festivals et des free parties qui accueillent, une à deux fois par an, quelques milliers de fêtards.

La présence d’un agriculteur-teufeur au cœur de ce poumon vert ne ravit pas Jean-Noël Ballot. Déjà en froid avec l’exploitant concernant la menace du loup dans le Finistère, il le suspecte de recevoir volontairement ces soirées pour provoquer l’association. De son côté, l’éleveur assure organiser les festivals par passion pour cette musique : « J’ai toujours aimé l’électro. Je ne me serais jamais battu pour faire des concerts de blues, de funk ou de reggae. »

À y regarder de plus près, les free parties en Bretagne et en Loire-Atlantique n’investissent pas si souvent des zones naturelles sensibles. Selon notre comptage sur les soixante-trois teufs recensées en Bretagne historique entre janvier 2024 et avril 2025, seulement deux ont investi des espaces protégés : la pointe de Tréfeuntec (Finistère) en novembre 2024 et le Parc naturel régional d’Armorique (Finistère), deux mois plus tard.

Ces événements s’étalent dans l’ensemble du territoire et se répartissent entre champs à usage agricole (22 sites), forêts (21 sites), hangars (14 sites), carrières (4 sites), et aéroport (1 site). Les chiffres nuanceraient donc le discours des défenseurs de l’environnement.

Maël (1) et Nartog (2), les organisateurs de la free du 1er mars au Mans, baignent dans le milieu depuis une dizaine d’années et invitent les associations comme Bretagne vivante à « prendre du recul ». Ils assurent prendre en compte la vulnérabilité des espaces naturels et vérifient à l’occasion de repérages « si c’est pas un truc classé pour une raison x ou y ».

DJ en free parties entre 2018 et 2022, Oscar (1) confirme : « Les sound systems [groupes qui organisent des free parties] évitent d’aller dans des zones à risques. »

Pour limiter les dommages collatéraux des free parties, des guides de bonnes pratiques circulent entre les sound systems.

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C’est ce que permet l’association Freeform, un dispositif d’appui adressé à tous les organisateurs de rassemblements festifs et culturels. Elle propose une formation gratuite qui incite les organisateurs à « prendre connaissance des réglementations en vigueur et à se renseigner sur le classement ou la typologie du site, qui peut s’avérer être protégé [Natura 2000, Parcs naturels nationaux ou régionaux, réserves naturelles ou de chasse…] ».

Mettre tout en œuvre pour limiter l’incidence de la teuf sur l’espace qu’elle investit semble néanmoins être un impératif récent.

Lionel Pourtau, sociologue spécialiste de la question des free parties dans les années 2000 et ancien teufeur, note une évolution liée à la fois à l’accroissement de la taille de ces fêtes et au contexte général : « Les jeunes sont davantage soumis aux enjeux écologiques et tout ce qu’on appelle ‘l’anxiété écologique et climatique’ qui étaient quasiment inexistants à notre époque. »

Au début du XXIe siècle, le respect des critères environnementaux restait « très approximatif ». Les sound systems leur préféraient les « facteurs d’ordre esthétique, se rappelle le sociologue. L’idée c’était qu’à l’aube ou à l’aurore, les gens se disent : ‘Wow, c’est génial, cet endroit à côté des cascades’. »

Si j’apprends qu’une teuf est sur une mauvaise zone, en période de nidification, j’irai pas.

Baptiste

Teufeur de 23 ans

La prise en compte des enjeux environnementaux, par l’organisation d’un événement culturel, guide le choix de 55 % des participants de s’y rendre ou non : c’est ce que révèle une étude menée en 2022 par l’association Blockchain My Art (BMA). Elle propose des outils de notation à destination du secteur culturel pour mieux considérer l’urgence écologique. Baptiste (1), habitué des soirées clandestines, fait partie de ces 55 %. « Si j’apprends qu’une teuf est sur une mauvaise zone, en période de nidification, j’irai pas », déclare ce Nantais de 23 ans.

Les efforts n’empêchent pas les erreurs. Oscar, DJ et ancien organisateur, en a été témoin : « Parfois un sound system a pensé bien faire, mais il s’avère qu’il y a une espèce de grenouille à côté qu’il ne fallait pas déranger. En général, c’est plus dû à la méconnaissance du lieu qu’à une volonté de faire des dégâts. »

En novembre 2024, la pointe de Tréfeuntec, un site naturel protégé surplombant la baie de Douarnenez (Finistère), en a fait les frais. Une trentaine de personnes s’y est rassemblée malgré l’interdiction préfectorale. Les gendarmes sont intervenus immédiatement pour couper la musique et saisir le mur de son et les groupes électrogènes.

Trois des organisateurs ont notamment été auditionnés par la brigade de Châteaulin pour manquement au code de l’environnement. Même sort, trois mois plus tard pour la soixantaine de personnes qui a voulu participer à une soirée dans les bois de Lopérec (Finistère), au milieu du Parc naturel régional d’Armorique. Dès minuit, les forces de l’ordre sont arrivées et le son a été coupé.

Et quand ils choisissent de s’installer dans un champ à usage agricole, les organisateurs que nous avons rencontré assurent faire « attention à ne jamais se poser sur un terrain cultivé, poursuit Oscar. Comme ça, ils savent que ça ne va pas causer un énorme préjudice au propriétaire ».

En fonction des périodes, on peut niquer toute une récolte.

Maël

Ancien étudiant en agronomie

Certains font jouer leurs relations et se renseignent auprès de contacts qui partagent l’amour de la free dans le milieu rural. Un réflexe naturel chez Maël, ancien étudiant en agronomie. Il réaffirme la nécessité de différencier la nature des champs : « S’il y a du fourrage, en fonction des périodes, on peut niquer toute une récolte. »

Haut-Rhin: l’heure des comptes après la rave party non autorisée près de Guémar, la facture est salée pour les agriculteurs https://france3-regions.franceinfo.fr/grand-est/haut-rhin/haut-rhin-l-heure-des-comptes-apres-la-rave-party-non-autorisee-pres-de-guemar-la-facture-est-salee-pour-les-agriculteurs-2534908.html

Tous les organisateurs n’ont pas intégré cette nuance. C’est ce que déplore Flora Van Valen, l’agricultrice venue des Pays-Bas.

Installée sur sa grande table, entourée des dessins d’enfants qui tapissent le mur en pierre de la cuisine, elle raconte la première teuf qu’elle a subie en 2019 : « On était partis à une soirée de l’école. En rentrant vers minuit, on a couché les enfants et mon mari a vu des phares et des lumières. C’était vraiment pas commun à cette heure-là. Il est allé dans le bois et est tombé sur un bouchon de voitures. »

Elle et son mari Peter ont posé leurs valises en France il y a douze ans. Ils ont appris les rudiments du métier sur le tas. Locataire de 134 hectares de champs d’herbe et de maïs dans la campagne rennaise, le couple d’éleveurs bovins s’est spécialisé dans la production de lait bio.

Ce soir de 2019, près de 400 personnes s’agglutinent sur un de leurs champs en pâture, à un kilomètre de leur habitation. Perdu au milieu d’étendues de verdure et caché entre des haies de bocage bien feuillues : sur le papier, le lieu a tout du spot parfait. « Ils étaient tous garés dans le champ et au fond ils ont mis la scène, leurs camions et les générateurs », se remémore Flora Van Valen.

Cette parcelle de champ des Van Valen a été utilisée à trois reprises pour des soirées clandestines.

Cette parcelle de champ des Van Valen a été utilisée à trois reprises pour des soirées clandestines.

© Dorian Vidal – Sciences Po Rennes

Bien qu’elle ait salué la propreté des teufeurs après leur départ, cette minutieuse inspectrice des travaux finis est consternée par le piétinement de son champ près du mur du son. « C’est là qu’ils sautent. Ça a tassé la terre comme du béton. »

Le couple a bien essayé de labourer et de travailler le sol. « Ça n’a pas trop poussé pendant des années. Ça se voyait, l’herbe était haute partout et à un endroit précis c’était tout petit », mime-t-elle avec ses doigts.

Beaucoup croient que l’herbe, c’est la nature, c’est libre.

Agricultrice

Six ans après, ces différences de niveaux ne sont plus visibles. Le champ est couvert d’herbe, de petits cailloux et de racines en tout genre. À première vue, on le croirait non entretenu. « Beaucoup croient que l’herbe, c’est la nature, c’est libre », déplore-t-elle alors que ces champs sont des surfaces fourragères destinées à l’alimentation des animaux herbivores qu’ils élèvent. « Mon mari est en train de la semer et les semences nous coûtent un bras », souligne-t-elle.

En 2023, lors d'une troisième teuf organisée sur leur champ , le couple d'agriculteurs, aidé de leurs voisins, sont allés bloquer la route aux fêtards avec des tracteurs.

En 2023, lors d’une troisième teuf organisée sur leur champ , le couple d’agriculteurs, aidé de leurs voisins, sont allés bloquer la route aux fêtards avec des tracteurs.

© Flora Van Valen

Lors de la dernière teuf sur leur terrain, en 2023, Flora et Peter ont tenté de bloquer la route jusqu’au champ à l’aide de tracteurs. Elle raconte avoir essayé de dialoguer avec un organisateur pour lui expliquer la différence entre champ en pâture, en jachère ou simplement abandonné. « Il m’a répondu : ‘Ouais mais là y’a de l’herbe, je travaille dans une entreprise agricole.’ Et malgré cela, il partait du principe que c’était pas un problème tant que c’était pas du blé, rapporte-t-elle, un peu excédée. Ils n’ont pas conscience du tout que c’est notre moyen de vivre. »

Gilles Morvan, l’éleveur de brebis tout proche des Monts d’Arrée, que l’on a déjà croisé plus tôt, a lui opté pour une autre tactique : accompagner la free party. Perchée sur une butte, sa maison en bois surplombe son domaine. Plus de 500 hectares transmis de père en fils. Il est l’un des plus gros exploitants du département.

Assis bras croisés, le regard doux à travers ses lunettes rondes à forte correction, il entame son monologue : « J’ai craint les teufs pendant des années. Avec les autres paysans, on les subissait. Imaginez-vous, le soir, voir arriver 200 ou 300 gugusses dans votre champ qui marchent au radar dans de l’herbe pas encore fauchée… »

Cette vision « d’invasion » déplaît fortement à l’éleveur de 61 ans au crâne dégarni. Syndiqué de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, il parle des teufeurs comme on évoquerait un groupe de soldats armés qui viendrait occuper des terres. Lui vient alors une idée : mettre ses terrains à disposition. « La meilleure défense c’est l’attaque ! D’une, j’aime l’électro donc je ne vais pas subir, et de deux, pour ne pas être envahi, ouvrons-leur nos territoires. »

Depuis 2013, Gilles Morvan a accueilli, une à deux fois par an, les festivals Il était une fois dans l’Ouest et Le loup dans la bergerie, organisés par le sound system Les Krispies.

Gilles Morvan, l'agriculteur-teufeur des monts d'Arrée.

Gilles Morvan, l’agriculteur-teufeur des monts d’Arrée.

© Zara Windy – Sciences Po Rennes

Ses copains agriculteurs l’ont d’abord pris pour un fou, mais l’éleveur est finalement parvenu à se faire respecter par les teufeurs qui n’ont jamais investi sa propriété sans son aval. Pour que cet arrangement tourne rond, il pose ses conditions. C’est lui qui choisit la parcelle de champ prêtée et la date des festivités.

« Ça veut dire que je dois faire mes foins ou mes pâturages dans les semaines qui précèdent. Et emmener les troupeaux à plus d’un kilomètre », explique le Lopérecois en chemise à carreaux et treillis militaire. Il chapeaute aussi bien l’installation des rave parties, qu’on qualifierait de légales car autorisées et encadrées par les autorités, que des petites free de 500 personnes, quota en deçà duquel une demande d’autorisation en préfecture n’est pas obligatoire. Résultat : aucun pépin.

Il était une fois dans l’Ouest ou Le loup dans la bergerie, c’est un peu la teuf façon Gilles Morvan. Deux festivals réglés comme du papier à musique pour protéger son exploitation et ses bêtes… Qui peuvent même faire partie du public : « Parfois, il y avait 20, 30 brebis qui restaient au fond de la bergerie alors qu’il y avait 1 000 personnes juste à côté. »

Des animaux nichés au fond d’un hangar pendant une teuf ? « Certains teufeurs me disaient que c’était pas bien pour les bêtes. Je leur répondais ‘Écoute, regarde, elles dorment, elles sont couchées et elles ruminent. L’animal qui rumine, il est bien’. » L’agriculteur a même célébré, un soir sur scène, la naissance d’un agneau.

Autre avantage non négligeable : « Pouvoir parler de notre métier, de nos attentes, de nos demandes… En acceptant ces gens chez moi, ils ne me voient pas comme un méchant agriculteur de la FNSEA mais comme un exploitant qui accepte ce que les autres n’acceptent pas. » Le tout, sans demander ni recevoir d’argent de la part du sound system, chose pourtant courante dans le milieu.

Le stress fait une infection mammaire.

Chez d’autres agriculteurs, l’expérience des animaux en teuf semble moins enchantée. Dans les champs de pâture d’Isabelle (1) et Christian (1), ce ne sont pas des brebis mais des vaches laitières qui gambadent et ruminent en plein air. Elles ont vécu de près les free parties organisées dans une forêt à une centaine de mètres de leur exploitation agricole, en périphérie de Rennes.

Isabelle se souvient de la traite qui a suivi une teuf en 2023 : « Les vaches étaient stressées, regardaient partout en l’air et bougeaient dans la salle de traite. Ça se manifeste aussi par plus de bouse. Quand l’une a peur et court dans tous les sens, elle emmène toutes les autres. » La qualité du lait s’en retrouverait détériorée : « Ça fait une infection mammaire : une mammite. Le lait qu’elles produisent n’est plus bon à la consommation. » Au bout de la chaîne, c’est l’agriculteur qui voit son revenu diminuer.

Les pulsations de la musique dérangeraient donc les vaches mais pas les brebis ? Pas si sûr. Au sein même de la communauté d’éleveurs bovins, les discours divergent. Flora la Néerlandaise n’a pas remarqué de stress particulier ou de différence dans la qualité du lait produit par ses vaches : « Chez nous, des avions de chasse passent tout le temps et les vaches ne bougent pas. Je mets aussi de la musique dans la salle de traite et ça va. » Trouver une vérité commune à propos de chaque free party revient à chercher une capsule de bière dans un champ de pâture.

La science aurait pu aider à sortir de ce flou, mais aucun travail n’évoque l’impact du bruit des teufs sur les bêtes. Une rumeur circule pourtant au sein du mouvement de la free : la préfecture du Finistère aurait lancé une étude auprès d’experts et de vétérinaires pour tirer cette question au clair. Des organisateurs affirment avoir réclamé les résultats à maintes reprises auprès de l’autorité administrative. En vain. L’étude reste introuvable. Contactée, la préfecture n’a pas donné suite.

Il est 15 h sur le parking de la free party du Mans. Derrière le portail, les sacs plastiques s’empilent. Aux teufeurs en voiture revient la tâche de ramener les détritus en déchèterie. Parmi ceux qui déambulent encore entre les automobiles, Guillaume, un des organisateurs, rappelle les enjeux aux fêtards : « Plus c’est rendu clean, moins y’aura de saisies de matériel et plus on pourra refaire des événements. »

Antoine et Teddy, deux potes motivés par la session nettoyage, en ont conscience : « On a entendu qu’il y avait des petits pactes avec les policiers puisque leurs supérieurs leur imposent de ne pas revenir les mains vides. Un terrain de free rendu propre, ça limitera les saisies. »

Laisser l’endroit nickel, c’est aussi une condition ou un arrangement pour éviter une plainte.

Maël

Organisateur de free parties

Maël et Nartog confirment. Ils rapportent des propos des forces de l’ordre : « Si à 16 h vous êtes partis du site et qu’il est nickel, on fait une saisie symbolique, sinon on fait une vraie saisie. » Ce jour-là, la police n’a relevé « aucun incident » et s’est contentée de saisir une petite partie du mur du son. Si pour Nartog, ce n’est pas l’argument premier, ça reste une « condition ou un arrangement pour éviter une plainte ».

Les forces de l’ordre ne sont pas les seules interlocutrices à devoir convaincre. « Il est déjà arrivé qu’un propriétaire nous dise : ‘Je ne suis pas content que vous soyez là, mais je m’engage à ne pas porter plainte s’il n’y a pas de déchets quand vous repartez' », raconte l’un des deux organisateurs.

Les teufeurs qui repartent en voiture sont chargés de récupérer un ou deux sacs-poubelles pour les jeter dans la déchèterie la plus proche.

Les teufeurs qui repartent en voiture sont chargés de récupérer un ou deux sacs-poubelles pour les jeter dans la déchèterie la plus proche.

© Dorian Vidal – Sciences Po Rennes

L’environnement est également utilisé en politique comme moyen de pression contre le mouvement des free. Déposée par Laetitia Saint-Paul, députée de centre droit de la quatrième circonscription du Maine-et-Loire, la proposition de loi du 18 mars 2025 vise à « renforcer la pénalisation de l’organisation de [free] parties » qui comporteraient « des risques sanitaires et environnementaux ».

Dans le texte, l’analyse s’arrête ici. Aucune étude d’impact ni de données probantes n’est versée à l’argumentaire. Mathilde Cohidon-Ramage, la collaboratrice de la député, a participé à la rédaction de la proposition. Elle dit avoir échangé avec des spécialistes du Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine après une teuf sur la commune de Parnay (Maine-et-Loire) qui a motivé la proposition de loi.

« Face à la répression, on monte le son ». Les teufeurs défilent pour défendre les free-parties et le « droit à la fête » https://france3-regions.franceinfo.fr/bretagne/ille-et-vilaine/rennes/face-a-la-repression-on-monte-le-son-les-teufeurs-defilent-pour-defendre-les-free-parties-et-le-droit-a-la-fete-3137794.html

Un rapport a été rédigé par deux agents experts en faune et flore qui se sont rendus sur le site protégé le lendemain de la soirée à laquelle 10 000 teufeurs ont participé entre les 8 et 14 mai 2024. Ils ont constaté un piétinement de la flore qui aurait détruit les habitats de certaines espèces. Le Parc mentionne des « déchets et déjections humaines » et indique que les nuisances sonores auraient eu des « impacts potentiels pour les colonies de chauves-souris du secteur ».

En mai 2024, à Parnay (Maine-et-Loire), près de 10 000 personnes se sont réunies sur 4 jours pour une teuf géante non autorisée, sur une parcelle agricole privée.

En mai 2024, à Parnay (Maine-et-Loire), près de 10 000 personnes se sont réunies sur 4 jours pour une teuf géante non autorisée, sur une parcelle agricole privée.

© FREDERIC PETRY / HANS LUCAS

D’après leur directeur, ces agents n’ont pas pu réaliser une étude plus poussée des mouvements de ces chiroptères. Ils précisent les avoir « extrapolés » à partir de leurs connaissances sur la vulnérabilité de ces espèces face aux vibrations. De plus, les dégradations constatées ont été comparées à un inventaire vieux du 3 mai 2019.

Difficile alors d’incriminer la teuf : d’autres événements intervenus depuis auraient pu aussi être à l’origine des dégâts sur la flore. Mathilde Cohidon-Ramage assure pourtant « s’appuyer sur les constats et le bon sens ».

Commandé par la gendarmerie, le rapport des deux experts du Parc sert le discours politique de la députée Laetitia Saint-Paul mais aussi la répression du mouvement. Le document a été utilisé par la justice qui a jugé en première instance, le 6 mars 2025, trois teufeurs identifiés comme des organisateurs de la free party de Parnay.

Le préjudice pour la faune et la flore a, entre autres, été reconnu et ils ont été condamnés à des peines de prison avec sursis allant de 9 à 15 mois par le tribunal correctionnel de Saumur. Ils ont fait appel de la décision.

Dès 2006, les atteintes à l’environnement ont constitué l’un des arguments anti-free du texte de la députée de droite Véronique Besse. Il cherchait d’abord à « interdire l’organisation de ‘rave-party' » et dénonçait des rassemblements qui détériorent l’environnement.

En 2019, la proposition de loi soumise par la droite sénatoriale avait aussi pour but de les interdire, notamment en raison de « leurs impacts possibles sur la biodiversité ». Le parlement ne l’a pas adopté. Le flou subsiste.

(1) : Le prénom a été modifié à la demande de la personne interviewée.

(2) : Seul le surnom a été gardé à la demande de la personne interviewée.

Quentin Mallet, Zoé Diraison et Dorian Vidal

Quentin Mallet, Zoé Diraison et Dorian Vidal - 
Master 2 Journalisme : Reportage et Enquête

Quentin Mallet, Zoé Diraison et Dorian Vidal –
Master 2 Journalisme : Reportage et Enquête

© Camille Curnier – Sciences Po Rennes

L’ensemble des informations et témoignages présentés dans cette enquête ont été recueillis entre février et avril 2025. Nous nous sommes également appuyés sur des textes de lois, des travaux de sociologues, des données recueillies par des Parcs naturels régionaux, des rapports et des formations en ligne.

Pour questionner l’impact potentiel des free parties sur l’environnement, nous nous sommes rendus, à plusieurs reprises, dans ces soirées clandestines, en février et en mars 2025. Nous y avons récolté les témoignages de teufeurs et d’organisateurs.

La cartographie des free parties entre janvier 2024 et avril 2025, a été réalisée grâce à une revue de presse des articles relevant les différentes teufs en Bretagne et en Loire-Atlantique. Ces textes nous ont permis d’inscrire la localisation des 63 soirées sur la carte. À partir de ces données, nous avons également construit les deux graphiques présents dans l’enquête.

La préfecture du Finistère, qui aurait commandé un rapport concernant l’impact des free parties sur la production laitière, n’a pas donné de suite à nos sollicitations.