Par
Léa Pippinato
Publié le
16 août 2025 à 9h33
À l’intérieur de la Halle Tropisme, ce mercredi soir, la lumière traverse les grandes baies vitrées et se pose sur des piles de cagettes : pêches, ananas, bottes de persil frais. Plus loin, des cartons de yaourts, des sacs de pâtes, des salades vertes. Sur une table, quelques flacons de shampoing et crèmes hydratantes. Les conversations des bénévoles se mêlent au bruit sec des cartons que l’on casse pour le recyclage. Les gestes sont rapides : dans une heure, 152 étudiants viendront remplir leur panier.
Cliquez ici pour visualiser le contenu
L’association Linkee, créée en 2020, distribue toute l’année des denrées aux étudiants en difficulté. À Montpellier, depuis octobre 2023, les rendez-vous sont fixes : l’hiver, deux fois par semaine, le lundi et le mercredi. L’été, une seule distribution, mais toujours le même horaire : de 18h30 à 20h. « En août, il y a moins de monde, mais on ne peut pas tout arrêter. La précarité ne prend pas de vacances », précise Maria, coordinatrice logistique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. « En juillet, on donnait à environ 200 étudiants le lundi. En août, on est à 152. » L’organisation se cale sur ces données. « Aujourd’hui, on a 125 pêches et 30 ananas. On commence par les pêches, puis on enchaîne avec les ananas pour que tout le monde ait quelque chose. » Les dons proviennent de grandes surfaces, d’agriculteurs et parfois de jardins urbains. Beaucoup sont à date courte : à distribuer le jour même ou le lendemain.
Plus que de la nourriture
Dans les sacs remis aux bénéficiaires, il n’y a pas que des produits alimentaires. « On reçoit parfois des produits cosmétiques, shampoings, gels douche », énumère Irène, bénévole. « Les étudiants sont surpris, ça fait plaisir. Prendre soin de soi, c’est important aussi. » Ce soir, quelques flacons et crèmes hydratantes se glisseront entre les fruits et les pâtes. Hugo*, 21 ans, étudiant en deuxième année de droit, vit seul dans un studio en périphérie. Son loyer et ses charges absorbent presque tout son budget. « Il me reste souvent moins de 40 euros pour manger et me déplacer. Avant, je sautais des repas. Une fois, j’ai passé quatre jours à ne manger que des pâtes et du pain, parce que je voulais garder un peu d’argent pour acheter du savon et du dentifrice. » Aujourd’hui, il vient chaque mercredi.
Les produits cosmétiques arrachent souvent un sourire aux bénéficiaires. (©Métropolitain / LP)
Sofia, 23 ans, en troisième année d’école d’infirmière, a découvert l’association par une amie. Elle loue un petit studio dans le centre, loin de sa famille. « Un soir, je suis tombée sur un petit flacon de parfum dans mon panier. Ça peut sembler futile, mais quand on ne s’offre rien depuis des mois, ça donne un coup de boost. » Maria connaît bien cette file d’attente. « J’étais bénéficiaire. Un jour, après avoir pris mon panier, j’ai décidé de donner du temps. »
Vidéos : en ce moment sur Actu
Ces histoires se répètent. Selon l’étude menée par Linkee en 2025, près de 80 % des étudiants dans les grandes villes universitaires disposent de moins de 100 euros par mois après avoir payé leur loyer et leurs charges. Cela représente moins de 3,33 euros par jour pour se nourrir, se soigner, s’habiller et sortir. À Montpellier, la situation est tout aussi marquée. 76 % des étudiants aidés ont un reste à vivre inférieur à 100 euros par mois. Pour près d’un sur deux, ce montant chute à moins de 50 euros. Les profils se ressemblent : 97 % vivent en autonomie, souvent dans le parc locatif privé (50 %) ou en résidence étudiante publique (21 %). Seule une minorité vit en résidence privée (12 %) ou est hébergée gratuitement par la famille (6,5 %).
> Pour recevoir un panier lors des prochaines distributions estivales à Montpellier, inscrivez-vous dès maintenant
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.