Par

Marie Amelie Marchal

Publié le

16 août 2025 à 9h38

Rendre l’objet indispensable. Qu’il se glisse dans une poche de jean, s’attache en bandoulière ou se clipse sur son sac à main, la Maison Duvelleroy dans le 7e arrondissement de Paris veut redonner à l’éventail une place de choix dans notre quotidien. Produit de manière artisanale et requérant la seule énergie du poignet, l’éventail se place alors comme allié idéal pour affronter les périodes de canicule. Une alternative écologique aux mini-ventilateurs qui fleurissent mais aussi poétique. « Selon la position de l’éventail, on pouvait faire passer des messages discrètement comme ‘restons amis’, ‘suivez-moi’, ‘vous êtes cruels’ », rembobine Éloïse Gilles, copropriétaire de la maison bientôt deux fois centenaire.  

Remettre à la mode un savoir-faire centenaire

Inspirés des ailes de chauve-souris, les éventails ont une longue histoire. « C’est un objet qui traverse les époques. De tout temps l’homme a voulu maîtriser le vent. On en a retrouvé dans le tombeau de Toutankhamon », plante Éloïse Gilles, copropriétaire de la Maison Duvelleroy.

Passionnée par l’histoire, le savoir-faire et le milieu du luxe, elle se met en quête d’une entreprise à ressusciter. « J’avais moins de trente ans lorsque j’ai découvert la Maison Duvelleroy. Michel Maignan, alors dépositaire de cet héritage vieux de près de 200 ans, avait scrupuleusement gardé toutes les archives de l’une des seules maisons d’éventails à avoir perduré après-guerre. » On est en 2010 et pour les deux femmes, c’est le coup de foudre.

« Avec Raphaëlle Le Baud, nous avons voulu relancer cette boutique, fournisseuse officielle des souveraines au XIXe siècle. On s’est dit que c’était un accessoire qui avait du sens avec le réchauffement climatique. L’éventail n’est pas qu’un produit du passé, il a de l’avenir », confie l’ancienne salariée d’une société de conseil.

Le modèle breloque est inspiré des archives de la maison, comme la majorité des produits proposés dans la boutique rue Amélie (Paris 7e).
Le modèle breloque est inspiré des archives de la maison, comme la majorité des produits proposés dans la boutique rue Amélie (Paris 7e). (©MAM / actu Paris)Un objet entre 65 et 450 euros

Près de deux siècles après sa fondation, la Maison Duvelleroy propose deux types d’éventails : la haute façon, des objets dans la tradition parisienne travaillés dans des matières nobles comme l’ébène et qui font office de décoration. Et les éventails de tous les jours, « fabriqués à la main, en Espagne », précise Éloïse Gilles.

Avec des prix oscillant entre 65 et 470 euros, la boutique installée dans le 7e arrondissement de Paris touche une clientèle touristique essentiellement américaine et européenne. « Nous avons beaucoup d’hommes qui viennent se fournir chez nous. Les profils sont variés et les personnes qui viennent pour faire un cadeau sont nombreuses », détaille la copropriétaire.

Quant aux éventails de haute façon, ils trouvent preneurs chez les esthètes, des personnes sensibles au design qui recherchent des objets originaux et artisanaux.

Éventail en lurex et organza, monture en ébène.
Éventail en lurex et organza, monture en ébène. (©MAM / actu Paris)
Éventail en plumes de paon et monture en nacre.
Éventail en plumes de paon et monture en nacre. (©MAM / actu Paris)

Tout est fait à la main. La feuille, la partie qui brasse de l’air, peut être faite en coton, en tulles, en dentelle ou en soie. Quant à la monture, elle est réalisée à l’aide de différentes essences de bois (bouleau, hêtre, sycomore) ou pour les éventails d’exception, en nacre ou en galalithe. « Plissage à froid, encollage brin par brin… Le niveau de technicité est équivalent à la création d’un meuble », défend Éloïse Gilles.

Le modèle Take away, succès de la Maison Duvelleroy.
Le modèle Take away, succès de la Maison Duvelleroy. (©MAM / actu Paris)

À l’heure des petites souffleries d’une dizaine d’euros qui essaiment dans les rues de la capitale, la Maison Duvelleroy tente de se réinventer constamment. « Nous multiplions les collaborations – avec Balenciaga, Lanvin ou encore Le Moulin Rouge, et adaptons nos produits à l’époque », décrit la copropriétaire. C’est ainsi qu’est né leur best-seller, le ‘Take away’. Équipé d’un cordon aux couleurs pop, l’éventail se fait accessoire de mode, en plus de rafraîchir son propriétaire.

Et le succès est là. « Nos ventes sont corrélées aux vagues de chaleur évidemment. Nos clients cherchent une alternative écologique et un produit qui porte une histoire », conclut Éloïse Gilles. 

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