Au crépuscule d’une saison chaotique, marquée notamment par une douzième place mais aussi les départs successifs de Karim Ghezal et Laurent Labit, le nouvel entraîneur principal du Stade français Paul Gustard revient ici sur ces épisodes douloureux du club de la capitale et se projette, avec enthousiasme, sur ce qui attend son équipe à la rentrée.

Comment jugez-vous votre préparation ?

Je suis très satisfait des efforts des joueurs. Nous avons eu des échanges constructifs et honnêtes avec eux au cours des deux derniers mois de la saison dernière, car je souhaitais construire un projet collaboratif pour cette nouvelle saison et pour l’avenir du club. Nous sommes conscients de nos erreurs au sein du club, au sein du staff et au sein de l’effectif. Je n’ai pas perdu confiance en notre équipe et en sa capacité à être performante. Je suis d’ailleurs satisfait de la préparation et des méthodologies que nous avons appliquées. Il règne aussi un bel esprit de collaboration au sein du staff, ce qui me plaît.

Paul Gustard démarre la saison à la tête du sportif.

Paul Gustard démarre la saison à la tête du sportif.
Icon Sport

Nous avons travaillé d’arrache-pied et les performances physiques ont été impressionnantes, mais nous avons également conservé une ambiance plus décontractée avec des réunions d’équipe, des réunions de famille conviviales, et les joueurs ont fait preuve d’un excellent engagement les uns envers les autres et envers le club. Nous avons aussi apporté de nombreux changements au sein du Camp des loges afin de poursuivre notre développement dans notre nouveau centre d’entraînement. Nous l’avons davantage adapté à la vision du club que nous voulons construire.

Que retenez-vous de la saison dernière qui fut chaotique ?

Écoutez, ce fut une année difficile, nous avons connu un début de saison catastrophique. En dehors du terrain, dès la présaison, des problèmes sont apparus dans tous les domaines, notamment au sein du staff, ce qui a nui à l’harmonie et à la performance du groupe. Sur le terrain, nous avons débuté la saison avec un manque de préparation. Nous avons perdu quatre piliers lors de la première semaine contre l’UBB et avons eu du mal à sortir de notre moitié de terrain pendant la majeure partie de la saison. Tous nos atouts ont été anéantis.

Mais encore ?

Les deux saisons précédentes, nous avions une excellente défense, un excellent jeu au pied, mais l’année dernière, nous n’avons pas réussi à créer la dynamique nécessaire. Nous avons passé beaucoup trop de temps dans notre camp et nous étions constamment sous pression. Face aux résultats et aux performances défavorables, nous avons perdu confiance et n’avons pas pu enchaîner les victoires. Nous sommes passés de la meilleure équipe à la pire à l’extérieur. Nous avons connu une année difficile en termes de blessures ; lors du dernier match contre Castres, nous n’avions que 23 joueurs professionnels valides parmi lesquels choisir. Voilà

Pensez-vous avoir pu poser des bases solides pour la saison à venir ?

Comme je l’ai dit dès le début, nous avons été honnêtes les uns envers les autres. Le propriétaire Hans-Peter Wild est engagé et nous soutient. Il a joué un rôle moteur dans l’organisation d’une réunion en juin dernier avec un groupe restreint de joueurs, Thomas (Lombard), Kobus (Potgieter) et moi-même, afin d’obtenir un retour direct sur le club et la manière dont nous voulons progresser ensemble. Il comprend notre vision et nous voulons nous assurer que nous sommes constamment alignés sur nos objectifs.

Hans-Peter Wild, président du Stade français, et Paul Gustard.

Hans-Peter Wild, président du Stade français, et Paul Gustard.
Icon Sport

Comment jugez-vous votre effectif qui a peu évolué ?

Nous ne doutons ni des joueurs ni de leurs capacités. Nous sommes convaincus qu’ensemble, nous pouvons construire un bel avenir, sur des bases solides, et prendre beaucoup de plaisir. Je suis convaincu que les joueurs que nous avons recrutés cette saison, comme Tani (Vili), Thierry (Paiva) et Tawera (Kerr-Barlow), apporteront une valeur ajoutée significative. D’après ce que j’ai pu observer jusqu’à présent en présaison, nous verrons une version plus fidèle du talent de joueurs comme Yoan (Tanga), « The Carbonator » (Carbonel) et Joe Jonas. Ils ont été très impliqués et très bons.

En revanche, le staff technique a beaucoup évolué. En êtes-vous satisfait ?

Cette année, nous avons un bon mélange d’entraîneurs expérimentés aux parcours et expériences variés. Nous avons été très ouverts, avons partagé nos opinions et débattu du rugby que nous voulions pratiquer, ce qui est sain. Ian (Vass) et Perry (Freshwater) sont des entraîneurs d’élite depuis longtemps et nous ressentons déjà le poids de leur expérience. Rory est aussi impliqué à l’entraînement qu’il l’était sur le terrain. Et tout aussi fou (rires). Enfin, Morgan a été fantastique. Il progresse vraiment dans son coaching et je suis très satisfait des ajustements qu’il apporte à notre attaque. Quant à Scott Crean, il est un atout précieux et je suis ravi de sa capacité d’adaptation et de sa collaboration avec son équipe de préparation. Après, je ne suis pas naïf au point de ne pas savoir que tous les entraîneurs du Top 14 en présaison sont optimistes et positifs par ce qu’ils voient. Mais j’ai été entraîneur professionnel pendant 18 saisons et joueur pendant 13 saisons auparavant, et j’apprécie l’énergie et l’ambiance qui règnent actuellement au club.