Les services de l’État frappent fort d’entrée de jeu ! Ce dimanche 17 août 2025, pour Stade Brestois – Lille, le premier match de la saison du championnat de Ligue 1, programmé à 15 h au stade Francis-Le Blé, à Brest, l’attroupement habituel dans et devant le bar Le Pénalty devrait se réduire à sa plus simple expression. En cause, un arrêté du préfet qui interdit la vente de boissons alcoolisées dans les établissements disposant d’une autorisation, de 8 h à 20 h, dans un large périmètre autour de l’enceinte.

Sont aussi interdits la consommation, la détention et le transport d’alcool sur la voie publique dans ce même périmètre. L’arrêté est motivé, entre autres, par les « nombreux incidents mettant en cause des supporters ultras au cours de la saison 2024-2025 ». Et alors que les Ultras Brestois 90 ont refusé de s’auto-dissoudre, contrairement aux Celtic, après les graves incidents d’avril dernier à l’issue du match face à Lens, la sous-préfecture considère que ce choix « souligne une logique de confrontation future avec les autorités publiques ». Elle estime donc « que les comportements déviants individuels ou en réunion desdits supporters ultras, dont la consommation d’alcool est génératrice de violences débridées, présentent un fort risque de réitération lors du premier match de la saison ».

Une mesure potentiellement reconduite lors de tous les matchs à risque

Cette interdiction va toucher de plein fouet le bar Le Penalty, refuge incontournable des avant-matchs à Le Blé. « Je gère le seul établissement qui n’est pas actuellement en congés dans le périmètre », souligne Corinne Le Madec, la gérante, qui avait été préparée à cette décision après une convocation en sous-préfecture le 30 juillet. Elle l’a mauvaise. Ce, d’autant qu’on lui a laissé entendre que cette mesure pourrait être reconduite lors de l’ensemble des matchs classés à risque, soit potentiellement sept ou huit sur les 17 rencontres du championnat à domicile.

Quand j’ai pris Le Penalty, c’était en intégrant le chiffre d’affaires généré par les matchs. Aujourd’hui, je fais comment ?

« Je suis écœurée, car il n’y a jamais eu le moindre incident chez moi. Et quand j’ai pris Le Penalty en décembre 2022, c’était en intégrant le chiffre d’affaires généré par les matchs. Aujourd’hui, je fais comment ? ». Afin de ne pas pénaliser la clientèle qui vient voir le match chez elle, Corinne Le Madec a décidé d’ouvrir malgré tout, en bar sans alcool, mais sans se faire d’illusions sur le montant de la recette. « On fonctionnera avec la moitié du personnel habituel, et au coup de sifflet final, je baisserais mes grilles », précise la commerçante, qui sera aussi amputée de toute une clientèle matinale venant habituellement le dimanche matin à partir de 10 h.

« Les gens vont aller picoler ailleurs »

Sur les réseaux sociaux, ce tour de vis inaugural des services préfectoraux fait réagir. « Ça commence fort », lance le compte Facebook Allez Brest.com. en diffusant l’arrêté sur sa page. « Tant mieux, ça évitera des viandes saoules aux abords du stade. Des familles, des enfants viennent aussi au match », défend Olivier Abalain, en se muant en avocat de l’État. Un avis très minoritaire, car cette décision est surtout fustigée par l’immense majorité des supporters.

« Les commerçants vont devoir subir cette situation déplorable. C’est scandaleux », juge Jéjé sur une autre page Facebook, ICB 2010 SB 29, tandis que d’autres dénoncent « le zèle » de la préfecture « qui vient punir tous les spectateurs ». Denis Castel s’interroge : « Mais dans quel pays sommes-nous, le pays des libertés ? Cela devient vraiment n’importe quoi. Sachant qu’avec cette décision, les gens vont aller picoler ailleurs. J’espère qu’il va indemniser Le Penalty pour la perte de chiffre d’affaires ». Corinne Le Madec entend en effet consigner avec précision le manque à gagner qu’elle constatera dans son tiroir-caisse, en vue d’une démarche future. Mais avec quelles chances de succès ?

Coup de pression sur les Ultras Brestois 90

« Cela me paraît compliqué, pour une mesure ponctuelle », admet le sous-préfet. Qui assure : « Je n’ai rien contre Le Penalty, la gérante est quelqu’un de très bien. Mon sujet, il est avec les Ultras Brestois 90, qui ont d’ailleurs leur siège social au Penalty. Car, non seulement ils ont refusé de s’auto-dissoudre après les violences face à Lens, mais fin juillet, lors d’un match amical face à Dinan contre Le Havre, deux ultras fortement alcoolisés se sont livrés à des violences physiques entre eux, avant d’être expulsés du stade ».

Mon sujet, il est avec les Ultras Brestois 90, qui ont d’ailleurs leur siège social au Penalty

Pour le représentant de l’État, trop, c’est trop ! Dans l’attente d’une réunion avec leurs représentants ce mardi 19 août, il a aussi décidé de placer l’ensemble des spectateurs au régime sec, en demandant à la Ville de ne pas délivrer de licence alcool dans les buvettes du stade. Le message de l’État est clair : les ultras doivent faire profil bas et rentrer dans le rang. Alors, seulement, les autres spectateurs retrouveront l’assurance de pouvoir boire un demi tranquillement les jours de match.