Un message a glacé le sang des parents de Bobigny, ce vendredi 15 août au soir. Ceux dont l’enfant participe à une colonie de vacances avec la ville. « Un drame a touché aujourd’hui notre séjour à Saint-Menoux. L’un des enfants participant à ce séjour est malheureusement décédé par noyade lors d’une sortie dans la plaine de jeux des Champins, à Moulins. » Ces quelques lignes, signées des équipes de la ville de Bobigny, ont fait de cette nuit un cauchemar pour de nombreuses familles.
Le drame a eu lieu dans l’après-midi. La colonie de vacances, basée dans le Château de Souys, à Saint-Menoux (Alliers), est venue se détendre à la Plaine de jeux des Champins, à Moulins. Un plan d’eau de plusieurs hectares qui renferme un espace de jeu en bois pour les enfants, avec bateau de pirates, toboggans, pyramide à cordes, jeux à bascule, tables de pique-nique… à proximité de l’étang. Les enfants s’amusent, mais pour des raisons qui restent à déterminer, l’un d’eux échappe à la vigilance des animateurs.
La baignade est interdite
L’alerte est donnée vers 16h40, indique le journal La Montagne. Les recherches sont déclenchées dans la foulée. Police et pompiers sont prévenus et arrivent rapidement sur place. Un véhicule d’assistance aux victimes, appuyé par une équipe de drone, ratisse les alentours du plan d’eau, où la baignade est interdite, selon nos confrères.
Le plan d’eau est aussi inspecté. Les secours nautiques des casernes de Moulins, Vichy, Montluçon examinent avec minutie le moindre recoin. Après plus d’une heure de recherche, un plongeur découvre le corps de l’enfant, immergé dans l’eau et inanimé. Il est peu avant 18 heures.
La famille s’est rendue sur place
Le garçonnet de 7 ans est en arrêt cardiorespiratoire. Les secours lui prodiguent les premiers soins et se relayent, avec le Smur de l’hôpital de Moulins, pour réaliser le massage cardiaque. En vain. Le décès est prononcé à 18h50.
Une enquête a été ouverte pour « recherche des causes de la mort ». Les policiers de Moulins vont devoir éclaircir les circonstances de la disparition du petit garçon. Hier soir, les techniciens de la police technique et scientifique du département ont procédé aux premières constatations, tandis que les enquêteurs débutaient les premières auditions des témoins.
La famille a été rapidement alertée et s’est rendue sur place, dès ce vendredi soir, accompagnée du maire (PCF) de Bobigny Abdel Sadi et de son adjointe Christine Favé, déléguée à la réussite éducative et aux bâtiments communaux.
« Les équipes de la Ville sont mobilisées pour prendre toutes les mesures utiles et tout est mis en œuvre, bien entendu, pour entourer les enfants », ont souligné dans leur message aux parents les équipes de la Ville. À l’issue du drame, « l’ensemble des enfants a rapidement regagné le centre ». Et « en lien avec les autorités locales, une assistance psychologique a été déployée ». Les enfants devaient revenir ce lundi 18 août, de ce séjour débuté il y a quinze jours, lundi 4 août.
« Un taux d’encadrement renforcé »
« L’enfant participait à cette colonie en compagnie de son frère », précise la Ville, ce samedi 16 août, dans un communiqué publié ce matin. Son frère jumeau, nous confirme une source. La petite victime était aussi atteinte d’autisme. Au total, 35 enfants prenaient part au séjour, poursuit la ville, « encadrés par une équipe de huit personnes — un taux d’encadrement renforcé en raison de la présence de deux enfants porteurs de handicap », balayant ainsi les potentielles suspicions de manque de personnel encadrant. « Ce sont des animateurs formés », assure la ville qui avait préparé le voyage avec la famille pour l’adapter au mieux. Sous le choc, et entendue par la police, l’équipe d’animation a été remplacée par une équipe de la ville, assure la municipalité.
L’annonce de ce drame provoque un vif émoi au sein des familles et de la classe politique. Sur les réseaux notamment, Aly Diouara, député LFI-SSDAC de la 5ème circonscription de la Seine-Saint-Denis, s’est dit « profondément attristé » par le décès de l’enfant, qui, pour lui, résonne tristement avec ceux de « Yacouba Doré à l’été 2016, dans des circonstances similaires, lors d’une colonie organisée par la ville », et de « deux jeunes du quartier de Paul Eduard morts par noyade l’an dernier ». En début de semaine déjà, mardi midi, un enfant de 11 ans, qui lui aussi souffrait de troubles autistiques, s’est noyé à l’occasion d’une sortie aux abords du plan d’eau du parc de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) avec son centre de loisirs parisien (XVIIIe).
La France connaît un été noir. Le nombre de noyade a doublé par rapport à l’an dernier, selon le dernier bulletin de Santé publique France. Près de 200 personnes sont mortes noyées depuis le 1er juin, rappelle le député de Seine-Saint-Denis dont les pensées vont à la famille du garçonnet ainsi qu’ à « la communauté éducative, choquée et meurtrie par ce drame épouvantable ».