Guêpière à franges cramoisie, bottes en cuir, strass turquoise sur les paupières et boucles rousses en bataille. Quand Chappell Roan entre en scène, c’est tout un cabaret queer qui débarque. Mi-diva, mi-performeuse drag, elle incarne une nouvelle génération de pop stars sans filtre, farouchement authentique. Un air de Billie Eilish ou de Reneé Rapp. L’Amérique en talons, version burlesque et sans compromis.
Originaire du Missouri, Kayleigh Rose Amstutz grandit dans un univers ultraconservateur. Elle fréquente l’église trois fois par semaine. Difficile d’imaginer plus grand écart avec l’univers qu’elle a choisi d’embrasser. Elle poste ses premières reprises sur YouTube en 2013, avant de signer chez Atlantic Records en 2015. Elle adopte alors le nom de Chappell Roan, en hommage à son grand-père et à une chanson qu’il adorait.
Les morceaux de ses débuts sont étonnamment sages. Mais tout change en 2020. Le déclic se produit une nuit dans un club gay de Los Angeles où, pour la première fois, elle s’abandonne à cette énergie incandescente qui l’habite et éprouve une joie nouvelle. Terminées, les balades sombres : place au spectacle total, à la fête drag, à l’humour piquant des performeuses qui repoussent les limites. Avec le musicien Dan Nigro, acolyte d’Olivia Rodrigo, elle compose « Pink Pony Club », morceau fondateur de son virage flamboyant. Suivra en 2023 un premier et unique album à ce jour, le détonnant « The Rise and Fall of a Midwest Princess », qui pose les bases d’un univers brinquebalant et théâtral. Loin des clichés de la pop formatée, Chappell Roan s’y révèle à la fois provocatrice, vulnérable et fièrement lesbienne.
Engagée, drôle, provocatrice… Chacun de ses concerts est une fête
La consécration arrive rapidement, en 2024, avec le single « Good Luck, Babe ! », hymne LGBTQ+ devenu viral sur TikTok. Le titre grimpe dans les charts. Aux Grammy Awards 2025, elle décroche le prix de la meilleure artiste émergente. Sur scène, chaque concert est une fête à thème, où elle se réinvente : tantôt Jeanne d’Arc, tantôt statue de la Liberté queer, ou même catcheuse, telle une Lady Gaga maquillée en Cyndi Lauper. Une plongée dans les années 1980 où Kate Bush régnait en maîtresse.
Dans ses chansons, Chappell Roan parle d’amours saphiques, de liberté, d’émancipation. Quitte à s’attirer des critiques. Car sa franchise dérange. Accusée de manquer de courtoisie avec les journalistes ou avec le public, la chanteuse ne s’excuse pas. Se montre même brusque lors d’un concert à Saint-Louis en 2024, où elle interrompt sa performance pour reprocher à un spectateur de ne pas danser. Tyrannie du fun ! Rien de grave : l’essence du drag réside dans la provocation et l’embarras.
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Engagée, drôle et adulée par la communauté LGBTQ+, Chappell Roan fait de la musique un acte de résistance, de revendication joyeuse. D’où le parfum d’excitation qui entoure sa venue à Paris. Alors que les fans attendaient un nouvel album, elle manie l’art de la frustration en ne lâchant qu’un single, « The Subway », sorti il y a quelques jours. Directement numéro 1 mondial sur Spotify avec plus de 8 millions de streams. L’Américaine sera-t-elle à la hauteur des attentes ? Après Billie Eilish en 2023, Lana Del Rey en 2024, Rock en Seine lui offre l’occasion de mettre Paris chaos. Rendez-vous le 20 août.
L’’événement parisien avant la rentrée
Moins de têtes d’affiche cette année, mais une programmation assez éclectique pour donner envie de parcourir cinq jours durant les allées du parc de Saint-Cloud. Parmi les stars: Vampire Weekend, Doechii (le 21 août), Justice (le 23) ou Queens of The Stone Age (le 24). Mais c’est sur les petites scènes que tout se jouera. À voir: Khruangbin (le 21), Caribou (le 22), Floating Points (le 22), les vétérans Stereophonics (le 24) ou le génial Kids Return (le 22). Polémique attendue avec le concert de Kneecap (le 24) dont certains députés demandent l’annulation en raison de leurs prises de position propalestiniennes.
Rock en Seine, du 20 au 24août, domaine national de Saint-Cloud.
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