Avec l’adoption de la loi dite « One Big Beautiful Bill », le 4 juillet 2025, Donald Trump achève le démantèlement des sanctions pour dépassement des normes CAFE sur les émissions de CO2 automobiles. Si cela fait les affaires des constructeurs américains, ça menace aussi frontalement la principale source de profits de Tesla : les crédits carbone.

 

Le 4 juillet 2025, le Sénat américain adoptait la loi “One Big Beautiful Bill” (OBBBA), promue par l’administration Trump. Une cérémonie en grande pompe pour une loi qui démantèle point par point ce que les administrations précédentes avaient mis en place. Parmi ses nombreuses dispositions, une était particulièrement attendue : la suppression pure et simple des amendes liées au non-respect des standards CAFE. En vigueur aux USA depuis 1975, Trump avait déjà tenté de l’assouplir lors de son précédent mandat. Avant que Biden ne les revoie, lui, au contraire, à la hausse. Pour le président des États-Unis, cette nouvelle mesure vise à faciliter la production de véhicules thermiques, jugés plus rentables, en supprimant la pression financière sur les constructeurs comme Stellantis, GM ou Ford, qui avaient payé des centaines de millions de dollars de pénalités au cours des dernières années. Selon certaines estimations, cette décision devrait générer jusqu’à 200 millions de dollars d’économies pour l’industrie automobile.

Une manœuvre qui avantage le thermique, au détriment de l’électrique

En supprimant les amendes CAFE, l’administration Trump fait un choix clair : relancer la vente de véhicules thermiques. Les constructeurs américains peuvent désormais écouler davantage de SUV et de pick-up essence, bien plus rentables que les modèles électriques, sans risque de sanction. Officiellement, il s’agit de défendre la liberté de choix des consommateurs et de soulager une industrie sous pression. Mais dans les faits, la mesure affaiblit fortement les incitations à investir dans l’électrique, alors même que la transition venait à peine de prendre un début de commencement d’élan aux États-Unis. Rappelons qu’au pays de l’oncle Sam, l’électrique n’est même pas à 10 % de parts de marché (quasiment moitié moins qu’en Europe).

L’OBBBA supprime également les crédits d’impôt fédéraux pour l’achat de véhicules électriques, ainsi que d’autres soutiens financiers au secteur, comme les aides à la production de batteries. C’est officiel : le thermique est de retour. Et l’électrique devra attendre. D’ailleurs Stellantis l’a bien compris et signe déjà le grand retour de son V8 Hemi.

Tesla en sort le grand perdantTesla tire une grande part de sa rentabilité des ventes de crédits carbone à des constructeurs qui ne respectent pas les quotas d’émissions.Tesla tire une grande part de sa rentabilité des ventes de crédits carbone à des constructeurs qui ne respectent pas les quotas d’émissions.© Tesla

Ironie du sort dans toute cette affaire : Tesla, pourtant proche de Donald Trump, faut-il le rappeler, est la principale victime de cette réforme ultralibérale. Le constructeur tire une part non négligeable de sa rentabilité des ventes de crédits carbone à des constructeurs qui ne respectent pas les quotas d’émissions. En 2024, ces revenus représentaient 39 % de son résultat net, soit plusieurs milliards de dollars. Sous la nouvelle loi, la valeur de ces crédits s’effondre : pas de pénalité imposée au constructeurs américains, donc plus aucune incitation à les acheter. Les analystes prévoient un effondrement des revenus liés à ces crédits, de 2,17 milliards en 2024 à près de 595 millions en 2026. Voire même une disparition totale à l’horizon 2027. Elon Musk s’est publiquement insurgé contre cette loi, la qualifiant d’ »abomination », avant de menacer d’une riposte politique. Trump, lui, n’avait pas tardé à répliquer avec ironie en évoquant la possibilité d’annuler les contrats fédéraux de Tesla et Space X. En attendant, Tesla pourra toujours compter sur ses « pools » de constructeurs européens ou mondiaux puisqu’en Europe, la norme CAFE reste plus que jamais d’actualité. Et si l’Europe a consenti à ce que les constructeurs étalent les paiements des amendes sur plusieurs années, elle ne les a pas pour autant annulées, comme Trump. L’objectif de 2035 de ne plus vendre de voitures neuves thermiques, lui non plus, n’a pas été annulé !

Maël Pilven

Nouvelle ou ancienne, thermique ou électrique, l’automobile me fait vibrer depuis toujours. Au volant comme derrière mon écran, j’en parle avec autant de passion que possible !

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Publié le 16/08/2025 à 20:00