La mousson, d’une intensité exceptionnelle, a fait de nombreuses victimes au Pakistan. Les autorités préviennent que les pluies vont encore s’intensifier lors des prochaines semaines.

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Publié le 16/08/2025 17:57

Temps de lecture : 6min

Des ouvriers utilisent des engins lourds pour dégager la boue d'une rue à Mingora, dans la province montagneuse de Khyber Pakhtunkhwa (Pakistan), frappée par la mousson, le 16 août 2025. (MEHBOOB UL HAQ / AFP)

Des ouvriers utilisent des engins lourds pour dégager la boue d’une rue à Mingora, dans la province montagneuse de Khyber Pakhtunkhwa (Pakistan), frappée par la mousson, le 16 août 2025. (MEHBOOB UL HAQ / AFP)

« J’ai recouvert les corps de certains de mes élèves et je me demande ce qu’ils ont fait pour mériter ça », se désole un enseignant. Les pluies diluviennes ont tué plus de 340 personnes dans le pays en 48 heures et de nombreux disparus sont encore recherchés par les secours, samedi 16 août.

Les autorités redoutent en outre une intensification des précipitations dans les prochaines semaines. Franceinfo revient sur ce que l’on sait de ces intempéries.

De nombreux habitants emportés par des crues subites

La mousson a tué au moins 344 personnes en 48 heures au Pakistan, ont annoncé les autorités dans leur dernier bilan, samedi. Les pluies diluviennes les plus meurtrières ont eu lieu dans différents districts de la province montagneuse du Khyber-Pakhtunkhwa, dans le nord du pays, qui a enregistré à elle seule 324 décès, soit environ la moitié des morts de cette saison de mousson, précision l’autorité de gestion des catastrophes.

La plupart des victimes ont été emportées par des crues subites, sont mortes dans l’effondrement de leur maison, ont été électrocutées ou frappées par la foudre. Vendredi, « entre 9 et 10 heures, un violent orage a éclaté provoquant une crue soudaine », témoigne auprès de l’AFP Abdul Khan, un habitant du district de Buner, qui compte 91 morts. « Les enfants jouaient dehors et les femmes étaient à l’intérieur des maisons, ils ont tous été emportés et encore maintenant, de nombreuses personnes gisent sous les débris, on les recherche en aval. »

Syed Muhammad Tayyab Shah, de l’autorité nationale de gestion des catastrophes, explique que « plus de la moitié des victimes sont mortes à cause de la mauvaise qualité des bâtiments ». Il recommande de nettoyer les gouttières des maisons pour éviter une accumulation d’eau qui pourrait faire céder les toitures.

« J’ai retrouvé les corps de certains de mes élèves et je me demande ce qu’ils ont fait pour mériter ça », a témoigné à l’AFP Saïfullah Khan, un enseignant de 32 ans, dans le district de Buner, au nord du pays. « Les habitants récupèrent les corps et organisent des prières funéraires », mais « nous ne savons toujours pas qui est mort ou vivant », a-t-il raconté.

Dans le district voisin de Swat, les routes et plusieurs véhicules sont recouverts d’une coulée de boue et les poteaux électriques jonchent le sol. Onze autres personnes ont trouvé la mort dans le Cachemire pakistanais, tandis que dans le Cachemire administré par l’Inde, au moins 60 victimes ont été recensées – et 80 personnes sont toujours portées disparues.

Enfin, neuf personnes sont mortes dans le Gilgit-Baltistan. Cette région touristique, située à l’extrême nord du Pakistan, est particulièrement prisée l’été des alpinistes venus du monde entier. Les autorités recommandent désormais d’éviter. Au total, depuis le début de la saison de la mousson, 657 personnes, dont une centaine d’enfants, ont été tuées, et 888 autres blessées.

Une mousson estivale « inhabituellement » intense 

La mousson estivale, nécessaire aux agriculteurs de la région, est cette année « inhabituellement » intense, affirment les autorités pakistanaises. Ces deux derniers jours, les pluies ont encore redoublé, causant d’énormes dégâts. Les autorités préviennent que les intempéries vont encore s’intensifier ces deux prochaines semaines. 

« Ce matin, quand je me suis réveillé, la terre que notre famille cultivait depuis des générations – et le petit terrain où nous jouions au cricket depuis des années – avaient disparu », témoigne auprès de l’AFP Muhammad Khan, un habitant du district de Buner. « On dirait que toute la montagne s’est effondrée, la région est recouverte de boue et d’énormes rochers », ajoute l’homme de 48 ans, racontant avoir extrait « 19 corps des décombres ».

Des habitants observent les secouristes retirer les pierres devant leurs maisons au lendemain des crues soudaines survenues dans le district de Buner, au nord du Pakistan, le 16 août 2025. (HASHAM AHMED / AFP)

Des habitants observent les secouristes retirer les pierres devant leurs maisons au lendemain des crues soudaines survenues dans le district de Buner, au nord du Pakistan, le 16 août 2025. (HASHAM AHMED / AFP)

Le Pakistan, cinquième pays le plus peuplé au monde, reste l’un des plus vulnérables aux effets du changement climatique. Les 255 millions d’habitants ont déjà subi ces dernières années des inondations meurtrières, des explosions de lacs glaciaires et des sécheresses inédites, autant de phénomènes qui vont se multiplier sous l’influence du dérèglement climatique, préviennent les scientifiques. En juillet, le Pendjab, où vivent près de la moitié des Pakistanais, a enregistré des précipitations 73% supérieures à celles de l’année précédente. Durant ce seul mois, la province a recensé plus de morts que sur la totalité de la mousson précédente.

Les secouristes à l’œuvre

Plus de 2 000 secouristes ont été déployés dans le Khyber-Pakhtunkhwa, région frontalière de l’Afghanistan. L’Autorité de gestion des catastrophes de la province a déclaré « sinistrés » de nombreux districts où « des équipes de secours ont été déployées en renfort » pour tenter d’approcher des hameaux à la géographie accidentée. Ils tentent de trouver des survivants ou de récupérer les corps ensevelis sous les décombres, explique à l’AFP Bilal Ahmed Faizi, porte-parole des secours de la province.

Les sauveteurs et les résidents locaux retirent une voiture de la boue et des débris, dans le district de Buner, au nord du Pakistan, le 16 août 2025. (HASHAM AHMED / AFP)

Les sauveteurs et les résidents locaux retirent une voiture de la boue et des débris, dans le district de Buner, au nord du Pakistan, le 16 août 2025. (HASHAM AHMED / AFP)

« Les fortes pluies, les glissements de terrain et les routes bloquées empêchent les ambulances d’accéder et les secouristes doivent se déplacer à pied », décrit-il. Vendredi, un hélicoptère des secours s’est écrasé, faisant cinq morts supplémentaires.

Les secours « tentent d’évacuer les survivants, mais très peu acceptent de partir, car ils ont perdu des proches, encore prisonniers des décombres », poursuit Ahmed Faizi. « Nous continuons à chercher des proches. Chaque fois que l’on découvre un corps, on ressent une profonde tristesse, mais aussi un soulagement, car on sait que la famille pourra récupérer la dépouille », témoigne Muhammad Khan, habitant du district de Buner.