Vers une paix imposée à Kiev ? Lors d’un sommet très attendu à Anchorage, Donald Trump et Vladimir Poutine ont esquissé les contours d’un accord de paix en Ukraine. Mais à première vue, cet accord ne dit pas son nom : il ne prévoit ni cessez-le-feu immédiat, ni nouvelles sanctions contre Moscou. Il propose en revanche des concessions territoriales pour Kiev et des garanties de sécurité hors OTAN. Une approche radicalement différente de celle défendue jusqu’ici par l’Ukraine et ses alliés occidentaux.
C’est une des déclarations les plus commentées du sommet : « Il a été jugé par tous que la meilleure façon de mettre fin à la guerre est d’aller directement à un accord de paix, et non à un simple cessez-le-feu, qui souvent ne tient pas », a affirmé Donald Trump sur son réseau Truth Social.
Un positionnement clair, et surtout une rupture totale avec la ligne défendue par Volodymyr Zelensky, qui continue de réclamer un cessez-le-feu immédiat comme base de toute discussion. Pour Vladimir Poutine, c’est un tournant favorable : le président russe insiste depuis le début du conflit pour un accord « global », axé selon lui sur les « causes profondes » de la guerre, notamment le rapprochement de l’Ukraine avec l’OTAN.
Concessions territoriales : la crainte ukrainienne se confirme
La question des territoires est restée taboue en conférence de presse, mais les coulisses en disent long. Selon un responsable ayant eu accès à des échanges entre Trump et des dirigeants européens, l’ancien président américain soutiendrait une proposition russe permettant à Moscou de conserver le contrôle total sur les régions de Donetsk et Lougansk, tout en gelant la situation militaire dans les régions de Kherson et Zaporijjia.
La Russie, rappelons-le, revendique depuis 2022 l’annexion de ces quatre régions, bien qu’elle ne les occupe pas entièrement. Aujourd’hui, elle contrôle presque toute la région de Lougansk, une grande partie de Donetsk, mais reste en recul à Kherson et Zaporijjia, où les principales villes sont toujours sous contrôle ukrainien. Pour Kiev, céder formellement ces territoires est inacceptable – la Constitution ukrainienne interdit toute concession. Volodymyr Zelensky l’a répété : la souveraineté nationale ne se négocie pas.
Garanties de sécurité
Autre point clé des discussions : comment garantir la sécurité de l’Ukraine sans enrôler le pays dans l’OTAN, ligne rouge pour la Russie. Selon plusieurs sources proches du dossier, Donald Trump aurait proposé à Zelensky une forme de garantie collective, comparable à l’article 5 de l’Alliance atlantique… mais hors du cadre officiel de l’OTAN.
Une idée qui semble faire son chemin : la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a parlé d’une clause de sécurité collective, permettant aux alliés de Kiev – y compris les États-Unis – d’intervenir en cas de nouvelle attaque. La France et le Royaume-Uni auraient déjà fait savoir qu’ils pourraient contribuer à une force de « réassurance », présente en Ukraine, mais pas directement sur la ligne de front.
Une rencontre tripartite à venir ?
Le sommet d’Anchorage pourrait n’être que le début. Donald Trump a annoncé qu’il recevrait Volodymyr Zelensky lundi 18 août à la Maison Blanche, et qu’une rencontre à trois avec Vladimir Poutine pourrait suivre, si les discussions évoluent favorablement. « Si tout marche bien, nous programmerons alors une rencontre avec le président Poutine« , a-t-il déclaré.
Zelensky, de son côté, reste sceptique : sans cessez-le-feu clair, il doute de la volonté de Moscou d’aboutir à une paix durable. Vendredi marquait aussi la fin de l’ultimatum fixé par Trump à la Russie : soit un retrait rapide, soit des sanctions secondaires visant notamment les pays commerçant avec Moscou.
Mais après la rencontre, le ton s’est adouci : « Vu comme cela s’est passé aujourd’hui, je ne pense pas que je doive penser à cela maintenant », a-t-il confié à Fox News. Une déclaration qui contraste avec celle des dirigeants européens, bien décidés à maintenir la pression : « Nous continuerons à renforcer les sanctions et les mesures économiques ciblées pour peser sur l’économie de guerre de la Russie, jusqu’à l’établissement d’une paix juste et durable », ont-ils affirmé dans un communiqué commun.
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