Les sacs (légers) des clients de ce supermarché parisien donnent le ton des futurs menus qui seront sur la table à la maison : des concombres, une demi-pastèque, du jambon blanc, des miettes de thon à l’huile, des laitages et des hectolitres de gaspacho à la tomate pour l’essentiel.
« Préparer une simple salade de riz est déjà un supplice avec cette chaleur, souffle Imane, mère de deux filles. J’en fais de grandes quantités pour être tranquille, mais il faut quand même varier les repas. Or, je n’ai pas d’idées et personne n’a faim. »
Quand les températures sont élevées, l’appétit est au plus bas, et donc l’envie de cuisiner. Pourtant, adapter son alimentation à la canicule actuelle « est indispensable, car les besoins nutritionnels nécessaires au bon fonctionnement du corps restent les mêmes », insiste Amandine Berardo, diététicienne et nutritionniste à Vincennes (Val-de-Marne).
Car, oui, la canicule a un impact sur le métabolisme : elle augmente les besoins en eau, réduit de fait la sensation de faim et peut ralentir la digestion. Un déséquilibre qui est particulièrement sensible chez les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes et les sportifs.
Ne pas adapter ses habitudes alimentaires à ces fortes chaleurs peut ainsi entraîner nombre de complications : déshydratation (fatigue, maux de tête, confusion, crampes musculaires), baisse d’énergie et inconfort digestif. Et dans les cas les plus extrêmes, le coup de chaleur menace également.
Privilégier les fruits et légumes de saison, et ne pas oublier les féculents
Ce qui se passe dans les assiettes est donc loin d’être anodin. Mais quels sont les bons réflexes ? Pour faire face à la perte en eau et en minéraux, les professionnels de santé experts de l’alimentation mettent en avant les fruits (pastèque, melon…) et légumes de saison (tomates, concombres, courgettes, radis…). À consommer crus, en salade, soupe froide ou smoothie.
« L’eau contenue dans ces aliments est d’ailleurs mieux retenue par l’organisme que celle que l’on boit. Et puis, ils sont faciles à digérer. La digestion demande, en effet, beaucoup d’efforts à notre corps, libère de la chaleur et accentue la fatigue », prévient Amandine Berardo.
« Ils contiennent des vitamines et des minéraux qui permettent une meilleure hydratation que l’eau seule, abonde Maeva Zambon, diététicienne et nutritionniste à Paris (XIIIe). Et on garde les féculents qui sont aussi gorgés d’eau après leur cuisson », précise-t-elle. « On a tendance à les mettre de côté, alors qu’ils aident à réguler la glycémie (concentration de glucose dans le sang). Ils fournissent aussi des glucides complexes, source d’énergie, comme le pain », ajoute Amandine Berardo.
Pas de complexes donc à se lancer dans une salade de pâtes froide avec un peu de jambon blanc, des œufs et des crudités, bien au contraire. Et pour ce qui est des protéines, notamment animales, préférez des viandes maigres (volaille sans peau, filet de dinde…) et des poissons blancs plus digestes. Sans trop de sel, toutefois. Si c’est un exhausteur de goût, il déshydrate aussi en cas de forte consommation.
Fractionner les repas
Quid de ceux qui s’affichent sur les réseaux sociaux en mangeant une raclette en été ? Les expertes ironisent. « Si c’est pour faire le buzz une fois, bon… », excuse Amandine Berardo. « Les plats en sauce, gras, épicés, les fritures, les panés, la viande persillée sont coûteux en énergie à transformer pour notre organisme », alerte quand même Maeva Zambon. La digestion sera ainsi plus lente, ce qui peut augmenter la fatigue en période de chaleur.
Et lorsque la faim est absente ? Surtout lorsqu’il s’agit d’enfants ou de personnes âgées. La réponse des professionnelles est unanime : fractionnez les repas, en multipliant les petites portions au cours de la journée.
Si la collation de midi n’est pas bien lourde, ne forcez pas. « Ajoutez un laitage à 15 heures, une poignée d’amandes à 16… Proposez régulièrement des fruits coupés, de la compote. De l’eau aussi. Testez les soupes froides avec un peu de fromage fondu ou de la crème pour l’apport calorique », conseille Amandine Berardo.
Garder le plaisir dans l’assiette
Notre alimentation doit donc s’adapter aux fortes chaleurs, et ça, les restaurateurs l’ont aussi bien compris. À la terrasse ombragée d’une brasserie parisienne, Aya et Liv font leur pause déjeuner. Au menu : sauté d’asperges vertes et aubergine rôtie avec des copeaux de parmesan « spécial été 2025 », pour la première, et duo de tartare de dorade et saumon, pour la seconde.
« Qu’on le veuille ou non, on aura notre summer body, rigole Aya, une salariée aoûtienne. Déjà parce que, si l’été est la saison des apéros et des cocktails, l’alcool ne me donne pas envie du tout en ce moment. Et comme c’est très calorique et que ça déshydrate, ça tombe bien. Sans parler de l’appétit qui n’est pas vraiment au rendez-vous. »
« Comme il faut quand même manger, je me tourne plutôt vers des repas froids mais qui font quand même plaisir », poursuit Liv, plongée dans son tartare. « Le plaisir est essentiel et, oui, il faut le garder, insiste Amandine Berardo. Sur un dessert, par exemple, fait de fruits rouges avec une boule de glace ». « Tout est vraiment question de fréquence », résume Maeva Zambon.