Peut-être avez-vous vu passer le slogan sur les réseaux sociaux : « Bloquons le pays le 10 septembre prochain ». Cet appel vise à immobiliser la France dans le but notamment d’obliger le gouvernement Bayrou à renoncer à son projet de budget, en particulier aux 44 milliards d‘euros d’économie prévus et la suppression des deux jours fériés.

Diffusé depuis la fin du mois de juillet dans des sphères politiques très diverses, principalement par le biais du réseau social Telegram, ce mot d’ordre n’a pas d’origine claire.

En revanche, dans sa déclinaison costarmoricaine, il prend clairement sa source dans le milieu de la gauche radicale, et notamment de La France insoumise. Une dynamique bien visible lors de la première action briochine du collectif, ce dimanche 17 août, au marché de La Croix Saint-Lambert.

« L’idée est de partir de ce que les gens ont dans la tête »

Par petits groupes, la vingtaine de membres du collectif « Indignons-nous 22 » ont procédé à une « audition citoyenne », soit une déambulation dans les allées du marché à la rencontre des passants, leur demandant simplement : « Comment ça va ? » ; « Qu’est-ce qui ne va pas en France ? » ; « Que peut vous apporter le mouvement du 10 septembre ? ».

« L’idée est de partir de ce que les gens ont dans la tête, plutôt que de ce que nous, on a dans la tête », explique Yohan Pavec, fidèle aux principes fondateurs du mouvement des Gilets jaunes, auquel il a activement participé.

Pas sûr cependant que cette figure locale de la gauche radicale reprenne à son compte les propos de certaines personnes interrogées ce jour-là, celles entendues se plaignant principalement « qu’il y a trop d’aides en France » ou que « les policiers ne peuvent plus faire le boulot ».

Un youtubeur influent et une ancienne candidate LFI

Comme la grande majorité des participants du mouvement naissant au niveau local, Yohan Pavec est un militant de gauche. Il est connu pour avoir créé en 2021, à Guingamp, « Le Canard réfractaire », un média associatif suivi sur YouTube par plus de 400 000 abonnés. Sympathisant affiché de La France insoumise, il réalise avec sa petite équipe des vidéos portant sur les « mensonges des médias » à propos de l’Ukraine ou ses « révélations sur les lobbys israéliens en France ».

« Bloquons tout » le 10 septembre : des militants proches de La France insoumise et des anciens Gilets jaunes à la manœuvre dans les Côtes-d’Armor (Le Télégramme / Valentin Béchu)

Une proximité politique qu’on retrouve chez d’autres membres de la première heure du collectif, peu à peu constitué au mois de juillet, organisant des premiers rassemblements à Guingamp et Lannion. Parmi lesquels Gaël Roblin, conseiller municipal de la minorité à Guingamp et militant d’extrême gauche, Marion Gorgiard, ancienne candidate LFI aux législatives et Françoise Quainquard, une autre militante du parti de Jean-Luc Mélenchon. Ce faisant, ces dernières ont ainsi suivi les consignes de leur leader, qui a officiellement appelé ce dimanche à soutenir les actions prévues le 10 septembre.

RIC et « ultras riches »

Sur le tract distribué ce jour-là, on retrouve d’ailleurs les marottes de la gauche radicale. Il est dénoncé les « 211 milliards d’euros par an donnés aux grosses entreprises sans contreparties », « le doublement du budget de la guerre depuis 2017 » ou le « pillage de l’argent public pour les ultras riches ».

Pour autant, « on ne veut pas créer un mouvement où il y a juste les gauchos », professe Yohan Pavec au début de l’action. Le collectif peut notamment compter sur des anciens Gilets jaunes, « ni de gauche ni de droite », comme Stéphane. Venu avec un livre portant sur le Référendum d’initiative citoyenne (RIC) expliqué à tous, ce Briochin milite avant tout pour une profonde réforme des institutions : « Je me suis réveillé politiquement pendant les Gilets jaunes, ça m’a ouvert les yeux sur le fait les citoyens subissent en permanence une fois les élections passées ».