Pas de visa pour Gaza. La diplomatie américaine a annoncé samedi qu’elle mettait fin, le temps d’une enquête, à ses visas médicaux pour des réfugiés palestiniens en provenance de l’enclave bombardée par Israël. Cette annonce a été formulée par le ministère des Affaires étrangères, dirigé par le secrétaire d’Etat Marco Rubio, qui précise qu’un «examen complet et minutieux du processus et des procédures utilisés ces derniers jours pour accorder un petit nombre de visas temporaires de type médical et humanitaire» sera mené. Une décision qui fait directement suite à des messages et des vidéos publiés sur les réseaux sociaux par Laura Loomer, figure de l’influence d’extrême droite US qui a l’oreille de Donald Trump.
Vendredi, la trentenaire, pas économe de sorties racistes et complotistes, a expliqué avoir fait campagne auprès de parlementaires républicains contre l’arrivée aux Etats-Unis de Palestiniens de Gaza qui «travaillent pour des organisations islamiques pro-Hamas […] affiliées aux Frères musulmans et financées par le Qatar». Laura Loomer a notamment pris pour cible «Heal Palestine», que son compte X présente comme une association organisant des voyages aux Etats-Unis pour raisons médicales de Palestiniens de la bande de Gaza.
Selon le journal israélien Times of Israël, Washington a délivré plus de 3 800 visas de ce type, qui permettent aux étrangers de se faire soigner aux Etats-Unis, à des titulaires du document de voyage délivré par l’Autorité palestinienne. Plus de 600 visas ont notamment été délivrés en mai.
«J’ai parlé avec l’équipe du sénateur Tom Cotton [président de la commission du Renseignement] et elle regarde comment ces Gazaouis ont obtenu un visa pour les Etats-Unis», a-t-elle encore expliqué sur le réseau social. «C’est vraiment inacceptable. Quelqu’un devra être viré du département d’Etat quand Marco Rubio saura qui a approuvé ces visas», a exigé Laura Loomer, accusant «le Qatar, notre ennemi, pas notre ami», d’avoir «convoyé ces Gazaouis vers les Etats-Unis via la compagnie Qatar Airways». «Ils inondent littéralement notre pays de jihadistes», a-t-elle reproché à l’émirat, qui avait offert un avion de 400 millions de dollars à Donald Trump lors de sa visite somptuaire au Moyen-Orient au mois de mai.
Toujours sur X, un élu à la Chambre des représentants pour la Floride, Randy Fine, a fustigé une politique de visas «inacceptable» et promis de «coopérer avec les autorités compétentes pour […] chercher l’expulsion immédiate» de ces Palestiniens.
L’ONG Palestine Children’s Relief Fund (PCRF), qui affirme dans un communiqué samedi avoir «évacué vers les Etats-Unis des milliers d’enfants palestiniens pour une prise en charge médicale», a exhorté «le gouvernement américain à revenir sur cette décision dangereuse et inhumaine». «Les évacuations médicales sont une planche de salut pour les enfants de Gaza, faute de quoi ils subiraient des souffrances inimaginables, voire mourraient en raison de l’effondrement des infrastructures médicales» dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, déplore l’organisation.
Ce n’est pas la première fois que Laura Loomer a une telle influence sur l’administration Trump. Fin juillet, le Pentagone avait annulé l’embauche d’une haute fonctionnaire comme professeure à l’école militaire West Point après que l’influenceuse ultra-conservatrice l’eut qualifiée de «taupe» des démocrates. Et en avril, le directeur de l’agence de renseignement NSA, Timothy Haugh, et son adjointe, Wendy Noble, avaient été limogés pour «déloyauté» envers Donald Trump, avait plastronné Laura Loomer, après avoir vu le président à la Maison Blanche.