Pour débuter la saison de National 2 face à Avranches (0-0) ce samedi, Bruno Irles ne disposait que d’un attaquant sur son banc de touche, le jeune de la réserve Luigi Rizaldos (20 ans). L’entraîneur des Girondins ne compte pas sur Yanis Merdji, en discussions avec le club normand, ni sur Étienne Beugre, qui n’a pas mis les pieds à Bordeaux cet été. Jusqu’à présent, il se disait au Haillan que le joueur se préparait seul en Côte d’Ivoire, en accord avec le club, le temps de trouver un nouveau point de chute.
Mais l’ancien joueur de Maribor (Slovénie) a posté sur Instagram, dans la nuit de samedi à dimanche, un message qui suggère une autre version de l’histoire. « Prêt à aider mes coéquipiers ! J’attends depuis 40 jours que le directeur sportif John Williams m’envoie les documents nécessaires pour mon visa de travail à l’ambassade de France à Abidjan ! Je sais que je peux aider l’équipe et que je suis payé pour ça ! Loin des yeux, prêt (sic) du cœur. »
« Forcer une résiliation »
Sollicité pour livrer davantage d’explications et de contexte, l’entourage du joueur n’est pas tendre avec les Girondins : « Le problème est que Bordeaux ne souhaite pas conserver Beugre, estimant que le joueur perçoit un salaire élevé, et refuse donc de renouveler son visa de travail. Le club tente ainsi de forcer une résiliation de contrat, ce qui n’est absolument pas la volonté de l’autre partie. »
Engagé en janvier dernier jusqu’au 30 juin 2026, l’attaquant de 24 ans perçoit 10 000 euros par mois. Il est de loin le joueur le mieux payé de l’effectif. Or, la masse salariale du club est encadrée par la DNCG et il est quasiment impossible de renforcer l’équipe actuelle sans alléger le budget des rémunérations de Merdji (5 500 euros par mois en lissant sa prime de fin de saison) ou Beugre. L’objectif est donc de se séparer de ces deux éléments.
Un accord tacite en janvier ?
Bordeaux y est parvenu cet été avec Amadou Diallo, Travis Mutyaba, Adrien Louveau et Andy Carroll, qui ont tous trouvé un point de chute satisfaisant et ont accepté de résilier sans percevoir d’indemnités. C’est sans surprise plus difficile pour Beugre, issu d’un milieu très modeste au pays, qui a débuté sa carrière professionnelle sur le tard et qui retrouvera difficilement de telles conditions salariales – qui, rappelons-le, lui ont été proposées en conscience par les Girondins il y a sept mois.
« Nous avons consenti un très grand effort pour permettre à Beugre de rejoindre Bordeaux et nous ne nous attendions pas à rencontrer un tel manque de respect envers un professionnel aussi dévoué et irréprochable que lui », prolonge son entourage. Lequel, au passage, affirme qu’une « commission liée à ce transfert n’a toujours pas été réglée à ce jour », ce qui ne manquera pas d’ajouter du sel à un dossier déjà relevé.
Les Girondins apprécieront d’autant moins que selon une source interne, un accord tacite (donc oral) aurait été passé au moment de sa signature en janvier dernier : faute de montée en National à l’été 2025, le joueur acceptait de partir. Mais il nourrirait aujourd’hui des ambitions un peu trop élevées quant à la suite de sa carrière, compliquant ainsi un changement de club, après une demi-saison à deux buts et deux passes décisives en 14 matchs.
Beugre, pas le seul cas
À Bordeaux, on souligne que le titre de séjour de Beugre expirait à la mi-juillet, que le club avait pris rendez-vous pour lui à la préfecture de Gironde pour le renouveler, mais que le joueur n’a pas réussi à prendre l’avion à temps à Abidjan. On ajoute qu’un autre joueur, Trésor Kouable, recruté cet été pour la réserve en provenance de Bergerac, est actuellement bloqué en Côte d’Ivoire pour la même raison alors que le club compte sur lui.
Depuis mi-juillet, Beugre n’a donc plus de titre de séjour, ne peut pas entrer en France et, au lieu d’un renouvellement, c’est une nouvelle demande à formuler avec tout un processus qui peut prendre plusieurs mois. Ce sur quoi les Girondins disent n’avoir aucune prise. Sur fond de parole contre parole, le bras de fer semble engagé entre les deux parties. En attendant une résolution, Beugre a été normalement payé pour le mois de juillet.