Depuis début juillet, les distributions alimentaires estivales au TAPS Laiterie assurent une aide indispensable aux plus précaires. L’opération a pour but de prendre le relais des diverses actions associatives mises en pause durant l’été. Chaque midi, du mercredi au dimanche, les bénévoles s’activent mais le constat est sans appel : la précarité augmente à Strasbourg et les moyens ne suivent pas.
Pour la sixième année consécutive, le Secours Populaire, Abribus et les Restos du Cœur se sont alliés pour une distribution alimentaire d’ampleur, avec le soutien de la Ville. Le but : pallier le manque d’actions associatives à destination des plus précaires pendant la pause estivale.
Voilà cinq semaines déjà que l’opération a commencé, celle-ci se poursuit jusqu’au 31 août. À la moitié de l’été, un premier bilan tombe. Il est sans surprise, mais catégorique.
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Une opération qui se poursuit jusqu’à la fin août
Dans la cour du TAPS Laiterie, les bénévoles s’affairent à distribuer des repas froids, des bouteilles d’eau et des collations. Dans la file qui s’étend jusque sur le trottoir, tous les profils sont représentés.
L’opération de distributions estivales est ouverte à toutes et tous. Aucun justificatif n’est demandé, aucun critère n’est exigé. Le seul point commun des personnes accueillies est la grande précarité. Parmi elles, en 2024, 75% des bénéficiaires n’avaient pas de domicile fixe.
© Martin Savail / Pokaa
Sur place, divers acteurs se relaient selon les jours de la semaine dans le but de garantir l’accès à des services élémentaires.
- Les mercredis, une permanence médico-sociale est assurée.
- Les jeudis, des produits d’hygiène sont distribués.
- Les vendredis, c’est l’association Tôt ou T’Art qui organise une distribution de livres dans le but de garantir l’accès à la culture.
La demande augmente mais pas le nombre de repas
Mais du côté de la distribution alimentaire, la tension se fait sentir. Romane est coordinatrice de l’opération, pour elle, le calcul est vite fait : « On a 450 repas par jour. Sur des journées où on accueille jusqu’à 700 personnes, ça ne suffit pas. » Sur ces premières semaines, les équipes notent déjà une hausse de 20% de repas distribués par rapport à l’année dernière.
Et Romane nous l’affirme : les semaines à venir sont généralement celles qui voient arriver le plus de monde.
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« Le problème, c’est que la précarité ne cesse d’augmenter, le nombre de personnes dans le besoin ne cesse d’augmenter, et les budgets se confrontent à la réalité du terrain. »
À ce poste pour le troisième été consécutif, elle fait part d’un durcissement des règles de distribution, déjà censé pallier le manque de repas. Pendant les premières années de l’opération, les bénévoles fournissaient des repas pour les personnes dans l’incapacité de se déplacer. C’est terminé : seules les personnes se présentant à la distribution peuvent désormais repartir avec un repas.
« Jeudi dernier, il y avait 700 personnes. On fait comme on peut, mais ce n’est pas l’idéal. On distribue des suppléments à la place des plats frais, comme des conserves… On accueille toujours tout le monde, mais on s’adapte. Les gens repartent avec autre chose. »
Romane, coordinatrice du Secours Populaire pour les distributions estivales
La nouveauté de cette année, c’est aussi la proposition faite aux familles de partager un repas entre deux enfants de la même fratrie. « Ce n’est pas satisfaisant non plus comme fonctionnement. Alors on ne l’impose pas, on propose, mais bon… »
L’engagement bénévole persiste
Heureusement, l’engagement des bénévoles ne faiblit pas. Tout l’été, 10 à 15 bénévoles par jour de distribution assurent le bon fonctionnement de l’opération. Issu(e)s d’Abribus, du Secours Populaire et des Restos du Cœur, ils et elles font également face à l’augmentation inquiétante de la fréquentation.
Sylvie est bénévole à l’année auprès d’Abribus. Pour le deuxième été consécutif, elle participe aux distributions estivales : « On a remarqué qu’il y a plus de monde que les autres années. On a quand même une super ambiance avec les personnes accueillies. »
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« Ce qui me fait venir, c’est l’envie d’être utile. Et puis un peu de révolte aussi. »
Sylvie, bénévole Abribus aux distributions estivales
Derrière les caisses d’aliments à distribuer, les profils de bénévoles sont variés. Camarade de Sylvie à l’année comme en été, Isabelle se réjouit de l’engagement : « Nous on est retraitées, mais il y a aussi des personnes actives, des étudiants, des étrangers, des personnes accueillies. »
Romane conclut : « Tout le monde est le bienvenu. »
Les distributions estivales sont organisées par le Secours Populaire, Abribus et les Restos du Cœur, avec le soutien de la Ville de Strasbourg.
Elles se poursuivent du mercredi au dimanche au TAPS Laiterie, jusqu’au 31 août, de 12h à 14h. L’accueil est inconditionnel, aucun critère n’est exigé.