Certains administrés niçois seraient répertoriés dans un fichier tenu minutieusement par Éric Ciotti et son équipe. Il y serait fait mention de leur confession religieuse, de leur métier et même de leur situation de handicap. Un lanceur d’alerte a fait un signalement à la justice, qui enquête.
C’est une affaire qui pourrait faire scandale. Éric Ciotti, patron de l’UDR, allié du RN, est accusé de répertorier, dans des fichiers tenus minutieusement, les données de plusieurs administrés niçois. Lui qui est parti des Républicains avec une précieuse liste de 250 000 noms à convaincre de le rejoindre pourrait bien avoir été cette fois trop loin. Un lanceur d’alerte a déposé un signalement auprès du procureur de la République de Nice pour « fichage illégal d’administrés par un élu ». Il est visé par une enquête, selon les informations révélées par Libération, mardi 12 août, qui a pu consulter ces fichiers.
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a également reçu une plainte. Des perquisitions ont été menées par le Service interdépartemental de police judiciaire au conseil départemental de Nice, mardi 12 août.
Finances et religions mentionnées
Il serait fait mention, dans ces fichiers Excel, de « l’appartenance religieuse ou ethnique », de « la situation de handicap » et de « la situation financière ou patrimoniale » des près de 800 personnes listées. Il s’agit de personnalités niçoises, comme des directeurs d’établissement, des responsables de comité de quartier, mais aussi des « agriculteurs », « avocats », « coiffeurs » et « pompiers », rapportent nos confrères.
En face du nom et des contacts d’une personne listée, il peut donc y avoir écrit « confession juive », « non voyant », « Italien », « flic »… Une liste d’informations qui s’apparenterait à du fichage illégal. Éric Ciotti n’a pas répondu aux sollicitations de nos confrères et le conseil départemental a fait part de son souhait de ne pas communiquer sur le sujet.
Identifier pour mieux communiquer
Selon une source anonyme à Libération, « ils mettent des observations pour compartimenter la manière de s’adresser aux gens, pour organiser des réunions thématiques et pour ne pas commettre d’impair. C’est aussi des techniques d’approche ». Un médecin sera donc contacté pour des sujets de santé, un professeur pour l’éducation, un curé pour des questions religieuses… Avec ces dossiers, Éric Ciotti et son « cercle limité de personnes » seraient sûrs de toujours viser juste. On peut aussi y trouver la mention « Estrosi », l’ennemi juré d’Éric Ciotti et maire de Nice, suivie d’un point d’interrogation.
Celui qui pourrait bien annoncer sa candidature à la mairie de Nice le 31 août, à l’occasion de la réunion de rentrée politique à Levens (Alpes-Maritimes), est également visé par une enquête pour détournement de fonds publics dans son département.
publié le 14 août à 07h57, Philippine Rouviere Flamand, 6Medias
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