L’histoire ne date pas d’hier. Sur le quai de l’Amiral Courbet, à Villefranche-sur-Mer, les terrasses des restaurants sont coupées en deux par la route. Et en période estivale, il y a du monde qui circule…
À l’heure du déjeuner comme du dîner, la chorégraphie semble immuable: les serveurs traversent la route plateau en main, zigzagant au milieu des voitures, des cyclistes et des piétons (qui marchent sur la route), dans un rythme caniculaire.
« On est habitué, ça ne nous dérange pas plus que ça », partage Cyril Tregoat, gérant de l’Olivula, un peu fataliste. Rendre la rue piétonne ou à sens unique? « C’est sûr que ça serait mieux, mais bon… »
Le serpent de mer. Depuis de nombreuses années, le sujet est sur la table: créer une sortie des Marinières côté est, avenue Louise-Bordes, afin d’éviter ou de limiter le passage des voitures sur les quais de Villefranche.
Car pour l’instant, ceux qui souhaitent aller se baigner plage des Marinières en voiture vont se garer… sur le parking des Marinières, au fond de la rade.
Un cul-de-sac qui oblige à passer par les quais, aller et retour, et qui donne un arrière-goût de gaz d’échappement aux assiettes de poissons et autre pizzas.
« Éviter la circulation des voitures »
« Notre souhait est d’éviter la circulation des voitures le long des quais, disait encore le maire de Villefranche-sur-Mer, Christophe Trojani, à Nice-Matin en février 2025. Si nous obtenons le parking sous le stade Bonifaci et une sortie [des Marinières] du côté du pont Saint-Jean, il pourra y avoir une tranquillité pour les piétons et les baigneurs. »
Mais pour la sortie côté pont Saint-Jean (à l’est) des Marinières, rien n’est encore acté, loin de là.
En attendant, « les gens roulent parfois comme des fous, témoigne Patrick, serveur au Spalato depuis 7 ans. Ça peut être dangereux, mais pour l’instant, il n’y a jamais eu de blessé, on touche du bois. »
Lui aussi plaide pour une sortie côté est. Mais pour la piétonnisation, ça reste à voir. « Ils l’avaient fait pendant deux jours pour tester, mais on avait beaucoup moins de clients… »
« Construire enfin ce parking sous le stade Bonifacio »
Les terrasses des restaurants sont coupées en deux par la route, obligeant les serveurs à zigzaguer entre ces dernières, quai de l’Amiral Courbet. Photo Dylan Meiffret
Chez Lou Bantry labellisé cuisine Nissarde, c’est quasi-plein ce dimanche 10 août à 13h, contrairement aux restaurants alentour. Ici, la chaleur intenable ne semble pas avoir découragé les clients.
« Ça fait 30 ans qu’ils en parlent de créer une sortie à l’est, je n’y crois plus », tranche le gérant, Olivier Senia. Pourtant, interdire les quais aux voitures, ça ne lui déplairait pas, bien au contraire. « Si c’est bien pour mes clients, c’est bien pour moi », lance-t-il, pas du tout effrayé par une éventuelle baisse de clientèle.
L’affable et volubile Niçois a même plusieurs idées pour régler le problème: « Construire enfin ce parking sous le stade Bonifacio, et instaurer des navettes électriques gratuites qui descendent sur les quais. Ça enlèverait les voitures et les commerçants pourraient même participer financièrement… Mais le problème, c’est que personne ne sait prendre de décision ici… »
Autre idée lancée à l’encan: « Pourquoi pas des traversées régulières en bateau entre Nice et Villefranche? Il y a tout ce qu’il faut pour ça, et ça désengorgerait les routes. »
En attendant, les voitures défilent. « Un jour, il y aura un accident », craint-il.
« Si les quais devenaient piétons, ce serait merveilleux »
Et qu’en pense Thierry Blouin, gérant du restaurant La Mère Germaine – et d’ailleurs petit-fils de celle-ci –, véritable institution installée depuis 88 ans sur le quai?
« Ce serait bien sans voiture, mais il ne faut pas faire n’importe quoi », tempère-t-il, alors que les effluves indolents de la bouillabaisse se répandent.
La sortie est des Marinières? « Ça risquerait de séparer le village en deux, et d’engorger le Pont Saint-Jean », craint-il. Lui plaide plutôt pour le parking sous le stade, « avec un accès à la citadelle et des navettes qui desserviraient le village ».
Et que faire du parking des Marinières, alors? « Peut-être le supprimer, et faire des commerces à la place. »
Devant son restaurant, les véhiculent circulent au ralenti, comme si eux aussi été impactés par la canicule. « Depuis qu’il y a la police cet été, les gens circulent moins vite. Mais lors des retours de plage, en fin de journée, ça roule quand même très vite, c’est dangereux. Il n’y a jamais eu d’accident encore, mais si les quais devenaient piétons, ce serait merveilleux pour Villefranche. »