Les 850 gardes républicains déployés depuis le 12 août à Washington sur ordre de Donald Trump vont très prochainement recevoir des renforts, rapporte The Washington Post.
Le gouverneur républicain de Virginie-Occidentale, Patrick Morrisey a annoncé que 300 à 400 soldats de la Garde nationale allaient être mobilisés. Le gouverneur de Caroline du Sud, Henry McMaster, a évoqué le déploiement de 200 soldats “aux côtés du président Trump dans ses efforts pour rétablir l’ordre public dans la capitale”. Enfin le gouverneur de l’Ohio, Mike DeWine, a parlé de l’envoi “dans les prochains jours” de 150 policiers de la Garde nationale de l’État.
“Ces nouveaux déploiements, qui marquent une escalade majeure des efforts du président Donald Trump pour prendre le contrôle des forces de l’ordre dans la capitale nationale, surviennent alors que des indices laissent penser que ces troupes pourraient bientôt porter des armes, contrairement aux ordres reçus antérieurement”, indique le quotidien.
Jusqu’à présent, ces ordres stipulaient que les membres de la Garde nationale porteraient un gilet pare-balles, mais laisseraient leurs armes à l’armurerie. “Ils ne seront pas armés et n’auront pas d’armes dans leurs véhicules”, indiquait un communiqué de l’armée publié jeudi 14 août.
En annonçant les déploiements de la Garde nationale à Washington, le responsable presse du Pentagone, Kingsley Wilson, avait également déclaré aux journalistes que les troupes ne mèneraient pas non plus d’activités de maintien de l’ordre pendant leur mobilisation à Washington.
Les troupes déployées ces derniers jours ont essentiellement été positionnées aux abords des bâtiments et monuments fédéraux, ainsi que de la gare Union Station. Des membres de Garde nationale, précise le journal, ont jusqu’à présent “rarement été aperçus au côté des agents du Département de la sécurité intérieure et du FBI, devenus très présents dans les rues et qui ont procédé, selon le ministère de la Justice, à 189 arrestations dans les campements de sans-abri”.
Premiers ciblés : les maires démocrates noirs
En juin, Donald Trump avait ordonné le déploiement de 700 Marines et de 4 000 soldats de la Garde nationale à Los Angeles à la suite de manifestations contre des arrestations massives opérées par les services de l’immigration. Il a suggéré qu’il pourrait prendre des mesures similaires dans d’autres villes.
“Depuis, les villes démocrates se préparent au pire”, rapporte la correspondante du Guardian à Minneapolis. Selon Rachel Leingang, le Pentagone envisagerait de déployer des troupes de la Garde nationale stationnées en Alabama et en Arizona dans plusieurs autres métropoles. “Son procureur général a envoyé cette semaine des lettres à de nombreuses villes démocrates, menaçant d’arrêter les dirigeants locaux s’ils ne coopéraient pas avec les autorités fédérales en matière de contrôle de l’immigration.”
Particulièrement visées : les villes démocrates dirigées – à l’instar de Washington et de Los Angeles – par des maires noirs : Baltimore, Oakland, Seattle ou encore Chicago. Mais elles ne sont pas les seules à tenter de réagir.
Des maires républicains eux-mêmes ont exprimé leur désaccord avec l’usurpation par le président américain du pouvoir local pour des raisons jugées “peu convaincantes”. La Conférence des maires des États-Unis, dirigée par le maire républicain d’Oklahoma City, David Holt, s’est ainsi opposée à la prise de contrôle de Washington par Trump, affirmant que “le contrôle local est toujours préférable”.
Des maires contre le “chaos fédéral”
“Tous ces maires, issus de milieux idéologiques divers, sont attachés à leur ville plus qu’à leur idéologie”, explique Jacob Frey, lui-même maire de Minneapolis. “Nous ne sommes pas contre l’aide fédérale. Nous sommes contre le chaos fédéral”, ajoute Jacob Frey.
Brandon Scott, le maire de Baltimore, a déclaré qu’il était prêt à prendre toutes les mesures, “légales ou autres”, pour protéger les habitants. Mais il subsiste beaucoup d’incertitudes quant à la manière dont les villes peuvent réagir si Trump fait appel à la garde nationale, souligne la correspondante du Guardian.
“Il est très difficile de savoir quelles sont nos options, car nous sommes en terrain inconnu”, reconnaît Brett Smiley, maire de Providence. “C’est une situation sans précédent et je ne sais pas quelles sont mes options pour empêcher l’arrivée des troupes. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’essaie d’être aussi proactif et de faire comprendre que ce n’est ni nécessaire ni souhaité.”