Sur Vinted, Etsy ou encore Leboncoin, des vendeurs peu scrupuleux utilisent l’IA pour rendre leurs articles plus attrayants, voire créer de fausses annonces afin de tromper les acheteurs.
Depuis quelques mois, les sites de seconde main voient fleurir des annonces trop belles pour être vraies et pour cause, ces publications sont souvent générées par l’intelligence artificielle. C’est ce qui est arrivé à Solène, qui après des mois de recherche, pensait avoir enfin trouvé la veste en cuir de ses rêves sur Vinted. « Mes heures de recherche avaient enfin payées », raconte-t-elle à Tech&Co. Mais une fois le colis reçu, elle découvre un vêtement en synthétique, mal fini. « J’étais dégoutée. Sur les photos, il avait l’air incroyable », se désole-t-elle.
« Les deepfakes sont de plus en plus présents dans les annonces en ligne », constate Guillaume Saës, data scientist et chercheur en mathématiques appliquées à l’Université de Créteil, auprès de Tech&Co. L’IA peut embellir un produit de mauvaise qualité et même présenter un article qui n’existe même pas.
Un phénomène qui s’étend à d’autres sites de seconde main
Ce phénomène ne se limite pas seulement à Vinted. Sur Etsy, plateforme connue pour ses créations artisanales, de nombreuses annonces de bijoux et d’objets de décoration se révèlent être générées par l’IA, qui ne sont en fait que des produits bon marché venus des géants chinois de la vente en ligne. Pour Leboncoin, certains utilisateurs rapportent être tombés sur des visuels suspects, aux détails incohérents, laissant penser à des montages générés automatiquement à l’aide d’une IA générative.
La fast-fashion déguisée en vintage
Au-delà des arnaques individuelles, un phénomène plus large inquiète, celui de l’arrivée massive de vêtements issus de la fast-fashion. Des articles neufs, souvent achetés sur Temu, Shein ou Aliexpress, sont revendus deux à trois fois plus chers en se faisant passer pour de la seconde main. »Aujourd’hui, l’IA est aussi sur les plateformes de revente », alerte l’influenceur Johan Reboul, alias Lejeuneengagé, sur Instagram.
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) rappelle que « la diffusion d’informations fausses ou de nature à induire en erreur en matière d’origine du produit » est interdite. Depuis août 2025, l’AI Act européen impose d’ailleurs aux plateformes d’étiqueter les images générées par IA et de mettre en place des systèmes de détection. En cas de manquement, elles risquent jusqu’à 35 millions d’euros d’amende ou 7 % de leur chiffre d’affaires mondial.
publié le 17 août à 17h25, Alexandre Lecomte, 6Medias.
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