L’exposition L’envers de la fête, présentée par le WAAO à Lille, explore les dimensions politiques, sociales et architecturales de la fête.
Du 05 juillet au 07 septembre 2025, en co-production avec le Bazaar St So, cette exposition s’inscrit dans le cadre de la saison Fiesta portée par lille3000. Les fêtes sont des intervalles singuliers où la société se construit et se déconstruit. Ce sont de micro-utopies temporelles durant lesquelles les règles sociales sont momentanément suspendues, afin de laisser surgir de nouveaux rapports et de nouveaux possibles. Ces brefs instants de liberté ne sont pas aussi spontanés qu’on l’imagine. Ils se préparent et se mettent en place, parfois longtemps à l’avance et se répètent comme autant de rituels nécessaires à la réinvention de nos sociétés.

L’exposition L’envers de la fête se concentre sur les dispositifs techniques et scénographiques qui participent à la mise en place de ces rituels festifs, d’une part. Et sur des œuvres visuelles qui captent ces moments singuliers de latence, entre leur fin et leur préparation, d’autre part. L’envers de la fête porte sur les coulisses de la fête et une forme d’architecture que l’on retrouve aussi bien dans les théâtres, les discothèques et les grands festivals en plein-air. La singularité de cette architecture tient au fait qu’elle ne perpétue pas des relations de pouvoir, comme la plupart de nos bâtiments, mais fabrique des espaces de liberté. Cette architecture est discrète, d’une part parce qu’elle est éphémère, et d’autre part parce que sa vocation est de s’effacer au profit de l’événement.

Entre architecture, design, art contemporain et numérique, photographie, peinture… — à travers les œuvres de : Zora Beyeler, Karel Burssens, Simon Boudvin, Romeo Drege, Sam Chermayeff, Pieter Dossche Maud Geffray, Jack Goldstein, Julie Hascoët, Ann Veronica Janssens, Thomas Lévy-Lasne, Muoto et Georgi Stanishev, NEOCORE, Gwendoline Perrigueux, Tony Regazzoni, Rebecca Topakian, Louise Vanderlinden, Thierry Verbeke.

L’exposition L’envers de la fête – présentée jusqu’au 07 septembre au Bazaar St So à Lille, dans le cadre de la 7ème édition de lille3000 : Fiesta – propose une exploration des dimensions politiques, sociales et architecturales de la fête. L’envers de la fête est une création originale du WAAO et de ses commissaires associés Georgi Stanishev et Gilles Delalex, en co-production avec Bazaar St So.

Manifeste de l’exposition par Arnaud Idelon

« Peut-on célébrer la fête dans une époque qui n’est pas à la fête ? Dans un contexte de crises environnementales, de conflits géopolitiques et de régressions législatives sur les droits des minorités, la fête pourrait sembler futile. Pourtant, elle constitue un espace de résistance et de transformation sociale, où des communautés marginalisées trouvent refuge et autonomie. La tendance actuelle qui consiste à criminaliser la fête atteste de sa puissance subversive et de son rôle dans les alliances intersectionnelles. Elle révèle sa capacité à créer un sentiment d’existence collective et à devenir un outil de lutte, un territoire à défendre contre l’ordre dominant. La fête, espace-temps de liberté, de transgression, de célébrations d’identités plurielles, de renversements des cadres et des valeurs qui ont droit de cité sous la rationalité du jour, est pourtant une infrastructure. La fête a ses designers, ses architectes, ses travailleurs qui font battre son pouls en coulisses. Explorer l’envers de la fête consiste à sonder ce qui, en creux des danses exaltées qui rugissent de plaisir, la fabrique et à rendre ainsi visibles ses dispositifs, ses composantes matérielles, spatiales, sociales et humaines. En somme, mettre en lumière une grammaire de la fête, au-delà de l’espace-temps nocturne du club, comme figure dominante des fêtes contemporaines occidentales.

Parce que la fête se prépare en amont, dans le silence des montages et les échos des balances. Parce que l’énergie festive ne s’éteint pas à la venue du jour, mais continue dans la lumière des mondes entraperçus en son sein de clignoter longtemps en nous, bien après que se soient tues les basses. L’espace transforme la fête comme la fête transforme l’espace et influence nos gestes, nos danses, nos représentations, nos espaces vécus et nos manières de se rapporter au monde. Il nous importe alors d’en décoder son architecture éphémère – à la fois construite et spontanée – et d’observer ces moments invisibles de sa construction comme de sa déconstruction. La fête comme un monde qui surgit, puis disparaît en ayant pourtant laissé, au niveau intime et collectif, des traces indélébiles dans nos socialités ».

Informations pratiques

– Jours et horaires d’ouverture : mercredi au dimanche, de 12:00 à 19:00
– Adresse : Bazaar St So – 292 rue Camille Guérin, Lille
– Entrée gratuite
– Instagram dédié avec la vidéo des coulisses de montage et du vernissage de l’exposition : ICI

À propos du Bazaar St So

Ancienne gare de 5 000 mètres carrés réhabilitée au cœur de Lille, le Bazaar St So – ouvert en 2020 est un tiers lieu dédié à l’économie créative. Ateliers & bureaux partagés, coworking, expositions, événements et café-restaurant. À la fois espace de travail et lieu de vie, il rassemble chaque jour près de 300 résidents dans une ambiance conviviale et dynamique. Le Bazaar St So est un lieu hybride et vivant, à l’image des acteurs qui le font vivre au quotidien. Un véritable écosystème où se croisent créatifs, artisans, entrepreneurs, associations, architectes et curieux de passage. Parmi ses résidents, on retrouve notamment le WAAO – centre d’architecture et d’urbanisme –, qui contribue activement à faire du lieu, un espace de réflexion, de création et d’innovation autour des enjeux urbains et sociétaux contemporains.

À propos du WAAO

Le WAAO est une association créée en 2006 à Lille, qui œuvre à la transmission de la culture architecturale, paysagère et urbaine : expositions, conférences, ateliers, visites urbaines, outils pédagogiques… Le programme du WAAO agit comme une plateforme de valorisation, de rayonnement, de dialogue, de rencontre et de collaboration à l’échelle métropolitaine, nationale et internationale. Il est un forum pour accompagner la compréhension de l’avenir des villes et des territoires auprès de tous les publics. La transmission des sujets liés à l’architecture, au paysage et à l’urbanisme fait partie intégrante de l’éducation à la citoyenneté. Le WAAO cherche à rendre accessible à tous les codes de la ville, des territoires, leur fabrication et leur fonctionnement.