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Critérium de Quillan. Lenny Martinez, le petit prince du cyclisme français, s’est imposé sur ce 80e critérium de Quillan dans un rush solitaire et violent déclenché dans le dernier tour. La rédaction de L’Indépendant y était et vous raconte.

Lenny Martinez, au nom des siens !

Au volant d’une voiture allemande, aux quatre anneaux, autant rutilante que puissante, Lenny Martinez est l’un des derniers coureurs à se garer sur le parking VIP réservé aux concurrents de l’épreuve. Sans pression ni impatience : « c’est mon seul critérium cet été. Je ne suis qu’à trois heures de la maison, je vis en Andorre, et pour moi, c’est comme des vacances » assure le sourire aux lèvres celui qui, à 22 ans, s’est déjà imposé en 2025 notamment sur une étape du tour de Romandie, de Paris-Nice et du critérium du Dauphiné.

Lenny Martinez parie Jordan Jegat

Lenny est le petit-fils de Mariano Martinez, meilleur grimpeur du tour de France 1978, le 1er de Bernard Hinault et le fils de Miguel Martinez, champion olympique, champion du monde de VTT en 2002. Mais les deux hommes ne sont jamais parvenus à s’imposer à Quillan. Lenny pourrait-il inscrire le nom de la fratrie en ce 15 août. Le jeune homme, à la notoriété grandissante mais pas encore envahissante, en doute : « pour moi, c’est Jordan Jegat qui devrait gagner. C’est mon favori en tout cas. »

Entre autographes et selfies, celui qui a porté durant plusieurs jours le maillot blanc à pois rouges en juillet dernier sur le Tour de France, qui a franchi seul en tête le sommet du col du Tourmalet, répond à toutes les sollicitations. Une de ses supportrices, maillot de meilleur grimpeur à la main, lui dit qu’elle a rêvé que Lenny ramène la belle tunique aux Champs-Élysées. Lenny lui répond : « ça fait plaisir de donner du bonheur aux gens. Mais c’était aussi un grand plaisir sur le tour d’essayer d’aller le chercher. C’était un beau défi et je suppose que dans les prochaines années, je pourrais réussir. »

Après une semaine de repos, Lenny a repris l’entraînement en vue de la suite et la fin de sa saison qui passeront par les classiques de Québec et de Montréal avant une potentielle sélection avec l’équipe de France pour les championnats du monde au Rwanda, à Kigali, fin septembre et finir par le tour de Lombardie en Italie. D’ailleurs, c’est sur son vélo d’entraînement que le coureur français va parcourir les 75 tours (84,375 km) du critérium. Un petit coup de chiffon sur la mécanique, un coup d’œil sur son dérailleur avec un grand plateau de 54 et un petit de 34, « en Andorre, il n’y a pas beaucoup de plat » explique-t-il. Puis ajoute : « mais sur le tour, ça ne suffit pas, il faut un 56 ou un 58 dents. » Les connaisseurs apprécieront.

Course d’usure

16 h 30. Patrick Quinta, le boss du critérium, lâche les fauves. C’est Alexandre Delettre, le coéquipier de Jordan Jegat qui broie de suite les pédales et donne le ton. Ça va cogner ce vendredi 15 août dans les ruelles de Quillan. Il fait 40 °C à l’ombre et la chaleur sera donc de la partie. Du coup, à mi-course, les organisateurs supprimeront trois tours de circuit. Beau geste. Les relances sont viriles et à ce jeu, Victor Koretzky, vice-champion olympique de VTT à Paris 2024, accompagné d’Alexandre Cabrera, 41 ans, tous les deux sociétaires du vélo Sprint Narbonnais, feront quelques tours ensemble en échappée devant le peloton. Histoire de faire plaisir à Michel Blaya, leur ancien président, pas peu fier, qui immortalise la scène avec son appareil photo. Mais l’allure ne faiblit pas. Bien au contraire. À cinq tours de l’arrivée, Jordan Jegat, colle une mine sur la ligne d’arrivée. La chasse s’organise. Lenny Martinez et le peloton recolle à l’homme de tête sous la cloche.

Le sprint semble inévitable mais à l’entrée du boulevard Jean Bourrel, c’est le grimpeur de poche qui apparaît. Seul ! Celui-ci résiste au retour de Jordan Jegat, Yukiya Arashiro, Clément Champoussin et inscrit son nom sur le palmarès du plus critérium de France. « Je pensais que Jordan aller gagné mais sur la fin, j’ai de bonnes jambes. Elles devraient encore pouvoir m’amener au podium » dit-il avec le sourire d’un coureur qui avait bien caché son jeu.

À ses côtés, pas fâché du tout, Jordan Jegat en rigole aussi : « c’était mon 1er critérium à Quillan. C’était très bien. Il faisait chaud. C’était une superbe course. Il fallait toujours rester placé pour ne pas trop subir les relances. Lenny ? Il était très fort. Je finis 2e. C’est pas mal. »

A noter la 5e place et 1er amateur d’Eroan Punzano, l’enfant de Quillan, qui a 18 ans, non seulement n’a pas pris un tour dans la vue, c’était sa principale crainte mais a remporté le sprint du peloton à quelques secondes du vainqueur. À noter également que Yukiha Arashiro, 3e de l’épreuve et déjà venu 15 fois à Quillan pourrait en 2026 monter une liste pour les prochaines élections municipales. Pas sûr quand même !