Un an après la mort d’Alain Delon, un film documentaire sera projeté ce lundi soir à Montcorbon, commune associée à Douchy, le village du Loiret où a vécu et où repose l’acteur. « Delon-Douchy » donne la parole aux villageois qui ont côtoyé Alain Delon pendant plus de cinquante ans.
C’était il y a un an, le 18 août 2024, décédait Alain Delon à l’âge de 88 ans. L’immense star du cinéma repose chez lui, dans la propriété qu’il avait acquise en 1971 à Douchy, dans le Loiret, le domaine de La Brûlerie. Dans le cadre de la journée d’hommage organisée ce lundi par la commune, qui va donner le nom de l’acteur au stade municipal, un film documentaire intitulé « Delon-Douchy » sera projeté à la salle des fêtes de Montcorbon, commune associée à Douchy. Entretien avec la réalisatrice, Ghislaine Graillet, qui sera présente lors de la projection, et qui réalise des documentaires depuis 1995 (« Femmes en Bourgogne », « Retour au village d’un jeune bonze laotien », « Cuba, la mémoire libérée », etc.).
Comment est née l’idée de ce documentaire « Delon-Douchy » ?
Ghislaine GRAILLET : J’ai toujours été une grande fan d’Alain Delon ! Et puis un jour, j’ai pris connaissance de sa vie privée, et j’ai été touchée. Je souhaitais le rencontrer pour réaliser un documentaire sur cet aspect-là, j’ai essayé à plusieurs reprises : je lui ai envoyé des lettres, je me suis adressée à son agent, à son fils Anthony, et je n’y suis pas parvenue. Mais ça ne m’a pas empêchée d’avoir envie de passer par l’intermédiaire des habitants de Douchy pour justement me rapprocher différemment d’Alain Delon, avec cette idée d’aller à la rencontre non pas de l’acteur, mais de l’homme.
Vous vous êtes donc rendue plusieurs fois à Douchy…
Exactement, je suis venue une première fois en repérage, en novembre 2023. Je suis allée au cimetière, pour rencontrer des personnes âgées qui déposaient des fleurs sur les tombes de leur famille, et c’est comme cela que j’ai noué les premiers contacts avec ceux qui ont eu l’occasion de côtoyer Alain Delon dans la vie de tous les jours, ou qui ont eu l’occasion d’aller chez lui. Je suis venue également le jour de l’annonce du décès d’Alain Delon, puis quelques semaines après pour tourner les interviews des habitants qui ont bien voulu témoigner des liens tissés par Alain Delon au fil des ans avec cette commune de 1.400 habitants.
« C’est une sorte de démystification de la star : les villageois parlent d’un homme simple, agréable, gentil. »
La réalisatrice Ghislaine Graillet – DR
Que ressort-il de ces témoignages ?
Franchement, j’ai vraiment ressenti qu’il y avait un grand respect des villageois pour Alain Delon. Il a pu de temps en temps faire des gestes pour la commune. Il a fait des dons pour des nourrissons, pour les enfants du club de foot, par exemple. Mais au-delà de cela, les habitants décrivent un homme simple, agréable, gentil, abordable. Sa notoriété ne perturbait pas la vie du village, j’ai posé la question : « mais tout de même, lorsqu’il recevait du monde, il devait y avoir un passage conséquent de voitures, du va-et-vient ? », mais même pas, personne ne m’a parlé d’éventuelles nuisances. En fait, j’ai assisté à une sorte de démystification de la star. J’entends parfois qu’Alain Delon n’avait pas une bonne image, ce documentaire va contribuer à le rendre plus aimable.
Au fil de ces 45 minutes de film, on ressent même une certaine émotion ?
Oui, c’est touchant, en fait. Parmi les témoignages que j’ai recueillis, il y en a deux qui sont particulièrement émouvants. Celui de Reine Deshayes, qui était une figure locale et qui est décédée à l’été 2024, quelques semaines avant Alain Delon. Là, elle raconte comment Alain Delon a découvert le domaine de La Brûlerie, comment Mireille Darc l’a invitée à prendre le thé chez eux, comment ils se sont vus à plusieurs reprises avec une grande simplicité. Et puis il y a aussi Agnès Bourgoin, la fleuriste, qui a assisté à toutes les étapes de la vie d’Alain Delon. Elle raconte quel client il était quand il venait dans sa boutique. Et elle décrit bien l’homme, un homme comme tout le monde, finalement.
L’affiche annonçant l’événement de ce lundi soir à Montcorbon, la commune associée à Douchy
À NOTER : « Delon – Douchy » sera projeté à 18h à la salle des fêtes de Montcorbon. L’entrée coûte cinq euros pour les adultes, trois euros pour les moins de 15 ans. Les bénéfices seront reversés à l’association « Le colibri », qui accompagne les enfants pris en charge par l’aide sociale à l’enfance. Réservation obligatoire (en adressant un mail à ghislaine.graillet@orange.fr et sous réserve des places disponibles).