Un couvent né d’un vœu

En 1857, un incendie ravage l’usine à gaz de Roubaix. Son propriétaire, Henri-Philippe Desclée, fait alors un vœu : si l’explosion est évitée, il fera construire un couvent. La catastrophe est contenue, et ses fils concrétisent la promesse dans les années 1870, en installant un monastère dans le quartier populaire de l’Épeule. Les Clarisses, issues de l’ordre fondé par sainte Claire d’Assise, y mènent une vie frugale et recluse pendant plus d’un siècle.

Le bâtiment, conçu par Jean-Baptiste Bethune, maître du style néogothique, est à la fois sobre, fonctionnel et élégant. Il s’insère dans un environnement urbain en mutation, entre usines textiles, chemin de fer et habitat ouvrier. À partir de 1903, les sœurs connaissent l’exil, la spoliation, puis le retour. Elles quitteront définitivement les lieux en 2008.

Un monument discret, mais remarquable

Derrière ses murs de brique rouge, le couvent des Clarisses cache un ensemble architectural exceptionnel : cloître, chapelle, potager, buanderie, caves, greniers… Rien n’est superflu, tout est pensé pour répondre à la rigueur de la règle monastique. La chapelle, sobre et élancée, est un chef-d’œuvre d’économie de moyens, rythmé par des contreforts, une charpente en bois et des vitraux dessinés par Bethune.

À l’intérieur, les matériaux modestes (brique, sapin, ciment) sont mis en œuvre avec soin. Tout ici incarne la simplicité et la sobriété, que l’on retrouve aussi dans la vie quotidienne des sœurs : compostage, réemploi, cuisine végétarienne, silence des repas… Une forme de « zéro déchet » avant l’heure !