Certains la croyaient timide, modeste ou effacée. Parce qu’elle écoutait les autres au lieu de chercher à se mettre en avant. Parce qu’aussi, comme le dit son ancien collègue Raymond Avrillier , « elle était avant tout attentive aux personnes, aux situations et au monde dans lequel nous vivons ».

Mais Geneviève Jonot était une femme de combat, déterminée, engagée, courageuse. Et du courage, il lui en a fallu quand elle a siégé comme toute première élue écologiste de Grenoble.

Figure de l’écologie politique à son avènement, cette professeure d’anglais, née en 1932, est d’abord passée par le PSU (Parti socialiste unifié) avant de rejoindre les Amis de la Terre. Engagée dans les grandes luttes écologiques, on la retrouve en militante dans les grandes manifestations contre le nucléaire et l’installation de la centrale Superphénix de Creys-Malville.

Mais son parcours politique et écologiste a commencé après la campagne présidentielle de René Dumont [le candidat au verre d’eau, NDLR] et avec sa participation à la première vraie liste écolo “Grenoble écologie pour autogérer la cité” pour les municipales de 1977, avec deux autres figures grenobloises : Jo Briant et Jean Jonot , son mari de l’époque.

Elle est ensuite élue entre 1983 et 1989, puis en 1989, elle est tête de liste de “DESIR – démocratie, écologie, solidarité, initiative et responsabilité”.

Mais cette fois-ci, elle n’est plus la seule écologiste. « On était deux élus écologistes et c’était loin d’être facile », se souvient aujourd’hui Raymond Avrillier. « Certains élus de droite s’en prenaient à elle, parce qu’elle était une opposante certes, mais aussi parce que c’était une femme. Je me souviens de réflexions dites en pleine séance du conseil, comme : “Mais arrêtez de pleurer, Mme  Jonot”… »

En 1982, elle participe activement à la création du mouvement politique local Grenoble Écologie Autogestion (GEA), qui devient ensuite la bien connue Ades (Association pour la démocratie, l’écologie et la solidarité).

Par la suite, elle participe aux autres élections municipales et à certaines élections législatives. Elle a été sur les listes municipales de 1995 (“Liste démocratie, écologie et solidarité”), de 2001 (“Liste des écologistes et de la gauche citoyenne”), de 2008 (“Écologie et solidarité en actes”) et de 2014 (“Grenoble, une ville pour tous”).

Vincent Comparat, militant de l’Ades, dit d’elle : « Elle a toujours fait partie de notre histoire politique et militante, de l’histoire des actions pour la démocratie, l’écologie et la solidarité à Grenoble. Quand j’ai appris son décès, j’ai eu l’impression que le temps s’arrêtait un instant. C’était la fin d’années de compagnonnage et de complicité politique. »