Publié le
18 août 2025 à 18h02
En larmes, il aura clamé son innocence jusqu’au bout. Mais, ce lundi 18 août 2025, ce jeune homme à peine majeur a malgré tout été condamné par le tribunal de Rouen pour un violent vol de collier sur une retraitée, en pleine rue et en pleine journée. « Ce n’est pas moi », n’a-t-il eu de cesse de marteler.
Un vol « très violent »
Quelques jours auparavant, le 13 août, dans l’après-midi, des policiers suivent discrètement deux jeunes hommes au comportement jugé suspect, dans le quartier de la préfecture, explique le président du tribunal.
Ils les perdent de vue puis, une dame signale avoir été victime d’un violent vol de collier. « Ça a été très violent, j’ai eu l’impression d’un animal furieux », explique au tribunal la femme de 76 ans, plaquée au sol, son collier arraché au point de lui laisser une ecchymose au cou.
La description du suspect semble correspondre à Sofiane*, l’un des deux hommes pistés par les policiers. Et cela tombe bien, ils sont tous deux retrouvés peu après à un arrêt de bus, « en train d’échanger quelque chose », selon le témoignage des policiers. Ce que Sofiane va nier tout au long de la procédure.
La victime, aussi bien que les témoins qui sont intervenus, assurent que le voleur n’est autre que Sofiane. « Il avait une raie très marquée », se souvient la victime. À l’audience, face au prévenu, elle maintient que c’est lui, mais présente un léger doute. « Ça a été tellement vite… ».
Terrorisé par la prison, il clame son innocence
Sofiane, lui, est catégorique : « Vraiment, je n’ai rien fait. Si je l’avais fait, je l’aurais dit », plaide-t-il en sanglotant, assisté d’une interprète.
Il décrit son itinéraire en ville avec un copain, celui qui l’accompagnait lors de la filature des policiers. « Lui, il a un ami qui est un voleur, il était habillé comme moi, c’est juste pour ça que je suis en détention [provisoire, NDLR]. » L’idée d’y retourner le terrorise d’ailleurs :
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En prison, il y a des gens qui font vraiment peur.
Sofiane*
accusé de vol avec violences
Il reconnaît avoir déjà volé dans sa vie, « mais pas comme ça », et son casier judiciaire est d’ailleurs vierge.
De lourdes réquisitions
Malgré cela, la procureure se montre sévère. Elle pointe les témoignages qui convergent vers lui, sa présence dans le secteur… « Soit c’est pas de chance, soit il se moque totalement de nous. » Face à la « violence particulièrement lourde des faits sur une personne vulnérable », et « inquiète qu’il ne reconnaisse pas les faits », elle requiert une peine de 18 mois de prison ferme avec maintien en détention et une interdiction de territoire (Sofiane est en attente d’un titre de séjour) pendant trois ans.
L’avocate du jeune homme s’étonne de ces réquisitions. « Il n’y a plus beaucoup de principes quand on demande une peine ferme pour quelqu’un qui n’a pas de casier », argue-t-elle. Pour la pénaliste, « à la lecture du dossier, il y a vraiment des phases de doute » et « il faut se méfier des évidences ». Pour elle, les témoignages ne suffisent pas et sont sujets à caution, allant même jusqu’à citer un passage des Misérables. « Dans le dossier, rien n’atteste avec certitude qu’il a commis les faits », estime-t-elle, plaidant la relaxe de son client.
Ses arguments n’ont pas été retenus par le tribunal. Sofiane est condamné** à 12 mois de prison avec sursis et l’interdiction de détenir une arme. Déclaré coupable, il souffle déjà de ne pas retourner en prison. Il a désormais 10 jours pour faire appel.
*Le prénom a été modifié.
**Cette peine est susceptible d’appel. Tout prévenu demeure présumé innocent tant que toutes les voies de recours ne sont pas épuisées.
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