Alors que l’Espagne figure parmi les premières destinations estivales des Français, les autorités sanitaires catalanes mettent en garde contre une recrudescence de cas de rage chez les chauves-souris. Une maladie rare mais mortelle, qui impose de redoubler de vigilance.
La rage. Rien que le mot évoque des films d’horreur en VHS, des chiens hurlant à la lune et des foies expédiés en labo. Mais cette fois, ce n’est pas un film : la Catalogne vient d’émettre une alerte sérieuse. Le Département de la Santé de la région catalane a constaté une augmentation des attaques animales dites « à risque » — entendez par là, avec potentiel de transmission de maladies. En ligne de mire : les chauves-souris, discrètes habitantes des pinèdes espagnoles, désormais considérées comme les principales porteuses du virus dans la région.
Des chauves-souris pas si inoffensives
Les chiffres donnent le ton : 21 % des attaques recensées sont jugées potentiellement problématiques, notamment en cas de morsure ou de contact rapproché avec un animal contaminé. Un coup de langue sur la joue ou une griffe trop curieuse pourrait suffire à transmettre la rage — maladie rare, certes, mais quasi systématiquement mortelle sans traitement. Depuis le début de l’année, 22 incidents impliquant des chauves-souris soupçonnées porteuses de rage ont été signalés dans l’arc méditerranéen espagnol.
Il faut dire que ces mammifères volants, en quête de gîtes, s’installent volontiers là où on ne les attend pas. Faute de vieux arbres percés de cavités, ces noctambules ont élu domicile dans les fentes des murs, les combles d’immeubles ou sous les toits en tuiles des maisons de village. Un repli urbain favorisé par l’installation de nichoirs dans les parcs, les jardins et les zones littorales. Objectif : concilier conservation des espèces et cohabitation raisonnée… mais les touristes, eux, ne lisent pas forcément les pancartes.
Alors les autorités sont formelles : pas de selfies avec les chauves-souris, même blessées ou apparemment inoffensives. «Ne pas les manipuler, même si elles semblent inertes», insiste la Generalitat. Il convient plutôt de contacter les agents ruraux, chargés de les prendre en main — avec des gants, évidemment.
La marche à suivre en cas de contact à risque
Et si une mauvaise rencontre venait à survenir — morsure, griffure, léchouille douteuse — la marche à suivre est limpide : laver immédiatement la plaie à l’eau et au savon, et consulter sans délai un centre de santé.
Rappel utile : la rage terrestre n’est pas endémique en Espagne, ce qui signifie que les chiens, chats et autres furets locaux sont a priori inoffensifs. Ce sont les chauves-souris, voyageuses discrètes et imprévisibles, qui posent problème. Une colonie contaminée a été signalée récemment dans les environs de Barcelone.
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En France, les cas sont rarissimes : entre 1977 et 2003, seuls quelques cas humains ont été rapportés en Europe — et aucun en métropole d’après Santé publique France. Mais un cas en Guyane ou même un décès lié à une chauve-souris à Limoges en 2019 rappelle que la vigilance reste de mise.
Alors, faut-il annuler son road trip catalan ? Non. Mais éviter de jouer les Batman improvisés, certainement. Comme le rappellent les autorités, la vigilance reste de mise lors de tout voyage à l’étranger, surtout dans des zones où la rage circule à bas bruit. La prudence, elle, n’a jamais mordu personne.
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