« Bloquons l’Ille-et-Vilaine à partir du 10 septembre 2025 : désobéissance civile, entraide locale, boycott ». Dans le centre-ville de Rennes, l’affiche est collée sur une borne, un peu à l’écart de la sortie du métro Charles-de-Gaulle. Le mot d’ordre est accompagné d’un dessin d’hermine équipée d’une fourche. Et, surtout, d’un QR code renvoyant vers le site d’Indignons-nous, ce mouvement national spontané qui appelle à bloquer le pays à cette date.
Un mouvement né sur les réseaux sociaux aux origines floues, qui n’est pas sans rappeler celui des gilets jaunes de fin 2018. Les premières mentions d’un blocage le 10 septembre remonteraient au mois de mai, diffusées sur un compte confidentiel aux accents souverainistes. Suite à la présentation du plan d’économies du gouvernement Bayrou le 15 juillet, l’appel s’est répandu massivement sur Internet. Aujourd’hui, la plateforme Indignons-nous en est devenue la tête de proue.
On y trouve, notamment, le lien vers la boucle de discussion « Indignons-nous Ille-et-Vilaine », ouverte le 2 août sur la messagerie cryptée Telegram. À l’heure où nous mettons en ligne, elle regroupe 340 membres, utilisant pour la plupart des pseudonymes. Une avalanche de messages où se retrouvent, pêle-mêle, des communiqués officiels du groupe national, des débats sur la forme de la mobilisation à venir, des sondages… Mais aussi les comptes-rendus des assemblées générales qui ont lieu à Rennes les 3, 10 et 17 août.
Appel à un « blocage économique » en Ille-et-Vilaine
La première aurait ainsi réuni 23 personnes (18 hommes et cinq femmes), d’après le document consultable par tous. Leurs revendications ? « Refus que la crise pèse sur les populations les plus pauvres ». « Un salaire minimum net à 2000 euros ». Ou encore « opposition claire à l’austérité gouvernementale, à la hausse générale des prix et à la réforme des retraites ». Les participants notent aussi leur volonté d’être indépendants de tout parti ou syndicat, de garder leur autonomie vis-à-vis du collectif national, tout en s’inscrivant « dans la stratégie commune ».
Parmi les modes d’actions évoqués : « occupation de mairie, actions contre les banques/manif » ou encore blocage de grands axes de circulation et des ronds-points, comme aux temps des gilets jaunes. « In fine, le 10, on part plutôt sur un blocage économique », résume le compte rendu de l’AG du 17 août. Un « barbecue populaire » est également évoqué pour le samedi 6 septembre, à quelques jours de la date du blocage.
Difficultés d’organisation
Mais pas toujours simple de s’y retrouver, regrettent certains participants à la discussion. Une autre boucle concernant l’Ille-et-Vilaine existait déjà sous la forme d’une rubrique de la discussion régionale « Indignons-nous Bretagne ». D’autant qu’un troisième groupe, « AG – Bloquons tout 35 », a également été lancé, cette fois sur l’application Signal. Ce dernier aurait surtout pour vocation à organiser le mouvement. Telegram servirait plutôt au débat et au partage des infos.
Des tensions transparaissent aussi au fil des messages. Une atmosphère virant parfois aux règlements de compte, ouvertement critiquée par certains, craignant des divisions avant même le jour J. Ainsi, le premier administrateur du groupe s’est vu accuser de « mener des réunions de façon autoritaire » par un membre actif et de bannir un peu trop facilement des personnes aux opinions contraires aux siennes. Il a ensuite été remplacé par deux autres administrateurs provisoires lors d’un vote virtuel. Nous avons tenté de joindre l’un d’entre eux : « Suite à une consultation collective, nous sommes dans le regret de vous dire que nous ne pouvons donner suite à votre demande », nous a-t-on répondu.
Le mouvement naissant en Ille-et-Vilaine parviendra-t-il à dépasser ces difficultés d’organisation ? Une nouvelle AG est prévue dès ce dimanche à Rennes. Le lieu n’a pas encore été déterminé.