Deux hommes comparaissaient ce lundi 18 août devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour homicide et blessures involontaires, accusés d’être responsable de la mort d’une jeune fille de 18 ans lors d’un rodéo urbain, le 24 novembre à Bassens, dans la banlieue bordelaise. Les deux motards ont écopé de trois ans de prison dont deux ans en sursis probatoire.

La Quotidienne Société

De la vie quotidienne aux grands enjeux, recevez tous les jours les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.

France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter « La Quotidienne Société ». Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Ils étaient à bord des motos qui ont provoqué la mort d’une jeune femme de 18 ans, le 24 novembre 2024. Ce lundi 18 août, deux jeunes hommes de 20 et 24 ans devaient répondre des chefs d’accusation d’homicide involontaires et blessures involontaires devant le tribunal de Bordeaux.

Ce 24 novembre, leur deux motos entrent en collision. Brandon, l’un des deux motards, âgé de 20 ans avait à son bord sa cousine de 18 ans, Louane, qui tenait le guidon. Elle ne survivra pas à l’accident. Il a écopé de 3 ans de prison dont un an ferme et deux ans de sursis probatoire, moins que ce que demandaient les réquisitions, quatre ans dont trois fermes. Le second pilote, Simon, âgé de 24 ans, écope de la même peine, conforme aux réquisitions du parquet.

Les deux motards étaient jugés au tribunal correctionnel de Bordeaux ce 18 août.

Les deux motards étaient jugés au tribunal correctionnel de Bordeaux ce 18 août.

© France 3 Aquitaine

L’ambiance était chargée d’émotion ce lundi après-midi au tribunal correctionnel de Bordeaux. La famille de la jeune fille décédée, ses parents et son frère, est présente. Ils écoutent les prévenus décrire l’un après l’autre leurs versions des minutes qui ont précédé l’accident.

Les accusés eux, s’excusent, les yeux baissés. « Cet accident n’aurait jamais dû avoir lieu », souffle Simon. Le témoignage du plus jeune motard et cousin de la victime confirme : les parents de Louane avaient formellement interdit à celle-ci de fréquenter son cousin qui n’avait pas une bonne influence.

Pour l’avocate de la famille de Louane, Me Alicia Vitek, c’est « un sentiment mitigé » qui prévaut en entendant les peines des prévenus. Pourtant, les membres de cette famille n’étaient pas venus au procès « dans un esprit de revanche ». « Malgré tout ça reste un membre de leur famille, souligne l’avocate avant de préciser. Ces regrets, ces excuses viennent après des éléménts de minimisation de ce qu’ils ont fait qui étaient difficiles à entendre pour la famille », assure Me Vitek.

De son côté, l’avocat de la défense, Me Alexandre Février, se réjouit que la peine de Brandon, son client, soit en deça des réquisitions. « Le tribunal a eu l’intelligence d’écouter notre client, les mots, les regrets sincères qu’il a formulés. Je pense qu’il souffrira toute sa vie ».

Paradoxalement, selon lui, c’est peut-être « ce qui a donné confiance au tribunal ». « Sa peine étant réelle, il ne se retrouvera jamais plus confronté à ce type de faits. Et c’est ce qu’on attend tous », confirme son avocat.

Me Alicia Vitek, l'avocate de la famille de la victime, Louane 18 ans, décédée lors de la collision des deux motos.

Me Alicia Vitek, l’avocate de la famille de la victime, Louane 18 ans, décédée lors de la collision des deux motos.

© France 3 Aquitaine

Le drame s’est produit un peu après 18 heures, le 24 novembre 2024 sur le boulevard de l’Industrie à Bassens, près de Bordeaux. Un lieu tristement connu pour être le théâtre régulier de ces rodéos urbains. Les motards faisaient des roues arrière lorsque leurs véhicules se sont percutés. La jeune fille est tuée sur le coup. Les deux motards avaient alors été évacués en urgence absolue.

Brandon, le conducteur de la moto-cross sur laquelle se trouvait la victime, était déjà connu des services de police pour plusieurs délits routiers. Âgé de 20 ans, il conduisait ce soir-là une moto volée, sans casque, sans permis et sous l’empire de stupéfiants. Des circonstances aggravantes pour le jeune homme déjà placé en détention provisoire depuis le 25 juin dernier. L’autre pilote de 24 ans comparaissait libre sous contrôle judiciaire.

Le boulevard de l'industrie à Bassens (33) est une grande ligne droite où plusieurs accidents mortels se sont produits lors de rodéos urbains.

Le boulevard de l’industrie à Bassens (33) est une grande ligne droite où plusieurs accidents mortels se sont produits lors de rodéos urbains.

© France 3 Aquitaine

Lors du procès, les prévenus ont chacun livré leur version des faits mais avouent parfois ne plus se souvenir du choc, justifiant ces absences par le coma artificiel dans lequel ils ont été plongés suite au choc (60 et 100 jours d’ITT).

Des approximations dans leurs récits parfois contredites par l’exploitation des données des caméras de vidéosurveillance d’une entreprise sur le site de l’accident. Ainsi, Simon assure avoir conduit « prudemment », « avec son casque » et sur sa voie, la vidéosurveillance l’a filmé faisant des roues arrière et venir percuter l’autre véhicule.

C’est d’ailleurs l’exploitation de ces images de vidéosurveillance qui confirme que Louane n’était pas à l’arrière mais à l’avant de la moto et sans casque. Selon Brandon, elle aurait été mise au défi de piloter elle-même la moto. Il l’aurait dans un premier temps empêchée de mettre le contact et puis aurait finalement accepté de la laisser conduire en montant lui à l’arrière.

Quant à la voiture, achetée selon lui via le site d’annonces en ligne « Le Bon Coin » , il a déclaré à l’audience se douter qu’elle pouvait avoir été volée.

Sans jamais lever les yeux, le cousin est pris de remords. « Je suis totalement responsable. C’est moi qui ai acheté la moto. C’est moi qui suis allé chercher Louane. C’est moi qui suis monté avec elle. Je n’ai pas été prudent. Je n’aurais jamais dû accepter qu’elle monte sur cette moto sans casque », regrette-t-il.

Fébrile, au bord des larmes, il ajoute : « je me sens très mal, j’ai beaucoup de regrets. Ma place est en prison, je la mérite. Mais ce n’est pas assez pour ce que j’ai fait ».

Me Alexandre Février, l'avocat de Brandon, un des deux prévenus et cousin de la victime.

Me Alexandre Février, l’avocat de Brandon, un des deux prévenus et cousin de la victime.

© France 3 Aquitaine

Les deux motards ont écopé d’une peine de trois ans de réclusion dont deux avec sursis probatoire. Ils devront donc également respecter certaines conditions comme celle de travailler ou suivre une formation pendant les deux années de sursis et l’interdiction de passer leur permis de conduire pendant un an.

Par ailleurs, en réparation des dommages causés aux parties civiles, ils devront chacun payer 12500 euros pour les parents et 5000 euros pour le frère de la victime.

Ce lundi soir, Brandon retournera en prison mais pas son coprévenu Simon qui reste néanmoins sous contrôle judiciaire. C’est le juge d’application des peines qui devrait décider de son incarcération ou non.